Nouvelle manifestation à Antananarivo

Madagascar : tentatives d’installation des ministres d’Andry Rajoelina

17 février 2009

Samedi, Andry Rajoelina a annoncé l’installation des ministres du gouvernement de transition dans leurs ministères deux jours plus tard. Hier, la situation était donc extrêmement tendue à Antananarivo. Hier après-midi, des forces de police empêchaient l’accès au quartier des ministères, situé à quelques centaines de mètres de la place du 13 Mai, lieu de rassemblement des responsables de l’opposition au président Marc Ravalomanana. Finalement, venus avec des huissiers, les soutiens d’Andry Rajoelina ont constaté l’impossibilité d’installer le gouvernement de transition. Ils reviendront aujourd’hui avec des huissiers.

Après une trêve de deux jours, suite aux incidents survenus lors des tentatives de pillage jeudi dernier et qui s’est soldé par la mort de trois personnes, une dizaine de blessés et plusieurs arrestations, le collectif de l’opposition locale a repris la voie de la manifestation samedi par le biais d’un meeting organisé sur la place de la démocratie, au cours duquel, un appel à la grève générale et à la désobéissance civile ont été lancés à partir de ce jour.
« L’idée est de faire sortir les fonctionnaires de leurs bureaux afin qu’ils puissent expliquer, tout ce qui ne va pas sur la place de la démocratie » explique Alexis Bemananjara, un des dirigeants de l’opposition.
Toutefois, à travers ce mot d’ordre, un service minimum sera observé dans les hôpitaux, par ailleurs seuls les enseignants qui travaillent dans les bureaux seront sollicités pour grossir les rangs des grévistes, ceci, dans le but de ne pas affecter le déroulement des cours des élèves dans les écoles publiques et privées selon toujours ce politicien.

Un ancien chef de l’État major rejoint l’opposition

Concernant la désobéissance civile, la théorie retenue est le non-paiement des taxes parafiscales « les marchands de rue, les épiciers, etc.… vont être sensibilisés pour ne plus verser aucune somme aux percepteurs de la Commune de Tuléar » a expliqué Jeannot Roberval du Toliara Mijoro.
Samedi également, lors d’un rendez-vous avec ses partisans à la place du 13 mai, Monja Roindefo Zafitsimivalo, Premier ministre de la transition a confié à l’ancien chef d’État-major général de l’armée malgache (Cemgam) le portefeuille du ministère de la Défense nationale.
« Renforcer l’esprit d’équipe, observer la loyauté, ainsi que le respect de la discipline au sein de la grande muette. Telle est la principale mission du général Raonenantsoamampianina, afin que les membres des forces de l’ordre puissent collaborer ensemble », indique Monja Roindefo lors de la présentation de ses nouveaux ministres.
Arrivé à la tête du Cemgam en Août 2003, le général Raonenantsoamampianina a succédé au général Sylvain Razafimandimby, parti en retraite à l’âge de 57 ans. Après avoir obtenu sa disponibilité spéciale, il a été remplacé, en février 2007, par le colonel Rivo Hanitra Razafindralambo. Un rajeunissement des cadres opéré par l’appareil gouvernemental, quelques mois après le coup de force du général Randrianafidisoa.
Outre le général Raonenantsoamampianina, un autre membre du "gouvernement de transition" a été également nommé à Analakely. Il s’agit de Gilbert Raharizatovo, chargé du tourisme. Ancien député du 6e arrondissement de la commune urbaine d’Antananarivo, de 1998 en 2003, Gilbert Raharizatovo était journaliste de la Télévision nationale malgache, avant d’occuper le poste de directeur de cette station nationale de 1994 en 1998.

Face à face tendu

Ces deux ministres portent donc à dix les membres du gouvernement de Monja Roindefo, placé sous l’autorité de l’ancien maire d’Antananarivo, qui s’est proclamé président de l’Autorité de transition.
Deux jours après ces événements, un face à face tendu se déroulait lundi à Antananarivo, où plusieurs milliers de manifestants de l’opposition rassemblés sur une place de la capitale malgache étaient bloqués par les forces de sécurité qui les empêchaient de marcher vers des bâtiments ministériels.
Les manifestants s’étaient rassemblés sur la place alors qu’Andry Rajoelina, ancien maire d’Antananarivo, a proclamé qu’il mettrait en place hier son propre gouvernement. Les protestataires voulaient défiler ensuite jusqu’aux ministères, mais les forces de sécurité les ont empêchés de quitter la place.
Le 7 février dernier, la police avait ouvert le feu sur des manifestants de l’opposition marchant en direction du palais présidentiel, tuant des dizaines de personnes. Fin janvier, des manifestations anti-gouvernementales avaient provoqué des émeutes et des pillages qui avait fait des dizaines de morts.
Samedi, Marc Ravalomanana a regretté cette situation lors d’un meeting où il a rassemblé à Antananarivo des milliers de partisans. « Je déplore la perte en vies humaines mais je vous promets qu’il y aura une enquête menée par une commission internationale indépendante, qui déterminera les responsabilités sur ce qui s’est passé à Ambohitsorohitra ». Dans la foulée, il a ainsi annoncé un assainissement d’envergure de la ville de Tana sous la conduite du nouveau président de la Délégation spéciale (PDS) de la Commune urbaine d’Antananarivo, Guy Rivo Randrianarisoa.


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