En effet, tout un chacun se souvient qui les élection législatives du 17 septembre 2007, avaient été marquées par l’indifférence des électeurs, dont 75% des inscrits avaient boudé les urnes.
Pour ces Municipales, l’ambiance est toute autre, car l’opinion assiste à un changement dans le comportement d’une partie des jeunes électeurs qui, pour la première fois, depuis des lustres, expriment au grand jour leur intérêt pour les affaires de la cité, et s’engagent dans la bataille politique.
Sur les six candidats en lice, dans la capitale, deux émergent, drainant chacun une foule de partisans, sympathisants, comités de soutien. Il s’agit d’une part de Hery Rafalimanana, Président de la Délégation Spéciale (PDS) de la Commune Urbaine d’Antananarivo nommé à ce poste voici huit mois et candidat présenté par le parti présidentiel TIM. D’autre part, son concurrent le plus sérieux est Andry Rajoelina (surnommé Andry TGV) jeune entrepreneur en communication, dont la candidature suscite un véritable engouement au sein de la jeunesse tananarivienne. Andry Rajoelina se présente sous l’étiquette “indépendant”, « je ne suis ni opposant, ni favorable au régime », précise-t-il.
Alors que les enjeux du scrutin devraient en principe se limiter aux problèmes socio-économiques qui concernent les habitants d’Antananarivo, les observateurs notent que c’est le Parti TIM qui a pris l’initiative de donner une tournure politique aux enjeux de ce scrutin. Ainsi :

- le TIM a exhorté les originaires de Provinces résident dans la capitale (notamment ceux de Antsiranana et Fianarantsoa) à apporter publiquement leur soutien à la candidature du PDS. Sur les médias, les dirigeants de ces entités appellent à “voter TIM”, car disent-ils Hery Rafalimanana est un “modèle” pour les autres régions,

- des partis de la mouvance présidentielle, connus pour leur allégeance sans failles à Marc Ravalomanana se sont également prononcés en faveur du candidat PDS

- le plus surprenant (du moins pour les moins avertis) fut la position du Pasteur Richard Andriamanjato, Président du défunt parti “Renouveau” qui s’est jeté dans la mêlée, en présidant une séance d’animation organisée par les jeunes Protestants partisans du candidat TIM.

- le Président Ravalomanana lui-même, inaugurant récemment une gare routière, sise à l’entrée Nord de la capitale, a chaudement félicité devant le public, le PDS, apportant ainsi son onction au candidat Rafalimanana.
De son côté, le candidat Andry Rajoelina poursuit une campagne qui draine, un nombre important de jeunes. Ils étaient d’ailleurs fort nombreux à son premier meeting d’ouverture de campagne. Dans ses discours publics, le candidat Andry Rajoelina dénonce avec retenue mais fermeté, les nombreuses tracasseries dont il fait l’objet de la part des autorités de la Commune d’Antananarivo (refus d’utilisation des lieux et bâtiments publics, prétendument réservés auparavant par d’autres candidats, refus opposés à ses mandataires chargés de contrôler les listes électorales, afflux suspect de nouveaux électeurs migrants dans certains bureaux de vote, etc.)La fébrilité du parti présidentiel s’explique en partie par le succès de la campagne de Andry Rajoelina, mais il faut y ajouter la cuisante défaite du TIM, dont les candidats ont été battus lors du deuxième tour des législatives partielles à Bealanana (Province de Mahajanga) et Mananara-Nord (Province de Toamasina). La HCC avaient en effet décidé la tenue, le l8 Novembre de nouvelles élections dans ces deux circonscriptions, suite aux recours déposés par les candidats TIM.
Des observateurs notent ainsi que le scrutin du 14 décembre 2007, dans la capitale, couvre des enjeux qui dépassent les limites de la commune, et risqueraient de créer une nouvelle donne, sur la scène politique nationale.

B. Y.