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Le début de l’engagement politique de Gisele Rabesahala -2-
3 janvier, par
Les événements politiques qui se produisent à Madagascar entre 1945 à 1947 contribuent à germer l’engagement politique de Gisèle Rabesahala, une fille d’un sous-officier de l’armée coloniale française, Bernard Rabesahala. Son arrière-grand-parent est un imminent conseiller du roi Andrianamponimerina. Elle a partagé son enfance, avec ses parents et ses sœurs, en France, en Tunisie et en Mali. C’est après la mort de son père en 1940 qu’elles retournent à Madagascar. Elle poursuit ses études à l’École primaire supérieure d’Analakely où elle obtient son diplôme de brevet élémentaire. Après son brevet, elle fait des formations en sténographie et dactylographie.
Retracer l’évolution de la situation politique malgache dans cette période permet de comprendre les expériences vécues par cette jeune militante. Ces expériences, avant et après l’insurrection, expliquent sa motivation dans sa lutte contre l’ordre colonial et son orientation idéologique. Elles la font dès son jeune âge une militante très déterminée pour l’indépendance nationale, une valeur qu’elle hérite du MDRM.
Après la promulgation de la constitution de la Quatrième République instituant l’Union française, le 27 octobre 1946, le gouvernement français va procéder à la mise en place des institutions prévues par la nouvelle disposition constitutionnelle. Des élections législatives seront envisagées pour le mois de novembre. A Madagascar comme dans les autres territoires sous l’occupation française, les partis politiques se préparent pour participer aux épreuves électorales. Dans cette période pré-électorale, pour freiner le MDRM, la répression et l’intimidation s’abattent progressivement sur les militants du MDRM. Depuis le 30 septembre, le ministre des Colonies, Marius Moutet a donné au Haut commissaire de Coppet des directives à briser l’autonomisme du MDRM (1). Désormais les militants du MDRM sont surveillés et remplissent les prisons de Madagascar.
A côté de la répression visant à terroriser les membres et sympathisants du MDRM, l’administration coloniale établit son lien avec le PADESM (Parti des déshérités de Madagascar). Elle apporte son soutien au PADESM pour battre le MDRM aux prochaines élections. Les fonctionnaires reçoivent des instructions pour aider le PADESM. Les chefs de district donnent des consignes aux délégués cantonaux. Le journal officiel publie des articles du journal Voromahery. Le journal du MDRM, Mongo, dénonce cette combine. En réaction à la publication des articles du journal du PADESM sur le journal officiel, Mongo écrit : « Pourquoi l’article de Raveloson déjà paru sur le journal Voromahery apparait soudainement sur le journal officiel ? C’est parce qu’on veut inculquer aux Malgaches les idées du PADESM et sa haine aux députés Raseta et Ravoahangy. Le journal officiel n’appartient pas à Raveloson et au PADESM… La date des élections s’approche et on soutient les opposants à Raseta et à Ravoahangy… Compte tenu de ce qui se passe actuellement, on a une certitude que l’Etat va soutenir le PADESM et le Voromahery » (2).
Les élections législatives s’approchent. Les états-majors politiques se préparent à participer à cette course électorale dans une atmosphère un peu tendue. Cette fois, le nombre des députés à élire passe à trois, donc Madagascar est divisé en trois circonscriptions électorales, le centre, la côte Est et enfin la côte ouest. Le MDRM, le parti à abattre, prépare ses dispositifs pour sa participation à cette première législative de la Quatrième République. Les responsables du parti multiplient leurs déplacements et leurs rencontres avec la population. Le parti présente trois candidats pour les trois circonscriptions électorales établies par l’administration, Jacques Rabemananjara pour la côte Est, Ravoahangy pour le centre et Raseta pour la côte Ouest.
A la veille de ces élections, la situation devient de plus en plus tendue. Si jusque-là, les dirigeants du MDRM se marquent par leurs discours modérés, à la veille de cette législative, le ton monte et se radicalise dans le camp extrémiste du parti. La campagne électorale de Raseta est marquée par cette radicalisation. Il menace de représailles et d’épuration administrative ses adversaires, une fois l’indépendance obtenue (3).
C’est dans une ambiance politique en pleine ébullition en 1946 que la jeune Gisèle Rabesahala s’embarque pour la première fois dans la politique. A la veille des élections du 2 juin pour élire les députés à la deuxième Assemblée constituante, Arsène Ratsifehera, son beau frère et Maurice Rakotobe, membres du parti indépendantiste MDRM expliquent à Gisèle Rabesahala le MDRM, son origine, ses objectifs, son fonctionnement, sa préparation à la prochaine législative. La jeune fille se sent être intéressée à la discussion qui lui apprend beaucoup sur la politique, la lutte nationaliste, l’indépendance. Désormais, elle commence à se ressentir son intérêt à la politique.
