Madagascar : ouverture de la campagne référendaire

La SADC dans l’expectative

13 octobre 2010

C’est le samedi 3 octobre que s’est ouverte la campagne pour le referendum du 17 novembre prochain, au cours duquel les électeurs auront à se prononcer par oui ou non sur le projet de Constitution de la 4ème République. Ce projet issu des multiples rencontres nationales a été élaboré par un Conseil constitutionnel consultatif (C.C.C.) avant d’être adopté en Conseil des ministres.

Des changements positifs sont à relever dans ce projet qui comprend 168 articles, et les plus importants qui méritent d’être soulignés sont :

- le maintien du statut unitaire, républicain et laïc de l’État

- le rejet formel de l’impunité, les chefs d’institutions et dirigeants étatiques à tous les niveaux étant passibles de poursuites devant une Haute Cour de Justice,

- la décentralisation effective stipulant que les faritany, les régions et les communes seront dotés des moyens humains et financiers adéquats pour assurer un développement équilibré de l’ensemble du pays,

- la mise en place de balises visant à empêcher les abus de pouvoirs du président de la République,

- l’équilibre entre les pouvoirs exécutif et législatif,

- l’indépendance de la justice, qui sera soumise au contrôle d’une structure adéquate,

- le respect des droits humains fondamentaux et des libertés démocratiques (associations, syndicats, partis, presse et communication, égalité de genres, droits des enfants…),

- l’interdiction de brader les richesses nationales à l’étranger au détriment des intérêts nationaux (terrains, ressources naturelles…),

- l’acceptation de l’existence de l’opposition qui sera dotée d’un statut spécifique ouvrant les perspectives d’une alternance apaisée et démocratique.

Les partisans du “non” encore absents du débat

Un comité pour le “oui” à ce projet de Constitution a ainsi ouvert la campagne au Stade municipal de Mahamasina, en présence d’une foule importante. De nombreux partis rassemblés ou non dans ce comité soutiennent cette démarche.
Pour le moment, les partisans du “non” se cantonnent dans leur position : tenir une rencontre préalable entre les dirigeants des partis politiques, selon eux, directement concernés par la crise (Andry Rajoelina, Didier Ratsiraka, Marc Ravalomanana).

Par ailleurs, une délégation de la Communauté économique des pays de l’Afrique australe (SADC), conduite par l’ancien ministre mozambicain des Affaires étrangères, le Dr Simao, mandaté par le Président Chissano, atterrissait la veille de l’ouverture de la campagne. Répondant aux journalistes, cet émissaire de la SADC devait préciser qu’il n’était qu’un observateur chargé de suivre l’évolution de la sortie de crise préconisée par les Malgaches. L’amiral Ratsiraka, toujours en exil volontaire à Paris, s’est adressé au peuple malgache sur une chaine de télévision privée pour exprimer sa crainte d’un éventuel conflit tribal, et demander le report de ce referendum. Il soulignait par ailleurs qu’il formulerait « trois propositions pour une issue à la crise » dès son retour au pays.

Les porte-parole des ex-Présidents Zafy et Ravalomanana ont déclaré pour leur part qu’ils empêcheront la tenue de ce referendum, sans préciser les moyens qu’ils utiliseraient pour ce faire.
Ils ont ajouté qu’ils souhaitaient que ces pourparlers et rencontres entre les trois mouvances se déroulent sous la houlette de la SADC et de sa représentation locale, la CNOSC, regroupement d’associations de la société contesté par le plus grand nombre pour sa partialité.

Une semaine après l’ouverture de la campagne électorale, une seule association politique (récemment créée) se prononce officiellement pour le “non”.

Mais les observateurs notent que les évènements de ces derniers jours coïncident avec le déclenchement de grèves dans la magistrature sur certaines lignes de transport urbain, dans les milieux universitaires, notamment à l’Université d’Antananarivo où les enseignants-chercheurs exigent l’augmentation de leurs indemnités.

Les 10 et 11 octobre devaient officiellement être installées les institutions législatives provisoires de la Transition (Conseil Supérieur de la Transition et Congrès de la Transition), en application des décisions de la Conférence nationale de septembre dernier, qui a validé l’accord politique signé par plus de deux cents partis politiques qui seront représentés au sein de ces institutions provisoires.

L’opinion souhaite que la mise en place de ces institutions aboutisse à un apaisement qui favorisera la tenue dans les meilleures conditions du referendum du 17 novembre pour la mise en place de la quatrième République.

B. Y.

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