Crise à Madagascar

La répression s’amplifie et se radicalise

9 mars 2009

Cette dernière semaine, trois nouveaux émissaires du Secrétaire Général de l’ONU et de l’Union Africaine, sont arrivés à Madagascar, pour prêter main-forte aux dirigeants de la Confédération des Eglises Chrétiennes (FFKM), qui continuent, sans grand succès, de diriger les rencontres entre les représentants de Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana.

Sur le terrain, la situation a empiré, dans les Provinces où les manifestations des adversaires de Marc Ravalomanana se poursuivent. À Tuléar, près de 20.000 personnes ont assisté au meeting conduit par le Professeur Zafy Albert. À Ambositra, les manifestants ont réussi à imposer une journée morte, bloquant par d’imposants barrages la route nationale numéro 7 menant à Fianaratsoa, le fonctionnement de l’administration, y compris les écoles, le chef de Région, le Député et le Sénateur du lieu ont quitté précipitamment la ville. Ils ont affirmé par la suite que la « ville d’Ambositra était calme », or, Ravalomanana a du y dépêcher les forces de l’ordre, qui se sont à nouveau distinguées en — usant de leurs armes contre les manifestants. Sur les lieux, deux morts ont été relevés chez les manifestants, qui viennent allonger la liste déjà longue des victimes des brutalités.

Deux morts ont été relevés chez les manifestants

À Antananarivo, le mercredi 4 mars, ces mêmes éléments ont investi les alentours de la Place du 13 Mai, pour empêcher le rassemblement prévu par Andry Rajoelina ; les journalistes ont filmé la présence, parmi ces forces, d’étrangers donnant des ordres aux militaires. S’agit-il de mercenaires (forces de sécurité payés par Ravalomanana), ou d’éléments militaires envoyés par la SADC ? La matinée de ce mercredi a été marquée par des affrontements entre la population des quartiers et les forces de l’ordre, qui n’ont pas lésiné sur l’utilisation de gaz lacrymogène et de tirs de balles en caoutchouc. Un étudiant a été mortellement blessé à Ankatso.

Le jeudi 5 mars à Antananarivo, les affrontements se sont poursuivis, l’armée étant toujours présente pour empêcher la tenue du meeting de Andry Rajoelina, ils ont utilisé pour « disperser » les manifestants des moyens musclés, pénétrant de force dans les petits hôtels alentour, arrêtant les passants mal vêtus ou portant des sandales. Une dizaine de personnes ont ainsi été arrêtées, après avoir été tabassées à coups de crosse de fusils.
Sous les yeux des observateurs internationaux

Par ailleurs, une déclaration du Président du Groupement des Entreprises de Madagascar (GEM) a soulevé l’indignation dans les milieux syndicaux. En effet, le Président du GEM appelle tous les patrons à empêcher la participation de leurs employés aux manifestations populaires organisées par Andry Rajoelina, leur conseillant même de faire appel à l’armée en cas de besoin, et de licencier le personnel qui s’absenterait pour assister aux meetings sur la place du 13 Mai ! La centrale syndicale FISEMARE dénonce la menace de menées ultras qui se profilent à travers cette déclaration.

Tous ces évènements se sont déroulés sous les yeux des observateurs internationaux qui devraient se sentir interpellés par la multiplication des actes de violences, les atteintes aux libertés, de manifestation, d’expression dénoncées par les journalistes dont les radios « mal-pensantes » sont brouillées par les techniciens de l’audio-visuel de l’armée.

B.Y.


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