"Emtel ne pouvait rêver de plus grosse surprise", se réjouit “l’Express” daté d’hier. Notre confrère mauricien annonce l’arrivée de China Mobile dans le capital d’Emtel, opérateur de téléphonie mobile pionnier à Maurice depuis 17 ans. China Mobile est le premier opérateur mobile au monde en nombre d’abonnés. C’est une entreprise de plus de 120.000 employés cotée aux bourses de Hong Kong et New York, qui couvre 100% du territoire chinois depuis 2005. China Mobile est sur le point de racheter Millicom International Cellular. Cette firme basée au Luxembourg est contrôlée par le groupe suédois de télécoms et de médias Kinnevik. Elle est présente dans 16 pays. À Maurice, elle détient 50% du capital d’Emtel. Le reste appartient au groupe Currimjee.

Une première étape

"La transaction devrait être confirmée cette semaine", écrit “l’Express” pour qui cela "serait alors la plus grosse acquisition étrangère réalisée par une compagnie chinoise jusqu’ici". Une acquisition encore plus importante que "l’achat de la division PC d’IBM par Lenovo à pareille époque l’année dernière".
“L’Express” note que China Mobile appartient à l’État chinois, "cette société (...) s’intéresse précisément à la présence de Millicom dans les marchés émergents dont Maurice".
Pour “l’Express”, "China Mobile étend ses tentacules dans 16 pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine". Et d’expliquer que Millicom n’y a que dix millions d’abonnés (dont 250.000 à Maurice via Emtel) mais ces marchés ont un potentiel énorme. Ils totalisent une population de 400 millions de personnes.
"China Mobile veut s’imposer comme un leader mondial de la téléphonie mobile tout en permettant aux équipementiers chinois de s’étendre en fournissant les marchés émergents", note “l’Express” qui relève que le Chinois Huawei "a déjà décroché des contrats d’Emtel et de Cellplus. Une horde de nouvelles sociétés chinoises dans les télécommunications devrait suivre China Mobile à Maurice".

Chine, Inde et France

“L’Express” donne une analyse de la stratégie de l’entreprise chinoise. S’appuyer sur "la croissance exponentielle du marché chinois (plus de 20% annuellement)" pour s’étendre dans le monde.
"Le but n’est pas de mater les grands noms, mais d’entrer sur les marchés émergents qui peuvent être plus rentables que la Chine tout en ouvrant de nouvelles portes pour les équipementiers chinois", écrit “l’Express” pour qui "cette acquisition, si elle se réalise, marquerait l’entrée, par la grande porte, des géants des télécoms chinois en Europe et en Afrique".
Dorénavant, la téléphonie mobile à Maurice est le lieu des confrontations de trois grandes puissances économiques. Le groupe français France Télécom est actionnaire de Mauritius Télécom (et par conséquent de Cellplus son émanation GSM), l’Inde a placé ses billes dans Mahanagar Telecommunications Mauritius Limited, et les Chinois pourraient alors prendre le contrôle d’un troisième opérateur, Emtel.

Telecom World 2006 à Hong Kong

Depuis sa fondation au début des années 70, jamais l’Union internationale des télécommunications (UIT) n’a tenu cet événement hors de Genève, son lieu d’établissement. Comme l’avenir de l’industrie des technologies de l’information dépend de plus en plus des marchés d’Orient, l’organisme fait un gros clin d’œil à l’Asie et tiendra exceptionnellement son rendez-vous mondial - qui retourne à Genève en 2009 - en terre de Chine, à Hong Kong, du 4 au 8 décembre 2006.
Le choix de Hong Kong de plusieurs manières : d’abord l’excellente infrastructure disponible, aussi par le fait que les éditions 2000 et 2002 de la conférence régionale Asie de l’ITU ont été tenues avec succès à Hong Kong, enfin parce que c’est en Asie que les marchés du futur se trouvent.
Par ailleurs, les organisateurs de cet événement bénéficient de l’appui du gouvernement chinois, qui a même décidé d’annuler une importante foire commerciale en télécom qui devait se tenir à Pékin en octobre, pour ne pas nuire aux succès de Telecom World 2006. L’évènement est en quelque sorte les “Olympiques des télécoms” et cette fois il aura comme thème : “Living the Digital World”.