La surexploitation menace la pêche

18 juillet 2006

Questions à... Mamy Andriantsoa, Directeur de la Pêche et des ressources halieutiques au ministère de l’Agriculture.

Que représente la pêche traditionnelle ?

- La pêche traditionnelle est définie sur le plan réglementaire comme étant une pratique à petite échelle. Car elle se réalise surtout à pied ou bien à l’aide d’embarcation non motorisée. Elle représente près de 100.000 emplois. En 2004, la production halieutique nationale est estimée à 140.000 tonnes, dont la majeure partie, soit 73%, provient de cette forme de pêche.

Qu’est-ce qui a motivé la tenue de l’atelier sur la gestion de la pêche à petite échelle ?

- La situation du volet crevette a servi de déclencheur. À l’issue de l’atelier sur l’aménagement de la pêcherie crevettière malgache, en octobre 2005, les différents acteurs de la filière ont insisté sur le fait qu’une bonne gestion nécessite un encadrement de l’aspect traditionnel de l’activité. L’enregistrement des embarcations, des pêcheurs, ainsi que les principaux types d’engins de pêche constitue une étape incontournable pour la maîtrise de la filière, aujourd’hui menacée de surexploitation.

Que représente l’aspect traditionnel ?

- Annuellement, nous produisons en moyenne 10.000 tonnes pour les trois catégories. La pêche industrielle représente la grande majorité avec près de 8 500 tonnes, l’artisanale donne environ 500 tonnes et le reste est fourni par la pêche traditionnelle. Cette production ne tient pas encore en compte de celle de l’aquaculture, tout aussi importante. D’une manière générale, la consommation locale absorbe les produits de la pêche traditionnelle. Cette catégorie constitue le premier fournisseur du marché malgache.

Quelle est la place de la pêche crevettière sur le plan économique à Madagascar ?

- Depuis 1970, la pêche crevettière fait partie des principales pourvoyeuses de devises à Madagascar, concurremment avec les produits de rente comme la vanille, le café et le girofle. Si ceux-là ont connu leur intérêt péricliter au fil des ans, l’importance de la pêche crevettière demeure la même.

Comment se comporte le produit malgache sur le marché mondial ?

- Depuis toujours, les crevettes malgaches sont considérées comme des produits de qualité. Si celles des autres sont vendues à trois ou quatre dollars le kilo, les nôtres trouvent preneurs à six ou sept dollars sur le même marché. Nous exportons principalement en Europe et au Japon.

Madagascar fournit de moins en moins de crevettes. Où en est la situation actuellement ?

- Une baisse de la production de crevettes n’est jamais le fruit d’un seul paramètre. Une bonne dizaine de raisons peuvent expliquer la situation. Des paramètres biologique, climatologique, scientifique et même technique entrent en jeu. Parmi les causes de cette baisse de production figure l’augmentation considérable du nombre des pêcheurs traditionnels. D’une manière générale, c’est l’effort de pêche dans son ensemble qui subit un accroissement. Notons que, aussi paradoxal que cela puisse paraître, les cyclones favorisent la croissance des crevettes. Les eaux de ruissellement apportent des sédiments et de la nourriture dans les embouchures, là où ces crustacés se développent.

Dans son ensemble, comment se porte la filière crevettière ?

- La filière se porte plutôt bien, malgré tout. Il n’y a aucune appréhension quant à l’avenir de la pêche crevettière à Madagascar. La tenue d’un atelier sur l’aménagement de la pêche, tous les deux ans, a pour vocation de se préparer sur les évolutions du marché et de la filière en général. Il s’agit d’adopter des mesures d’anticipation qui pallieront toutes les dérives et de recadrer les actions par rapport au contexte. Avec une bonne gestion et une responsabilisation efficace au niveau de l’exploitation, cette filière peut être une source pérenne de devises pour le pays.

Doda Andrianantenaina


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