Ils reviennent chez Gisèle pour demander si elle pourra les aider dans la transcription de discours des candidats du MDRM. Elle l’accepte et devient la secrétaire du MDRM. Désormais elle doit assister à des meetings et conférences du parti. Gisèle, une novice dans la politique vient de s’y engager et devient témoin de différents événements chauds. Sa fréquentation de ces vieux routiers de la lutte nationaliste et leurs discours lui inculquent le sens du patriotisme. Dans son ouvrage auto bibliographique, elle précise son admiration particulière aux discours de Jacques Rabemananjara : « Jacques Rabemananjara m’a beaucoup impressionnée par ses discours très poétiques et imagés. Il expliquait de manière très convaincante le long chemin que nous avions à parcourir pour atteindre l’indépendance… je pense que ses discours ont beaucoup contribué à mon éducation politique… » (4).
Sa fonction de secrétaire lui permet de se connecter avec les situations difficiles vécues par les militants du parti dans les différents coins de l’île à cause de la répression : « la répression contre le MDRM faisait rage. Arrestations arbitraires et acte de violence contre les militants se multipliaient. C’est ainsi que les camarades Arsène Ratsifehera et Remi Rakotobe me parlèrent des incidents qui avaient éclaté à Andorangavola… » (5). Donc elle prend connaissance des conditions affrontées par les membres du MDRM à cette période de la veille des élections législatives.
A son âge encore d’adolescence, elle se rend déjà compte de la souffrance vécue par les Malgaches et surtout ceux qui luttent en faveur de la libération nationale. Décidée de s’engager davantage dans la politique, cette jeune militante, pour se doter plus de savoir en politique, vient fréquenter avec Maurice Rakotobe et Arsène Ratsifehera le Groupe d’études communiste (GEC) (6). Son engagement au sein de cette organisation contribue à sa formation idéologique marxisante.
Arsène Ratsifehera et Maurice Rakotobe deviennent les mentors politiques de Gisèle Rabesahala. Tout au long de son chemin politique, les deux sont toujours à ses côtés et demeurent des personnages clés dans son entourage. Comme les anciens dirigeants nationalistes de VVS, Arsène Ratsifehera et Maurice Rakotobe sont issus des castes privilégiées dans la monarchie merina. Prenons le cas de Ratsifehera, son arrière-grand-père, Rainizafimanga (1842–1912) était du clan Tsimiamboholahy de par son père et Tsimahafotsy de par sa mère, deux clans Hova très dominants. Il occupait des postes importants dans le cabinet du Premier ministre Rainilaiarivony, adjoint conservateur du patrimoine du Royaume et responsable des Affaires étrangères. A l’arrivée des Français, il fut arrêté avec son fils, le docteur Rajaofera, le grand-père d’Arsène Ratsifehera.
(à suivre)
Georges Radebason
(1) Jaques Tronchon, L’insurrection malgache de 1947, Efa, Fianarantsoa, 1982, p.32.
(2) Mongo n° 26 du 2 octobre 1964.
(3) Pennetier, Raseta Joseph, en [ligne] https://maitron.fr/spip.php/article202774, consultée le 5 avril 2021.
(4) Gisèle Rabesahala, op. cit. p.40
(5) Ibid. p. 41
(6) La fin de la Deuxième Guerre mondiale donne à l’URSS une image glorieuse. L’audience des partis communistes est en croissance. Le Parti communiste français connaît une forte popularité. Des espaces de réflexion se revendiquant du communisme se constituent en France et dans ses colonies en Afrique noire depuis 1946 dont le plus important est le Groupe d’études communiste (GEC), lié au PCF. Comme dans les colonies, le GEC se met en place à Madagascar depuis 1946 par des Français progressistes tels que Pierre Boiteau, Lombardo. Ces derniers recrutent des cadres autochtones : professeurs, instituteurs, médecins. Parmi les premiers Malgaches membre de cet organisme, il y a Philibert Tsiranana, Ramambason, Gilbert Ratsitohara, Randriamasy, devenus fondateurs du PADESM. Le GEC organise des séances de formation sur l’idéologie communiste. Cf Ny Feon’i Madagasikara, n° 690 du 6 octobre 1972.
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