Début de solution pour la SIRAMA

La société chinoise Complant prend deux sites sucriers en gérance

15 juin 2007

Le Gouvernement malgache semble avoir trouvé une issue aux besoins de restructuration de la société d’Etat SIRAMA, l’un des complexes malgaches détenant quatre sites sucriers de la Grande Ile, en cédant ceux d’Ambilobe et de Namakia à la société chinoise Complant. Mais cette cession à un privé étranger ne règle pas la question sociale.

Lors du Conseil de gouvernement du 4 juin, le Gouvernement a résilié le contrat de location-gérance des sites de la SIRAMA d’Ambilobe et de Namakia signé avec la société StarAfrica, en principe pour 20 ans. Mais ce projet de location-gérance a connu plusieurs rebondissements, depuis les appels d’offres lancés le 27 octobre 2006 et la signature du contrat, le 15 novembre suivant, jusqu’à la récente dénonciation de cette signature, le 4 juin dernier.
Selon la Mission économique française à Antananarivo, le choix de StarAfrica aurait été orienté par le fait que cette société était la seule à pouvoir payer une avance de 2 ans sur la durée du contrat - avance qui devait servir à payer les arriérés de salaires des employés de la SIRAMA à la veille des élections présidentielles. L’accord prévoyait en effet que l’avance devait être réglée au 1er décembre 2006.
Dans les faits, la structure financière de Star Africa - filiale de la raffinerie ZSR, également implantée au Zimbabwe et en Namibie - ne lui aurait pas permis de gérer les sites de la SIRAMA.

Entre décembre 2006 et février 2007, la direction de la SIRAMA, pourtant alertée par le non-versement de l’avance, n’a fait aucune communication, suscitant la consternation de l’Union européenne et de la Banque mondiale.
En effet, les financements de l’UE représentent 8,4 millions d’euros sur quatre ans à compter de 2007, mais ils sont conditionnés à une certaine transparence dans la gestion de la reprise. L’enveloppe “bonne gouvernance” du FED pourrait également y être conditionnée.
C’est la raison pour laquelle les représentants de l’Union européenne et de la Mission économique se sont étonnés de la lenteur des décisions - au vu des besoins de redressement des sites concernés par les appels d’offres - et plus étonnés encore de ce que le PDG de la SIRAMA ne leur ait pas accordé de rendez-vous.
Bien que société d’Etat, la SIRAMA a une structure privée et n’est pas tenue de rendre des comptes à l’Etat malgache. Elle a poussé son indépendance jusqu’à refuser l’audience que lui a demandée, en avril 2007, le Comité interministériel - constitué pour piloter la restructuration de la filière sucre.
C’est aussi en avril que s’est tenue une “réunion de crise” entre le ministère de l’Economie, le comité interministériel, les représentants de l’UE et divers bailleurs de fonds - dont la Banque mondiale.
C’est dans ce contexte que le Gouvernement malgache s’est retourné vers le groupe placé en 2e position dans l’adjudication, la société chinoise Complant, qui détient déjà le contrat de location-gérance de la SIRANALA, à Morondava.
Le gouvernement malgache se serait engagé à « assainir au plus vite la situation de la SIRAMA », mais n’a pas fait connaître son plan.
Les principales données du problème sont un problème foncier, pour lequel la société a besoin d’investissements, et un problème social, posé par une dette qui a été la cause de l’avortement du premier contrat.
Une société française - Tom Sude Maintex - connue pour avoir mené à bien un contrat d’assistance technique dans le cadre de la restructuration de trois autres sites de la SIRAMA, compte parmi les partenaires potentiels, de même que des industriels mauriciens, qui seraient partants pour créer quelques-uns des nouveaux sites sucriers prônés par la stratégie nationale de développement de la filière.
La société chinoise vers laquelle s’est tourné le gouvernement malgache est implantée dans la Grande Ile depuis une trentaine d’année. Elle a réalisé la RN2 entre Moramanga et Toamasina (Tamatave), le laboratoire pharmaceutique Ofafa, le Palais des Sports et de la Culture de Mahamasina et a repris la société SIRANALA.
Selon la presse malgache, le montant du loyer fixe annuel est de 3,5 millions de dollars pour les deux établissements et un loyer variable, de 2 à 5 % du chiffre d’affaires annuel, s’y ajoute.
Le montant total des investissements chinois serait de 54 millions de dollars. Le gouvernement malgache, pour sa part, aurait annoncé prendre à sa charge les arriérés de salaire des 1600 employés des deux sites, payés sur l’équivalent de deux années de loyer versé par avance par le repreneur chinois.

La presse malgache a salué cette reprise comme un élément sérieux pour la relance de l’industrie sucrière de Madagascar. Les sites d’Ambilobe et de Namakia sont les deux plus importants de la SIRAMA, avec une capacité de production respectivement de 70.000 tonnes et de 23.000 tonnes de sucre.
Le PDG de la société Complant, Tang Jianguo, a prévu de reprendre la production dès l’année prochaine, après rénovation d’une partie de l’appareil de production.

La Sirama regroupe quatre sites d’une capacité de production annuelle de 119.000 tonnes de sucre, 100.000 hl d’alcool pur et 400 tonnes de levure.
Il reste à trouver une solution pour les sites de Dzamanjar (Nosy Be) et Maromamy, à Brickaville.
« Des problèmes de gestion ont entraîné les difficultés de cette société. Ne pouvant ni investir, ni entretenir les plantations, la production n’a cessé de chuter depuis 1998. Ces dernières années, la Sirama a produit moins de 20.000 tonnes de sucre par an. Les usines ne produisent que 18,75% de leur capacité », relève la presse malgache.

P. David


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