Suspicion autour d’une mutinerie

24 juillet 2012, par Céline Tabou

Dimanche 22 juillet, une mutinerie a été déclenchée à la base militaire située à proximité d’Ivato, l’aéroport d’Antananarivo, la capitale malgache. Le dernier bilan de l’évènement fait état de trois soldats morts et quatre blessés. « Les raisons de cette mutinerie sont encore floues, mais alors que 120 soldats auraient été pris en otages par les mutins, l’affaire apparaît menaçante », a indiqué le journal en ligne Madagascar-Tribune.com.

Depuis 2009, le pays est en proie à une crise politique sans précédent, depuis le renversement du président Marc Ravalomanana. Ce dernier doit rencontrer le mercredi 25 juillet l’actuel chef de l’État, Andry Rajoelina, qui, malgré la mutinerie, a pu se rendre aux Seychelles pour la rencontre.

Un échange sous tension

La rencontre à huis clos entre l’ex-président Marc Ravalomanana et l’actuel président de la Transition Andry Rajoelina devrait être une étape importante pour sortir Madagascar de la crise. D’ici une dizaine de jours, un calendrier des élections législatives et présidentielles doit être défini afin de « ramener la démocratie à Madagascar », souligne l’“Agence France Presse”.

Organisée par la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), la rencontre se fera dans la plus grande discrétion, afin que les deux dirigeants parviennent à un « accord final » d’ici le 31 juillet, sous peine de réprouver le responsable d’un éventuel échec. L’Afrique du Sud joue le rôle de médiateur dans ce dossier et négocie un processus d’amnistie pour permettre à l’ancien chef d’État de rentrer dans des conditions sûres, a expliqué le quotidien “L’Express de Madagascar”.

Dans le passé, les deux hommes ont signé des accords, sans pour autant sortir le pays de la crise politique et économique dans lequel celui-ci vit depuis 2009. D’autant plus que la « feuille de route vers une sortie de crise » mise en place en septembre 2011 n’a pas permis de faire évoluer les choses. Andry Rajoelina est parvenu à quitter le pays au lendemain de la mutinerie et a regretté « la division, les perturbations et tout ce qui est stratégie visant à renverser le pouvoir ».
« Ce n’est pas la première fois que ça arrive, ça fait trois fois qu’il y a eu des tentatives de renversement du pouvoir. Nous savons ce qui s’est passé à la fin
(les mutineries ont été matées, AFP) », a-t-il déclaré.

Défiance autour de la mutinerie

Après l’échec des négociations entre les mutins et les forces de l’ordre, l’assaut a été lancé contre les rebelles par l’armée et la gendarmerie dimanche. Le dernier bilan fait état de trois morts et quatre blessés. Cet assaut a été décidé après le départ des riverains et l’échec des négociations, selon le communiqué de presse de l’état-major. Officiellement, les mutins n’auraient pas fait connaître leurs revendications aux négociateurs, mais le calme est rapidement revenu en début de soirée dimanche.

Cet évènement met un peu plus de pression sur la rencontre prévue le 25 juillet, bien que les deux camps aient annoncé qu’il n’affectera pas les négociations. Toutefois, les deux protagonistes se rejettent la faute. « C’est une manœuvre de diversion pour essayer de retarder le tête-à-tête prévu dans quelques jours. Ils veulent démontrer qu’ils maîtrisent la situation », a déclaré à la presse malgache Mamy Rakotoarivelo, chef de la délégation Ravalomanana. De son côté, Lanto Rakotomavo, secrétaire nationale du Tanora malagasy vonona (TGV), a pointé du doigt « ceux qui feignent de ne pas voir la réalité et qui perdent du temps à des actions qui ne vont pas dans le sens d’une sortie de crise ».

Céline Tabou


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