• Échec de la médiation internationale
• Cohabitation impossible entre les mouvances politiques
• Élections d’une Assemblée Constituante le 20 mars 2010

24 décembre 2009

Les évènements se sont précipités dans la Grande-Île au cours des deux dernières semaines écoulées : une réunion prévue pour finaliser la répartition des sièges au sein du Gouvernement de Transition, convoquée par le président de la République Mozambicaine Armando Emilio Guebuza, et le président de l’équipe de Médiation, Joachim Chissano, s’est tenue dans la première semaine de Décembre à Maputo. Les trois ex-présidents et chefs de « mouvance » Ratsiraka, Ravalomanana, Zafy et le premier Ministre de « consensus » Eugène Mangalaza participèrent à cette rencontre. Le président de la Transition Andry Rajoelina, pour sa part refusait de s’y rendre, en soulignant que nommer un Gouvernement Malgache en terre étrangère, était contraire au respect de la souveraineté nationale.

L’issue de cette rencontre, débouchait sur une déclaration commune des trois « mouvances », datée du 8 décembre 2009, que l’on peut résumer comme une sorte de coup d’état, visant à destituer Andry Rajoelina, de ses prérogatives de Président de la transition et Chef de l’État, et à s’approprier la majorité des sièges au sein du gouvernement de transition, ne laissant qu’une portion congrue à la mouvance Rajoelina.

Les trois « mouvances » décidaient par ailleurs d’intervenir auprès des autorités Norvégiennes et de l’ONU pour leur demander d’interdire la participation du président Andry Rajoelina (invité officiellement) au sommet de Copenhague sur les changements climatiques. Selon les signataires de cette pétition rendue publique, le président Andry Rajoelina, n’était pas habilité (!) à représenter Madagascar, à cette réunion internationale.

La réplique du président Andry Rajoelina, ne se fit pas attendre. Au cours de ses deux dernières tournées à Antsiranana (au Nord du pays) et à Fianarantsoa, il déclarait qu’il rejetait fermement les décisions des trois mouvances adoptées à Maputo IIII qui allaient à l’encontre de la Charte de Maputo I et du document additionnel d’Addis-Abeba. La « cohabitation » au sein d’un gouvernement consensuel, avec ces trois mouvances est du domaine de l’impossible affirmait-il.

Le ministre de la Sécurité intérieure, de son côté, décidait d’interdire l’entrée au pays, des membres des délégations participantes à la réunion de Maputo III, arguant que leur sécurité ne serait pas assurée, et que des troubles à l’ordre public risqueraient d’en découler.

Les représentants du Groupe de contact international chargé de la médiation dans la « crise » Malgache, en particulier la France, inquiets face à ces nouveaux rebondissements, exprimèrent de timides réserves sur la tenue de Maputo III a proposé une nouvelle rencontre entre les quatre mouvances à Madagascar le 17 décembre. Ils demandaient en outre que soit levée l’interdiction du retour au pays des participants à la rencontre de Maputo III.

Propositions pour une véritable sortie de crise

Le mardi 16 décembre, au cours d’une rencontre avec la presse, au Palais d’Ambohitsorohitra, retransmise en direct par les medias publics le président Rajoelina :
– constatait l’échec de la médiation internationale, basée sur un processus de retour à la normalité constitutionnelle, par la mise en place d’une structure de transition « consensuelle et inclusive » :
– confirmait que la cohabitation entre les quatre « mouvances » était irréalisable,
– appelait le Peuple à user de son pouvoir souverain, en venant aux urnes pour élire une Assemblée Constituante, le 20 mars 2010,
– confirmait le maintien de l’actuel gouvernement qui exercera ses fonctions.

Jusqu’à la mise en place du nouveau gouvernement issu des élections du 20 mars 2010 en précisant que ce gouvernement actuel, « ne peut prendre des mesures liant la Nation notamment sur le plan international ».

La concrétisation de ces propositions soulève déjà de nombreux débats au sein de l’opinion, notamment dans les milieux politiques. En effet, la révision du Code électoral, la mise en place de la Commission nationale électorale indépendante (CENI), l’élaboration du projet de Constitution de la quatrième république sont autant de sujets d’importance qui méritent d’être approfondis, par les uns et les autres.

Mais ces questions importantes ont été devancées dans l’actualité par le retour de Maputo III (via l’Afrique du Sud) des délégations des trois mouvances le 18 décembre, après la levée de leur interdiction d’entrée sur le territoire. Ce même jour, le président Andry Rajoelina promulguait deux décrets, le premier abrogeait la nomination de M. Eugène Mangalaza, au poste de premier Ministre, le second nommant premier Ministre Mme Manorohanta Cécile (qui assurait auparavant le poste de vice-premier Ministre chargée de l’Intérieur).

Par ailleurs après leur arrivée à l’aéroport d’Ivato les délégués des trois mouvances, réunis à l’Hôtel Carlton annonçaient par la voix du professeur Zafy Albert, qu’ils allaient incessamment nommer leurs représentants au sein des institutions prévues par la Charte de Maputo, à savoir le Conseil supérieur de la transition (CST) et le Congrès de la transition. Le professeur Zafy soulignait dans ses propos, que les trois mouvances constituant la majorité au sein de ces Institutions, et si Andry Rajoelina s’opposait à ces décisions, il foulait aux pieds les accords de Maputo et d’Addis-Abéba et ne devait plus être considéré comme le Président de la transition.

De son côté la « communauté internationale » dont l’obstination à vouloir se mêler des affaires qui concernent uniquement les Malgaches, intrigue plus d’un, annonce qu’elle « continuera à travailler pour la tenue d’une nouvelle rencontre entre les quatre mouvances » et que l’ex-président du Mozambique Joachim Chissano, et chef de file du GIC se rendra à Madagascar très bientôt.

Force est de constater qu’un regain de tensions politiques est à prévoir dès le début de l’année 2010.

En dernière heure, par décret du 20 décembre 2009 abrogeant les dispositions antérieures, le président Andry Rajoelina vient de nommer le Colonel Camille Vital, premier Ministre.

B.Y


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