
« I vo myé fèr anvi k’pityé. »
18 mars, parMézami, si mi di azot mi yèm kozman-la-i vo myé fèr anvi k’pityé- zot va pétète trouv sa étonan pars in moune i fé anvi sé par son fizik, par son (…)
7 octobre 2024, par
Les rues poussiéreuses d’Antsahamarohavaña ressemblaient à des scènes de guerre. Mais ici, point de tanks ni de soldats, seulement une armée silencieuse de jerricans jaunes, alignés en file indienne devant une pompe à eau qui, pour le moment, restait muette comme une tombe. Des bidons vides, craquelés et ternis par le temps, comme autant de témoins de l’impuissance de ceux qui les avaient envoyés en mission.
Le Seigneur Jirama, entité tout-puissante et insondable, avait fermé les vannes de sa générosité, privant les mortels de ce précieux liquide qui coulait encore dans les souvenirs, mais plus dans les canalisations. Et à chaque goutte échappée, une prière silencieuse s’élevait. Mais prier pour de l’eau dans un pays tropical noyé sous les averses ? Quelque chose clochait.
Les habitants d’Antsahamarohavaña, las d’implorer les nuages, avaient trouvé un nouveau rite : envoyer leurs bidons jaunes attendre patiemment sous le regard impassible des bornes-fontaines. C’était devenu un rituel national, une espèce de comédie tragique où l’on riait jaune de ne plus avoir d’eau, tout en espérant qu’une goutte miraculeuse finisse par tomber dans les gorges asséchées.
Parmi ces « guerriers plastiques », un bidon jaune particulièrement rouillé faisait face à la pompe. C’était celui de Valy Roana, un vieux sage qui répétait souvent : « Celui qui a soif ne se noie pas dans la pluie. » Une phrase qui faisait toujours rire les enfants, même s’ils n’en comprenaient pas bien le sens. Valy Roana, lui, savait. Il avait vu des pluies torrentielles inonder la ville jusqu’aux toits, balayant les quartiers comme une vague de désespoir. Mais au bout de ces déluges, il n’y avait jamais d’eau dans les robinets. C’était un paradoxe que même les plus éminents sorciers politiques ne pouvaient expliquer.
Au fil des jours, les habitants avaient appris à compter les gouttes. Les bornes-fontaines étaient devenues les dernières sources d’espoir. Mais ces espoirs étaient maigres, entrecoupés de longues périodes de sécheresse, où le silence des pompes devenait assourdissant. Les techniciens de la Jirama, silhouettes éphémères dans leur camion bleu ciel, apparaissaient parfois pour vérifier les équipements, avant de repartir aussi rapidement qu’ils étaient venus. Leur regard vide semblait dire : « Nous ne faisons qu’appliquer les ordres d’en haut. »
Et c’est là que tout se jouait. « En haut », personne ne savait vraiment ce que ça voulait dire. En haut, il y avait des bureaux climatisés où les rapports d’inondation et de sécheresse s’entassaient, mais où l’eau ne coulait jamais. Les discussions animées autour de la gestion de l’eau étaient aussi sèches que les fontaines publiques. Les débats interminables ne parvenaient jamais à combler les seaux et bidons de la population.
Dans ce décor absurde, Valy Roana, le vieux philosophe de la rue, continuait d’observer. « L’eau, ici, c’est comme une farce mal ficelée. Elle est partout, mais elle est nulle part », disait-il souvent en souriant. Il savait que les grandes promesses de la Jirama sur le Branchement Mora n’étaient que des illusions. Tout le monde parlait de ce fameux « branchement facile », mais pour les habitants d’Antsahamarohavaña, le seul branchement qui comptait, c’était celui de l’eau qui refusait de couler.
Un jour, alors que les bidons attendaient encore leur tour comme des soldats oubliés, une rumeur se répandit dans la foule : « L’eau va revenir ! » Les habitants se précipitèrent vers la pompe, les enfants accourant avec leurs petits seaux, les mères traînant leurs bidons jaunis par le soleil. L’espoir flottait dans l’air chaud et lourd.
Mais lorsque l’eau se mit enfin à couler, ce fut une cascade brune et boueuse, un ruisseau impur qui ne ferait que colmater la soif temporaire. « Boire ça, c’est comme demander au diable un verre d’eau », marmonna Valy Roana, jetant un regard amusé à la foule désespérée.
Pourtant, malgré la couleur et l’odeur, ils buvaient. Car dans ce pays, on n’avait pas le luxe de choisir. L’eau, même sale, était précieuse. Les enfants riaient, s’aspergeaient de cette boue bienfaisante, comme si c’était l’or liquide qu’ils attendaient depuis des heures. Les adultes, eux, recueillaient précieusement chaque goutte dans leurs seaux, tout en remerciant le Seigneur Jirama pour cette maigre offrande.
Le lendemain, les bidons étaient de retour, aussi immobiles que des gardes royaux devant un palais abandonné. Rien n’avait changé. La pluie battait les toits la nuit, mais l’eau continuait de manquer le jour. Un pays tropical noyé sous les averses, mais assoiffé sous la coupe d’une administration qui semblait avoir oublié que ses citoyens avaient besoin de boire, de se laver, de vivre.
Et ainsi continua la tragédie des minions de l’Île Rouge, toujours prêts à attendre des heures pour une promesse incertaine, tandis que les seigneurs de la Jirama régnaient sur leurs pompes désertées, inconscients ou indifférents au drame qui se jouait sous leur règne.
Car ici, on savait bien une chose : dans ce royaume de l’absurde, ce n’était pas la pluie qui manquait, mais bien l’eau. Et entre les deux, il y avait tout un monde à reconstruire.
C.K
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