Madagascar

L’avenir de la jeunesse en question

27 août 2008, par Bernard Yves

A quelques semaines de la rentrée scolaire 2008-2009, les feux de l’actualité se sont braqués sur la récente déclaration de la Conférence des Evêques de Madagascar, qui exprime ses critiques sur les « réformes » de l’enseignement à Madagascar, qui seront appliquées à la rentrée dans vingt circonscriptions scolaires, « à titre d’essai », semble-t-il.
Pour résumer, ces réformes visent à :

- allonger à sept ans le premier cycle de l’école primaire, autrefois fixé à cinq ans, pour l’obtention du Certificat d’Etudes Primaires (CEPE)

- instaurer le malgache comme langue d’enseignement dans le Primaire.

Les Evêques Catholiques expriment leur inquiétude sur les prétendus résultats positifs annoncés par le pouvoir pour justifier ces changements car, disent-ils, les obstacles sont nombreux, en particulier la pauvreté qui sévit, et le poids de l’habitude, qui expliquent les réticences des parents quant à l’allongement du cycle primaire. Pour ce qui concerne la langue d’enseignement, les Evêques soulignent qu’il faudrait d’abord promouvoir le malgache commun avant d’en imposer l’usage, et, en outre, la Constitution a inscrit le français comme une des langues officielles du pays, d’autant que dans l’administration, c’est le français qui est généralement utilisé.
En conclusion, les Evêques déclarent qu’ils continueront à appliquer le programme actuel ; On attend les réactions du pouvoir à cette déclaration des Evêques car, il y a quelques jours, un groupe de partis d’opposants se proposait de tenir une conférence publique au cours de laquelle aurait été abordée cette « réforme » de l’enseignement. La conférence fut interdite, et le Président Ravalomanana, s’adressant aux journalistes, prenait à partie l’opposition qui, dit-il, « aurait du attendre les résultats de la réforme avant de la critiquer ».

Quoi qu’il en soit, l’enseignement est inscrit en priorité dans les préoccupations dans tous les foyers et dans tous les milieux, car il est étroitement lié à l’insertion future des jeunes dans le monde du travail. A ce propos, il n’y a qu’à jeter un œil sur l’affluence des candidats qui viennent par centaines participer aux différents concours administratifs pour le recrutement de quelques dizaines de fonctionnaires (justice, police, douanes etc...). Il faut également scruter les chiffres “officiels” qui évoquent la situation alarmante des jeunes au regard du travail :

- Les jeunes, âgés de 15 à 25 ans, représentent plus de la moitié des chômeurs.

- Le sous-emploi est amplement développé dans le milieu rural qui reste le premier bassin d’emplois dans le pays, en 2006, seulement 350 jeunes sur 100.000 habitants fréquentaient les établissements de formation professionnelle et technique etc, etc...

Des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent aujourd’hui pour exiger la tenue de rencontres au niveau national afin que soit étudié dans toutes ses dimensions l’état de l’enseignement à Madagascar. Des mesures drastiques s’imposent en effet pour que dès son entrée sur les bancs de l’école, la jeunesse malgache soit assurée, qu’un avenir meilleur l’attende à l’issue de ses études, car elle aura en main les atouts qui feront des jeunes des citoyens vivant dans la dignité par le travail

B.Y.


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