Madagascar : une délégation spéciale à Antananarivo

4 février 2009

Andry Rajoelina a été destitué ce mardi 3 février 2009 de ses fonctions de maire d’Antananarivo par le ministère de l’Intérieur malgache. Un administrateur provisoire a été nommé pour le remplacer. C’est la première sanction infligée par le pouvoir à Andry Rajoelina depuis le début de la partie de bras de fer l’opposant au Président de la République, Marc Ravalomanana. Cette destitution sonne aussi comme une réponse à la démarche en déchéance entamée lundi devant la Haute Cour constitutionnelle malgache par le maire tananarivien à l’encontre du chef de l’État pour « violations répétées de la Constitution ». Reste à savoir comment va réagir le camp Rajoelina, sachant que le meeting qu’il a organisé ce mardi sur la place du 13 Mai a réuni 2.000 personnes, soit 10 fois moins que les rassemblements du début de la semaine dernière.

La destitution du maire d’Antananarivo a été annoncée à la presse par le préfet d’Antananarivo, Edmond Rakotomavo. « Le ministère de l’Intérieur a pris une ordonnance remplaçant le maire de la capitale par une délégation spéciale. La décision n’a pas pu lui être notifiée car il n’était pas en mairie. Le ministère de l’Intérieur a aussi pris une ordonnance pour que les membres de la délégation spéciale puissent entrer dans les bureaux », a expliqué Edmond Rakotomavo.
Le préfet n’a pas donné beaucoup de détails sur les raisons de cette destitution. « Il y a eu des manquements dans la gestion des affaires de la commune, par exemple les ordures ne sont plus ramassées depuis deux semaines », a-t-il simplement ajouté. Le ministère de l’Intérieur a nommé Guy Randrianarisoa à la tête de la délégation spéciale. Il s’agit d’un ancien conseiller d’Andry Rajoelina.

Plus tôt dans la matinée de mardi, le maire tananarivien avait annoncé à ses partisans, réunis sur la place du 13 Mai, son intention de proclamer samedi la liste de son gouvernement de transition à Antananarivo. « Nous allons laisser à Marc Ravalomanana 4 jours pour quitter le pouvoir. S’il ne le fait pas, nous allons mettre en place notre gouvernement de transition », a lancé Andry Rajoelina.
Rappelons que le maire tananarivien s’est proclamé ce samedi à la tête des affaires du pays. Il a déposé ce lundi une demande officielle de destitution du président de la République Marc Ravalomanana qui avait réaffirmé samedi qu’il demeurait le chef de l’État.
Les rassemblements du maire, ce lundi et ce mardi, n’ont pas été aussi suivis que les précédents. Ce qui laisse penser à un possible essoufflement du mouvement. La semaine dernière, un rassemblement appelé par le maire contre le régime avait dégénéré en émeutes et pillages qui ont fait 76 morts dans le pays, selon les forces de l’ordre malgaches.


Le maire de Antananarivo, Andry Rajoelina a été démis de ses fonctions par le ministère de l’Intérieur. Un administrateur provisoire a été nommé à sa place, selon le préfet d’Antananarivo, Edmond Rakotomavo.


En l’état actuel de la constitution malgache, Andry Rajoelina ne peut pas être élu président. En effet, le maire d’Antananarivo est âgé de 34 ans, or l’article 46 de la constitution spécifie que pour être candidat à la présidence, il faut être âgé d’au moins 40 ans.


«  Le maire de la capitale apparaît comme le seul opposant au pouvoir en place . Les opposants politiques à Ravalomanana sont soit morts, soit en prison ou en exil. Andry Rajoelina est donc le seul compétiteur face au Président. Mais cette volonté du maire de faire tomber Ravalomanana trouve également ses sources dans le harcèlement dont il a été victime de la par du pouvoir central. Ayant battu un candidat de Ravalomanana lors des élections municipales, Rajoelina a été victime de pressions comme le blocage du financement de projets qu’il souhaitait mettre en place dans la capitale. »

Propos tenu par Jean-Loup Vivier, spécialiste de l’Afrique et auteur de « Madagascar sous Ravalomanana : La vie politique depuis 2001 »


L’appel à la grève auprès des fonctionnaires n’a pas été entendu. Dés lundi, dans la capitale, l’administration a rouvert ses portes et, dans la plupart des écoles, les élèves ont retrouvé leurs maîtres après une semaine de fermeture liée aux pillages.


Malgré leur rivalité politique, Andry Rajoelina, 34 ans, et Marc Ravalomanana, 59 ans, ont des parcours similaires. Ce sont des hommes d’affaires, autodidactes qui, fortune faite, se sont lancés en politique.
Le chef de l’Etat a créé un vaste empire industriel (eau minérale, grande distribution, etc.). Cet autodidacte protestant devenu milliardaire avait su transformer la petite laiterie familiale en numéro un de l’agroalimentaire malgache (groupe Tiko). Andry Rajoelina, lui, a fait fortune en lançant Injet, une société d’impression numérique et de panneaux publicitaires, après avoir été disc-jockey, organisateur de soirées et gérant d’une boîte de nuit.


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