Invasion de criquets et crise alimentaire à Madagascar

Younous Omarjee appelle à la solidarité de l’Union européenne

3 juillet 2013

Voici un communiqué Younous Omarjee, député de l’Alliance des Outre-mer au Parlement européen, réagissant à l’invasion de criquets dans la Grande île.

Younous Omarjee rappelle que malgré les alertes lancées depuis l’année dernière, la mobilisation n’est pas à la hauteur de la crise qui menace 13 millions de Malgaches.
(photo MM)

Le Député Younous Omarjee a alerté Mme Kristalina Georgieva, Commissaire européenne chargée de la Coopération internationale, de l’aide humanitaire et de la réaction aux crises, de la catastrophe naturelle qui affecte depuis plusieurs semaines l’île de Madagascar.

Confrontée à une invasion acridienne, Madagascar risque de subir une perte de 40 à 70% de ses récoltes de riz et de maïs. La sécurité alimentaire et nutritionnelle de plus de 13 millions de Malgaches est fortement engagée.

Malgré les alertes lancées par la FAO depuis 2012, les fonds internationaux font défaut pour enrayer cette crise qui affectera gravement et durablement une population dont 80% vivent avec moins d’un dollar par jour.

Face à la gravité de la situation, le Député Younous Omarjee a demandé à la Commissaire européenne, Mme Kristalina Georgieva, une intervention diligente de l’Union européenne via des opérations d’urgence et des aides humanitaires aux victimes malgaches, afin d’atténuer ses effets sur la population et sur l’environnement.

Le riz est l’aliment de base des Malgaches. Entre 40 et 70% de la récolte pourrait être perdue à cause des criquets.



L’appel de la FAO

13 millions de Malgaches menacés par la famine

« Madagascar est actuellement confrontée à une invasion acridienne qui pourrait toucher les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire et nutritionnelle de 13 millions de personnes. Cette invasion du Criquet migrateur malgache a débuté en avril 2012 et aura un impact considérable sur la production agricole et la disponibilité en pâturages pour le bétail. Le riz, ainsi que d’autres cultures, est sous la menace de dégâts majeurs à cause de cette invasion acridienne et cela pourrait avoir un considérable impact négatif sur l’offre interne et le prix des céréales.

80% sous le seuil de pauvreté

Madagascar est fréquemment exposée à des catastrophes naturelles ayant des conséquences très négatives sur les moyens de subsistance des populations rurales les plus vulnérables. Depuis 2009, les effets combinés de la sécheresse et des cyclones, ainsi que l’instabilité politique, ont aggravé les conditions de vie de milliers de ménages, principalement dans le sud-ouest du pays, où plus de 80 pour cent de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.

L’information reçue en février 2013 confirme la gravité de la crise acridienne dans le sud-ouest et l’ouest de Madagascar. Dans le sud-ouest, moteur de la dynamique des populations acridiennes, le cyclone Haruna, qui a traversé la zone les 22 et 23 février 2013, a non seulement entraîné des dégâts considérables, mais aussi amélioré les conditions de reproduction du criquet pour une période plus longue que d’habitude. Les données historiques, l’expérience acquise au cours des dernières décennies et l’information récente issues des évaluations de terrain montrent que, en l’absence de campagne en 2012/2013, au moins 1,5 million d’hectares pourraient être infestés par les criquets dans les deux tiers du pays avant septembre 2013.

Jusqu’à 100.000 tonnes par jour

Les adultes de Criquet migrateur peuvent se multiplier rapidement et former des groupes et des essaims très mobiles. En fonction de sa taille et de sa densité, un essaim de criquets peut consommer jusqu’à 100.000 tonnes de végétation verte par jour, y compris des cultures. Les régions administratives infestées par les acridiens représentant 50 pour cent de la superficie agricole totale consacrée à la riziculture et plus de 60 pour cent de la production totale de riz. Les dégâts potentiels que de grands essaims mobiles peuvent infliger sont phénoménaux.

Au vu de la détérioration de la situation, le Ministère de l’Agriculture de Madagascar a déclaré, le 27 novembre 2012, l’état d’alerte acridien et effectué une proclamation de calamité publique sur tout le territoire national. En décembre 2012, le Ministère de l’Agriculture a soumis une requête d’assistance technique et financière à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) afin de répondre à l’invasion acridienne en cours et assurer la mobilisation des ressources ainsi que la coordination et la mise en œuvre d’une réponse d’urgence.

Étant donné l’ampleur et l’extension géographique de l’invasion acridienne, la FAO estime que trois ans d’efforts soutenus correspondant à trois campagnes antiacridiennes successives (2013-2016), pour un total de 41,5 millions d’USD, seront nécessaires. De ce montant, 22,4 millions d’USD sont requis avant juin 2013 pour lancer une première campagne antiacridienne d’envergure (2013/2014).

Tous les fonds maintenant

L’expérience démontre qu’à Madagascar la mise en œuvre d’une campagne antiacridienne efficace (à partir de septembre de l’année 1 à mai/juin de l’année suivante) exige que tous les fonds soient disponibles pour une telle campagne en juin de l’année. Il faut noter que la campagne antiacridienne 2010/2011, mise en œuvre en réponse à une résurgence acridienne en 2010, n’a reçu que 50 pour cent des 14,5 millions d’USD requis, ce qui a rendu nécessaire une deuxième campagne estimée à 7 millions d’USD en 2011/2012 – cette dernière financée elle aussi à seulement 26 pour cent du total. En conséquence, les populations acridiennes non maîtrisées se sont multipliées et ont envahi un territoire plus vaste, et le total des fonds nécessaires pour faire face à l’invasion actuelle a augmenté. Une action immédiate est nécessaire pour éviter que ne se répète une situation similaire à la dernière invasion acridienne à Madagascar qui avait duré trois ans, de 1997 à 2000, et coûté au Gouvernement et à la communauté humanitaire internationale 60 millions d’USD pour traiter plus de 4 millions d’hectares.

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