Economie

Les bailleurs de fonds insistent sur le respect de l’égalité des chances des candidats

30 octobre 2006, par Bernard Yves

Rencontre plutôt tendue, ce 13 octobre entre le Ministre de l’Intérieur, et ses collaborateurs d’une part, et les représentants des bailleurs de fonds d’autre part. Ces derniers, la France, l’Allemagne, l’Union européenne, qui ont apporté leur contribution financière et matérielle, pour la tenue d’un scrutin "libre" et "démocratique", le 3 décembre prochain, ont souligné qu’ils souhaitaient,
• le libre accès des partis d’opposition aux médias officiels (TVM et RNM)
• la liberté des réunions publiques de l’opposition
• le libre accès des opposants à la liste électorale nationale informatisée de Madagascar
• la mise en place d’un Site Web ouvert à tous, sur l’élection présidentielle.
Cette attitude des "bailleurs de fonds" étrangers n’est pas pour étonner face à l’évolution récente de la situation qui entoure la préparation de l’élection présidentielle.
Rappelons que sur les dossiers de candidature déposés à la Haute Cour Constitutionnelle par dix-huit postulants à la magistrature suprême, quatorze ont été retenus. Parmi les candidatures rejetées figure celle de l’ex-vice Premier Ministre Pierrot Rajaonarivelo, dont les péripéties du retour à Madagascar ont défrayé récemment la chronique.
Cette affaire "Rajeonarivelo" est à inscrire dans une liste d’actions et de
mesures, gouvernementales, qui jettent un sérieux malaise dans l’opinion.
En effet, au cours des manifestations organisées par le parti AREMA pour accueillir Pierrot Rajaonarivelo, à Toamasina, les forces armées dépêchées sur les lieux n’ont pas hésité à utiliser des méthodes musclées contre les journalistes qui ne faisaient que leur travail. Fait plus grave, un jeune douanier, qui n’avait rien à voir avec les partisans de Pierrot Rajaonarivelo réunis au siège de I’AREMA de Toamasina, arrêté par les forces de police, détenu quelques heures, a été hospitalisé suite a un traumatisme qui a entraîné sa mort. Sa famille a porté plainte.
Un autre événement qui a soulevé de nombreux commentaires, a été l’arrestation d’agents du CIS (CIA malgache) qui s’étaient introduits illégalement au domicile du Professeur Zafy Albert. Les papiers trouvés sur ces "agents" concernent les filatures de responsables de l’opposition. Parmi les personnalités soupçonnées sont désignés entre autres, l’ancien Premier Ministre Guy Willy Razanamasy et l’ancienne Ministre de la Culture Gisèle Rabesahal, comme étant les "commanditaires" des lancers de grenade survenus il y a quelques semaines au siège de la HCC et au domicile d’un Général.
Si ces accusations ont fait les gorges chaudes de divers milieux de la Capitale, elles sont néanmoins le signe de "dérapages" inquiétants dans les hautes sphères de l’État, car le CIS est un service de renseignements récemment créé, sous la tutelle directe du Président de la République.
On comprend que les observateurs impartiaux ne cachent pas leur
inquiétude sur le déroulement futur du scrutin du 3 décembre. Le Gouvernement ne cesse de donner des assurances sur son efficacité dans la préparation de ces élections, mais déjà de nombreuses informations dénoncent des déficiences dans l’établissement des listes électorales, dont la clôture est prévue pour la fin de ce mois d’octobre.

Bernard Yves


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