La société Bionerr (S.A), installée à Antananarivo, intervient dans le domaine des énergies renouvelables. C’est une société d’études et de conseils qui intervient pour l’électrification rurale, pour l’installation d’équipements de gazéification de la biomasse, la production de carburant et la fabrication-distribution de cuiseurs à bois économiques.
Dans le contexte énergétique de Madagascar, où trois habitants sur quatre vivent en milieu rural, 90% de l’énergie utilisée est constituée de biomasse. Mais la croissance et le développement de la Grande île sont freinés par le manque de sources d’énergie ou leur coût trop élevé.
La société Bionerr a une approche de la production pour l’électrification rurale qui a été validée par l’Agence de Développement de l’Électrification rurale, notamment pour un projet de gazéification de balles de riz, dans la région rizicole du lac Alaotra, commune rurale d’Andrebakely sud, en partenariat avec une rizerie.

À Madagascar, le bois est de très loin l’énergie la plus compétitive, mais son utilisation est encore souvent marquée par un grand gaspillage. En milieu rural, les ménages utilisent surtout l’énergie pour l’éclairage, environ 3 à 4 heures par jours - soit moins de 17% de taux d’utilisation, ce qui impose aux installations un coefficient de charge situé entre 10% à 15%.
Le gaspillage d’énergie est également prononcé en milieu urbain, où la cuisson des ménages se fait au charbon de bois, au moyen d’un fatapera. Or il faut 12 kg de bois pour faire 1 kg de charbon, dont le pouvoir calorifique est à peine de deux fois plus élevé que celui du bois. La société Bionerr a mis au point des poêles à combustion inversée qui améliorent le rendement d’une utilisation directe du bois et représente des économies substantielles pour les familles (environ 115.000 ariary par an pour un foyer moyen - l’équivalent de plusieurs mois de loyer). Ce type d’utilisation diminue la pression sur les ressources forestières puisqu’il consomme 14 fois moins de bois.
Enfin, un projet d’installation de systèmes de gazéification de biomasse concerne particulièrement deux combustibles : les balles de riz et l’eucalyptus, sans négliger à l’occasion l’usage d’autres déchets de produits végétaux, tels les coques de café, les écorces de noix de coco...

Deux projets pilotes sont en cours à Madagascar, pour démontrer grandeur nature qu’il est possible d’optimiser le taux d’utilisation des équipements, en y associant des industriels qui assurent un taux de charge de l’installation pendant le jour. L’un de ces projets pilotes est dans la région du lac Alaotra, pour le raccordement de 200 foyers ruraux. Le second est dans la région de Port Berger, avec le partenariat d’une usine d’égrenage de coton extra longue soie. Le nombre de foyers prévus dans un premier temps serait de 100. Dans ces deux projets, les unités de gazéification ont été mis en route depuis juillet dernier.
Dans un avenir proche, quatre autres communes de l’Est du lac Alaotra pourraient être concernées par un projet d’électrification rurale qui toucherait 2.000 foyers raccordés dans un premier temps, pour un coût global de 3,4 milliards d’ariary.

Dernièrement, les promoteurs de ce projet de bio énergie ont fait la connaissance d’un jeune entrepreneur malgache, ancien salarié de la JIRAMA, qui s’est lancé dans l’électrification rurale et qui, avec l’ADER, a mis en place 13 projets. Mais ces projets fonctionnant à partir de groupes électrogènes au gasoil, sa société fait de grosses pertes. L’entreprise de bio énergie a bâti avec lui un "plan de redressement" et des relations qui, à terme, permettront à Bionerr d’élargir son réseau de distribution.
Bionerr devrait prendre son rythme normal d’activité à partir de 2007 avec la vente d’unités de gazéification, en parallèle avec le suivi des activités déjà en place et d’éventuels nouveaux projets d’électrification rurale.

Pascale David

D’après un document Bioneer