La transition fait du “sur place” en attendant la rencontre d’Addis Abeba

7 novembre 2009

Le 6 octobre dernier, les représentants de la Communauté internationale, appuyés par les diplomates représentant les pays en poste à Antananarivo, après une rencontre (à l’hôtel Carlton d’Antananarivo) avec les porte-parole des mouvances impliquées dans la “crise” malgache, publiaient un communiqué confirmant les décisions adoptées à Maputo (Mozambique) le 9 août 2009. À l’issue de cette réunion dite de « la dernière chance », les participants décidèrent la nomination comme Premier ministre de la Transition du Professeur d’Université Mangalaza Eugène Régis, présenté comme le Premier ministre de consensus, et la tenue d’une ultime rencontre des quatre chefs de file des “mouvances” dans un lieu et à une date à préciser ultérieurement.

Cette décision, qui aurait dû mettre un terme à la polémique, ne fit pourtant qu’ajouter à la confusion qui a marqué l’environnement politique malgache depuis la signature de la Charte de la Transition de Maputo de plus en plus contestée par l’opinion. En effet, les observateurs ont relevé parmi les évènements qui se sont succédé depuis cette nomination du Premier ministre Mangalaza :

• l’ingérence de plus en plus manifeste de la Communauté internationale, oublieuse des convenances diplomatiques, qui a délégué une forte délégation d’ambassadeurs (de France, des États-Unis, du représentant permanent de l’ONU, du groupe international de contact…) venus “accueillir” à l’aéroport d’Ivato le Premier ministre nouvellement nommé, qui rentrait de France.

• le refus du Premier ministre Monja Roindefo de démissionner de son poste. En effet, Monja Roindefo a déposé plainte auprès du Conseil d’État pour contester la nomination du Premier ministre Mangalaza, qu’il estime illégale. Selon lui, cette nomination n’a pas encore obtenu l’aval des chefs de file des quatre mouvances politiques, signataires de la Charte de Maputo, et Andry Rajoelina n’aurait pas dû signer le décret en tant que Président de la Transition, mais seulement comme Président de la Haute Autorité.

• la décision du Conseil d’État qui s’est déclaré incompétent, et a donc refusé de statuer sur la plainte de Monja Roindefo.

• la déclaration de Marc Ravalomanana contestant la tenue de cette rencontre à Genève (lieu proposé par le GIC), lui préférant une capitale africaine.

• la décision de la Communauté internationale transférant le lieu de la rencontre à Addis-Abeba.

• le départ en France du Premier ministre Mangalaza, qui a déclaré dernièrement qu’il ne rejoindra son poste que lorsque les quatre chefs de file des mouvances auront signé le communiqué final du 6 octobre au Carlton.

• la prise de position publique des membres du Gouvernement Monja Roindefo le désavouant dans laquelle ils déclarent « qu’ils ne suivront plus ses ordres ».

• les deux décrets désignant comme Premier ministre intérimaire Mme Cécile Manorohanta (auparavant ministre de la Défense de Marc Ravalomanana).

Les derniers jours du mois d’octobre, nul ne savait si l’ultime rencontre d’Addis-Abeba aura lieu, et dans ce cas, aura-t-elle les chances d’aboutir à la mise en place des structures de la transition, prévues dans la Charte de Maputo ?
Bon nombre d’observateurs ironisent sur le cas particulier présenté par la Grande Île, dotée actuellement de quatre Premiers ministres, d’un collège de quatre Présidents auquel s’ajoute le négociateur attitré de la Communauté internationale, en la personne de l’ex-président du Mozambique Joachim Chissano.
Dans ces conditions, il ne faut guère s’étonner si la machine étatique tourne au ralenti, et si les milieux d’affaires s’interrogent sur l’avenir du développement économique de Madagascar, déjà fortement éprouvé par la crise internationale et la crise politique qui sévit depuis neuf mois maintenant.

B.Y.


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