En prise avec un système très coercitif

L’Île Maurice veut revoir l’organisation de la Justice

8 novembre 2005

Rama Valayden, ministre mauricien de la Justice et des droits de l’Homme, est à La Réunion en visite privée. Il en profite pour tenter de renforcer les relations entre nos îles. L’Île Maurice ouvre un grand chantier de réforme légale pour une réorganisation de la Justice.

Rama Valayden est le leader du Mouvement Républicain, mouvement écologiste de l’Île Maurice. C’est la première fois que ce parti compte un de ses membres au gouvernement. Invité pour venir fêter Dipavali à La Réunion, il a également participé hier après-midi à une conférence sur l’euthanasie. Nous l’avons rencontré hier matin, au Consulat de l’Île Maurice, où il nous a confié qu’un grand chantier était ouvert pour réorganiser la Justice à Maurice. Il nous a aussi fait part de sa volonté de développer les relations avec notre île.

Séparer le judiciaire du législatif

Avec plus de 2.000 prisonniers pour moins de 800 places à Maurice, confie Rama Valayden, "le système carcéral est en explosion : Maurice est un des pays qui a le plus de prisonniers après les Américains. La situation de nos prisons, à cause d’une politique d’hier, n’est pas très sanitaire. Le nombre de sidéens, d’attaques, de sodomies est en hausse...". Face à cette situation, le nouveau gouvernement lance "un grand chantier en matière de réforme légale pour une nouvelle organisation de la Justice" qui passe notamment par l’introduction d’un juge d’application des peines. Il y urgence car le ministre est conscient qu’"à Maurice, il y a eu une augmentation des brutalités policières, la personne en garde à vue n’a pas le droit à un avocat. Souvent, si on est pauvre, sans moyens, sans contacts, on est souvent brutalisé". C’est avec l’expertise que peut fournir La Réunion que l’Île Maurice veut réfléchir à la mise en fonction d’un juge d’application des peines. La justice mauricienne est appelée à changer progressivement. Un premier principe vise en matière de peine à "redonner au judiciaire la liberté de choisir, le droit de décider" que cela ne relève plus de l’exécutif, du législatif.

Zamal... attention !

Il a fallu tout l’engagement du ministre de la Justice et des droits de l’Homme pour que les deux Réunionnais arrêtés en possession de zamal à Maurice puisse venir purger leur peine à La Réunion, et Rama Valayden prévient : "Il ne faut pas que les jeunes soient tenter d’apporter du zamal à Maurice. La loi est très dure, il n’y a pas de distinction drogue douce, drogue dure. Toute personne qui apporte du zamal à Maurice, même une cigarette, peut facilement se retrouver en taule et attendre un an, avant que son procès ne soit entendu, voire 16 mois au maximum. Si vous êtes poursuivi comme importateur, vous risquez 45 ans de prison".
Seul avancement, Maurice étant signataire de la convention de Strasbourg, le concept de purger sa peine dans son pays d’origine a été introduit. La procédure bureaucratique reste très lourde, 6 mois au minimum, et il faut en faire la demande. Avec la réforme, "bientôt l’Île Maurice pourra dire qu’elle aura une Justice qui opère dans un délai très court", ambitionne Rama Valayden. Autre ambition mauricienne : accueillir de manière permanente la Cour Internationale d’Afrique.

Cousins

Le ministre mauricien est intervenu sur un tout autre sujet pour souhaiter une renaissance des relations de ville à ville, entre nos îles, en relançant les actions de jumelages ainsi qu’une partie de développement intra océan Indien dans le cadre de la COI. Un colloque de l’océan Indien sur cette question aura lieu à Beauséjour Rose Hill, en avril. L’idée centrale est de pouvoir nous inspirer les uns des autres, d’éliminer méconnaissances et préjugés. Une ligue de football de l’océan Indien est aussi envisagée.
Enfin, le ministre attire l’attention des autorités françaises sur les problèmes administratifs rencontrés par les Mauriciens pour se rendre à La Réunion. Il faut compter un délai entre 6 jours et 1 mois pour obtenir l’autorisation. Rama Valayden estime que "pour une familiarité, un cousinage entre Maurice et La Réunion, il faut alléger ces démarches qui ont entraîné une diminution du tourisme mauricien de 45%".

Eiffel


Not gay friendly

Il n’y a pas que la consommation de zamal qui est très sévèrement réprimée. La Justice mauricienne s’occupe aussi de régir la sexualité. La pratique de la sodomie fait encourir une peine de 5 ans de prison, que ce soit entre personnes du même sexe ou non, même entre personnes consentantes.


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Messages

  • Bonjour,
    Espérons enfin que les prisonniers puisent leur peine dans la dignité, car éffectivement ayant des proches condamnés à la prison de Beau Bassin à l’île Maurice leur incarcération est un enfer.
    Des hommes sans personnes, sans argent, même pas le droit à un avocat, brutalisés et abusés , ou même la famille n’a pas les moyens de les aidé, alors plutôt que de souffrir, on les abandonne ces personnes là et certains profitent de la situation pour abuser de leur pouvoir, sachant qu’ils ne pourront pas se défendre...
    A vous qui avez le pouvoir, Monsieur le ministre, d’imposer l’humanité avant tout.

    Voir en ligne : "La réorganisation de la justice de l’île maurice"

    • Bonjour,

      Mon ami est actuellement incarcéré a la prison de Beau Bassin, les conditions de vie sont elles les memes qu’il y a 3, 4 ans ?


Témoignages - 80e année


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