Commission de l’Océan Indien

Madagascar : un scrutin « globalement acceptable »

7 décembre 2006

Sur les 14.535 observateurs accrédités par la Commission nationale électorale (CNE) pour le suivi et l’observation du déroulement de l’élection présidentielle du 3 décembre, environ 200 sont venus de l’étranger - Afrique, Europe et Asie - et parmi eux, la Commission de l’Océan Indien (COI) a dépêché vingt personnes provenant des autres pays membres.

Les observateurs envoyés à Madagascar pour le suivi de l’élection présidentielle ont travaillé dans le cadre de l’observation internationale du scrutin placée sous l’égide du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), précise le communiqué de la COI qui rend compte de cette mission d’observation.
Onze organisations étrangères et plusieurs ambassades ont fourni environ 200 observateurs étrangers. La COI y était représentée par vingt membres représentant la France/Réunion, Maurice, les Comores et les Seychelles.
La délégation française se composait de deux personnes de La Réunion - MM. Philippe Giannuzi (Préfecture Réunion) et Wilfrid Bertile, vice-président de la Région Réunion et ancien secrétaire général de la COI - et de quatre parlementaires de l’Hexagone, les sénateurs Jean Faure (UMP, Isère) et Bernard Dussaut (Socialiste, Gironde) et les députés Jean-François Mancel (UMP, Oise) et Yves Coussain (UMP, Cantal).
Tous les membres de la délégation se sont répartis dans les six régions de Madagascar, avec le soutien de l’Union européenne, de la coopération française ou de la Région Réunion. Les deux observateurs en provenance de La Réunion ont mené leur mission à Antsirabe ; les deux sénateurs, à Tuléar et les deux députés UMP dans la capitale, qui compte huit secteurs électoraux.
Wilfrid Bertile pour sa part a témoigné avoir visité une trentaine de bureaux, urbains et ruraux, de la région d’Antsirabe.
Les observations des membres de la COI, sur les deux premiers des trois points considérés - les opérations préparatoires, le déroulement de la campagne et le déroulement du scrutin - rejoignent pour l’essentiel celles des observateurs internationaux.

1/ Sur les opérations préparatoires au scrutin, ils ont noté que l’informatisation des listes électorales depuis Tananarive et la possibilité de s’inscrire localement par ordonnance jusqu’au jour du scrutin « a rendu difficile la clôture définitive des listes » ; que la distribution des cartes électorales n’a pas été généralisée et que la situation de confusion « a pu décourager certains électeurs » et qu’enfin « tous les candidats n’ont pas eu les moyens de faire imprimer et acheminer les bulletins à leur nom dans l’ensemble des bureaux de vote ».
La COI préconisait le bulletin unique, avec photo, comme cela a été mis en œuvre aux Comores ; l’électeur coche la photo du candidat de son choix. Il y a à Madagascar environ 17.480 bureaux de vote et le fait que l’Etat n’achemine pas tous les bulletins dans l’ensemble des bureaux a pu créer des distorsions notables.

2/ La campagne électorale s’est déroulée « dans le calme », mais les observateurs ont souligné « l’absence d’une autorité indépendante régulatrice de l’audiovisuel » et noté en conséquence « des abus de propagande et une inégalité dans l’accès des candidats aux médias audiovisuels, en particulier publics ». L’absence de dispositions plafonnant les dépenses de campagne « a mis en évidence la disparité des moyens entre les différents candidats ». Parmi les moyens de propagande, l’usage des couleurs vert-bleu-blanc pour le candidat-président sortant, qui sont aussi les couleurs du groupe économique Tiko lui appartenant, a été jugé comme une quasi dérive de marketting. « C’est un peu comme si un candidat se présentait chez nous sous les couleurs de Coca-Cola : les gens sont imprégnés d’un logo... et ils le retrouvent sur les bulletins de vote ! », a commenté un membre de la délégation COI.

3/ A ces remarques près, les observateurs ont pu conclure, pour ce qui concerne le déroulement du scrutin, qu’il « s’est tenu dans des conditions acceptables... »
Cependant, huit à dix candidats seulement, sur quatorze, disposaient de bulletins de vote. Et pendant le scrutin, les opérations de vote ont été par endroit très retardées, soit par des « vérifications laborieuses » soit par un trop grand nombre d’inscrits par bureau.
Les opérations de dépouillement « ont été effectuées publiquement et généralement dans le calme... » note encore la délégation de la COI. En conclusion, la COI estime que « toutes choses étant égales par ailleurs, le scrutin... du 3 décembre s’est passé dans des conditions satisfaisantes... ».

Les résultats définitifs devraient être prononcés par la Haute Cour Constitutionnelle vers la fin du mois de décembre et, si beaucoup d’observateurs pronostiquent officieusement une réélection de Marc Ravalomanana avec près de 55% des suffrages, ils n’en constatent pas moins une coupure prononcée entre les régions des hauts plateaux et celles des pays côtiers, où le président sortant s’est souvent fait distancer par un de ses opposants.

P. David


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