Madagascar et la crise alimentaire

11 juin 2008

A l’instar de nombreux autres pays, l’attention de l’opinion publique dans la Grande Ile était tournée vers Rome, où se réunissait la “Conférence mondiale sur la crise alimentaire” convoquée par l’ONU sous l’égide de la FAO et du PAM.

Madagascar était représenté à cette importante réunion par le Président de la République, Marc Ravalomanana. De retour au pays, devant la presse, le chef de l’Etat malgache a, d’une part, donné l’assurance « que la crise alimentaire avait épargné le pays » et, d’autre part, qu’il avait obtenu du PAM (Programme Alimentaire Mondial) et de la Banque Mondiale une « aide » de 27 millions de dollars afin de parer à toute éventualité.

Ces affirmations du Président malgache laissent plus d’un observateur perplexe. En effet, dans le flot d’informations qui circulent actuellement à propos de la “crise alimentaire“ qui touche trois continents, on relève que Madagascar figure sur la liste des 22 pays sévèrement frappés par cette crise.

Si, jusqu’à ce jour, aucune “émeute de la faim“ n’a éclaté dans la Grande Ile, nul ne peut nier que les derniers cyclones du début de l’année 2008 ont aggravé les conditions alimentaires déjà précaires dans certaines régions de l’île, notamment du Nord au Sud de la Côte Est (Mananara, Maroantsetra, Vangaindrano, Midongy du Sud etc...)

Par ailleurs, tout un chacun constate les conséquences de la pauvreté (qui touche plus de 65% des Malgaches) sur la situation alimentaire du plus grand nombre. S’y ajoutent l’augmentation vertigineuse du prix des carburants et ses retombées sur le coût des denrées essentielles, le poids grandissant des factures d’eau et d’électricité sur le budget des ménages moyens (la société nationale JIRAMA a augmenté le coût de ses services de 35% en 6 mois), alors que les salaires sont pratiquement restés au même niveau depuis plusieurs années, stagnant à environ 25 euros par mois !

La FAO affirme que 7 millions de Malgaches (sur les 18 millions d’habitants) ne mangent pas à leur faim, c’est dire qu’ils n’ont pas les moyens de consommer les 2.150 Kcal nécessaires à leur survie.

Ainsi, quoi qu’en disent les déclarations officielles, s’il a fallu que le Président Ravalomanana installe en urgence une structure (dite Task-force) chargée de coordonner le programme alimentaire du Gouvernement et de gérer les aides internationales dans ce domaine, c’est que la crise alimentaire sévit bel et bien à Madagascar.

B.Y.

Emeutes de la faim

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