Andry Rajoelina-Marc Ravalomanana : dialogue de sourds

Madagascar : la « trêve » en passe d’être rompue !

26 février 2009, par Bernard Yves

Les deux rencontres entre les deux principaux protagonistes de la crise ont échoué à trouver une solution. Pendant ce temps, des livraisons d’armes lourdes sont signalées.

A l’issue d’une deuxième rencontre, qui a duré près de deux heures (de 13h00 à 15h30), les discussions entre Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana se sont soldées par un échec. En effet, les représentants des quatre Eglises membres de la FFKM, initiateurs de ces rencontres, n’avaient préparé aucun ordre du jour, et à l’issue des entretiens, ils n’ont donné aucune indication ni sur leur déroulement, ni sur leur évolution prochaine.
Ce fut Andry Rajoelina, au cours d’une conférence de presse et d’une interview sur la Télé Viva, qui apportait les informations sur le contenu de ces deux rencontres.

Grandes divergences

En résumé, Marc Ravalomanana inscrivit en premier dans la discussion la réalisation de “son” « Madagascar Action Plan » (MAP), la prochaine réunion au Sommet de l’Union Africaine à Madagascar prévue en juillet prochain, le retour au calme et la libéralisation des visas d’entrée pour les étrangers. Andry Rajoelina proposait les sujets de discussion suivants :

- ouverture des médias publics (RNM-RTM) aux dirigeants du mouvement pour la Démocratie, dont lui-même ;

- libération de l’ancien Ministre du Travail, Théodore Ranjivason, arrêté et détenu à la prison de force de Tsiafahy, en raison de ses activités au sein du mouvement pour la démocratie ;

- fin des arrestations de dirigeants politiques, y compris les membres du Gouvernement de Transition ;

- suspension de l’application du décret de nomination illégal du Président de la délégation spéciale d’Antananarivo.

Marc Ravalomanana n’a apporté aucun élément de réponse à ces questions afférentes à la crise, mais s’est retiré aussitôt prétextant qu’il avait un autre rendez-vous urgent.

Des armes lourdes, contre qui ?

Des informations vérifiées et vérifiables ont fait état de l’arrivée d’un cargo de Tiko, venant d’Afrique du Sud, chargé d’armements, le dimanche 22 février. Cet arrivage fait suite à une première livraison d’armes pesant au total 11 tonnes la semaine dernière dans les mêmes conditions.
Ce lundi 23 février, les riverains ont fait état des perturbations de la circulation sur la RN7 reliant le port de Toamasina à Antananarivo, en raison du passage d’énormes tanks à chenilles qui ont empêché le passage des autres véhicules durant quelques heures. L’arrivée de ces tanks armés de canons et bazookas, dont un seul tir pourrait transformer des centaines de manifestants en « chair à pâtée », selon les remarques d’un journaliste local, interpelle les observateurs.
Ces armes seront-elles utilisées par la garde présidentielle ou serviront-elles à la mission de la force d’interposition dépêchée par la SADC, évoquée par des médias ? Interposition entre qui et qui ?
Quoi qu’il en soit, Andry Rajoelina a annoncé dans la conférence de presse évoquée plus haut qu’il estimait probable la rupture du dialogue au cas où sa tenue se déroulerait comme les fois précédentes.
Pour les observateurs, la Confédération des Eglises chrétiennes (FFKM), déjà suspecte en raison de ses liens à l’égard de Marc Ravalomanana, vice-président de cette organisation, a perdu une grande part de sa crédibilité après cet échec. Ainsi on s’attend à ce que les manifestations de Andry Rajoelina sur la place du 13 Mai reprennent avant la fin de cette semaine.

Bernard Yves


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