Le début de l’engagement politique de Gisele Rabesahala -11-

La « marxisation » de l’équipe du Comité de solidarité de Madagascar

14 janvier, par Georges Radebason

Le Comité de solidarité de Madagascar, soutenu par le Parti communiste français (PCF), lutte pour la libération des prisonniers politiques à Madagascar. Le PCF profite de ce partenariat pour promouvoir le marxisme-léninisme dans un contexte culturel peu réceptif. Formé en Tchécoslovaquie, Rémi Rakotobe revient en 1955 pour renforcer la propagande communiste avec ses camarades en lançant le journal Imongo Vaovao.

Durant son long combat pour la libération de condamnés politiques, le COSOMA (Comité de solidarité de Madagascar) est parrainé par le Parti communiste français, ce qui explique son profond engagement dans cette affaire.
En dehors de sa contribution dans la lutte contre l’injustice, l’implication du PCF à côté du COSOMA est motivée par un objectif purement politique. Les émissaires du PCF à Madagascar, Pierre Boiteau, Raymond Lombardo, Elie Migot prennent conscience du problème de l’implantation de l’idéologie marxiste à Madagascar. Pour des raisons culturelles et à cause de sa condition géographique insulaire, la Grande Ile échappe à l’influence directe de l’Union soviétique. Dans un pays où la population est majoritairement croyante, chrétienne ou adepte de la religion traditionnelle et face à l’anticommunisme véhiculé par les églises chrétiennes surtout l’Église catholique, persuader les Malgaches d’adhérer à une doctrine matérialiste n’est pas une entreprise facile. Introduit à Madagascar depuis les années 1920, le communisme rencontre un terrain qui ne facilite pas son implantation, donc il y avance à visage masqué. Le PCF, adopte une tactique de dissimulation du marxisme derrière le nationalisme (1). Le PCF trouve en cette équipe de jeunes militants acquis à la cause nationaliste regroupés au sein du COSOMA un relais pour l’implantation du marxisme-léninisme à Madagascar.
Le PCF assure une formation idéologique très poussée à cette équipe de jeunes. En 1950, Rémi Rakotobe, un des membres fondateurs du COSOMA, par l’intermédiaire du PCF, est allé en Tchécoslovaquie pour suivre ses études supérieures en sciences économiques grâce à une bourse obtenue par l’Union internationale des étudiants (UIE) (2). Il est donc le premier Malgache à étudier dans un pays socialiste. L’UIE est une fédération de mouvements étudiants créée à Prague le 17 novembre 1945 et placée sous la direction de l’organe de propagande de l’Union soviétique. Elle est créée pour permettre à l’URSS de contrôler l’ensemble des mouvements de jeunesse mondiaux. Elle est un des organes de propagande soviétique en Occident. L’UIE est aussi un instrument pour l’URSS à établir des relations avec la jeunesse africaine et latino-américaine.
Les formations obtenues par Rémi Rakotobe en Tchécoslovaquie lui permettent de maîtriser l’économie politique, les principes du marxisme, la lutte de classe, des thématiques capitales et nécessaires pour la propagande du communisme. Titulaire du diplôme de maîtrise, il retourne à Madagascar en 1955 et s’engage avec ses amis dans les activités politiques. Cette même année, l’équipe de ces jeunes militants devenus communisants décident de prendre en main la presse communisante en créant le journal Imongo Vaovao.

(Fin)

Georges Radebason

(1) A. Spancesky, « Regard sur l’évolution politique malgache, 1945-1966 », in Revue française de science politique, n°4, 1967, p.670
(2) Gisèle Rabesahala, Que vienne la liberté, p.21

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