L’île Maurice a accueilli l’an dernier 1,4 million de touristes en 2019. Depuis le 26 avril, aucun cas de COVID-19 n’y a été enregistré. Jusqu’à cette date, Maurice a compté 332 cas confirmés pour 10 décès dont 5 liés directement au COVID-19. Rappelons que pendant ce temps à La Réunion des cas importés de France viennent chaque jour aggraver un bilan qui se monte aujourd’hui à 496 cas dont 1 décès.
Cette situation moins grave qu’à La Réunion en termes de cas s’explique notamment par la décision de fermer la porte à la contamination venue d’Europe dès le 16 mars dernier. 4 jours plus tard, après l’annonce des trois premiers cas importés, le gouvernement a décrété le confinement. Les restrictions aux déplacements ont été levées depuis le 31 mai.
Mais à la différence de la France qui, à la demande de Réunionnais, veut augmenter la fréquence du nombre de vols pour La Réunion et lever la quarantaine au plus tard le 10 juillet, à Maurice, les décisions sont bien différentes.

Maurice renonce à 1,4 milliard de recettes

En effet, contrairement à ce qui se passe à La Réunion, l’aéroport de Maurice restera fermé jusqu’au mois de septembre. Même décision pour les arrivées de croisiéristes, ce qui signifie que nos voisins ont décidé de fermer la porte à tout cas importé jusqu’au mois de septembre. Cela signifie clairement que le gouvernement mauricien a décidé de faire une croix sur l’année touristique 2020. L’an passé, sur 1,4 million de touristes, plus de 800.000 venaient d’Europe. Les frontières resteront fermées aussi aux Réunionnais. Ils étaient plus de 130.000 l’an dernier et faisaient de La Réunion le 2e marché de touristes derrière la France, ex-aequo avec l’Allemagne.
Dans un pays d’un peu plus d’un million d’habitants, l’arrivée de 1,4 million de touristes venus de pays ayant habituellement un PIB par habitant plus élevé que Maurice est donc une importante source de recettes pour les profesionnels du tourisme et de nombreux secteurs de l’économie de nos voisins. En 2019, les dépenses des touristes ont rapporté 1,4 milliard d’euros aux Mauriciens. A côté, les chiffres de La Réunion font bien pâle figure. En 2018, 574.000 entrées avaient été dénombrées pour seulement 341.000 touristes selon la définition utilisée à Maurice, qui ont rapporté 432 millions d’euros. Autrement dit, à La Réunion, le tourisme pèse trois fois moins qu’à Maurice. Ce n’est donc pas une activité aussi stratégique.

Retard de La Réunion sur ses voisins

Mais un lobby anti-quarantaine a pris corps au sein de cette corporation. Et en lien avec l’État, il a atteint son objectif : la réouverture de l’aéroport de La Réunion sans contrainte mise à part un test obligatoire qui ne manquera pas d’être juridiquement contesté de la même manière de la quarantaine. Tout doit être réouvert au plus tard au 10 juillet, ce qui signifie laisser entrer librement des personnes venant de France, un pays où le COVID-19 tue tous les jours, avec l’émergence de nouvelles chaînes de contamination en raison d’un déconfinement inadapté.
Ceci démontre donc qu’à La Réunion, la France a fait le choix de privilégier les intérêts économiques au détriment de la population. Pendant ce temps à Maurice, c’est la santé de la population qui passe avant le profit. Dans ces conditions, qui pourrait encore oser dire que la France serait un pays riche tandis que Maurice serait un pays en développement.
Manifestement, les décisions de la France en matière d’ouverture de l’aéroport soulignent que le retard de La Réunion sur ses voisins immédiats continue de s’accumuler. Et ce retard incombe notamment aux Réunionnais qui demandent à Paris de relancer au plus vite un système en train de s’effondrer.

M.M.