Une délégation du TCO à la Journée internationale des jockeys

Vers un champ de courses à La Réunion

9 décembre 2005

L’hippodrome du Champ de Mars à Port-Louis, la capitale de Maurice, a vibré au rythme effréné de la 12ème édition de la Journée internationale des jockeys ’International Jockeys’ Day’ ce dimanche 4 décembre. Organisée par le Mauritius Turf Club (MTC), cette manifestation d’envergure internationale a été l’occasion pour une délégation réunionnaise du TCO (Territoire de la côte Ouest) d’aller à la rencontre des professionnels des courses hippiques et de leur présenter le projet d’aménagement d’un hippodrome à La Réunion en 2009.

Il est question d’un temps que les moins de 60 ans ne peuvent pas connaître. Un temps où le site de la Redoute à Saint-Denis résonnait du galop des chevaux fonçant vers la ligne d’arrivée et des cris des parieurs s’époumonant à encourager leur favori. Ce temps-là n’est plus. Les bruits des sabots ont été remplacés par les foulées des sportifs courant derrière un ballon. L’hippodrome a été remplacé par un stade. Lancées en 1849, les courses hippiques ont été supprimées en 1954. Elles attiraient pourtant beaucoup de monde.
À Maurice par contre, les galops, les clameurs et les paris n’ont jamais cessé. Les Mauriciens sont de fervents adeptes des courses de chevaux. L’affluence au Champ de Mars, l’hippodrome de Port-Louis le prouve régulièrement. C’était encore le cas ce dimanche 4 décembre, lors de la 12ème édition de la Journée internationale des jockeys organisée par le Mauritius Turf Club. De renommée internationale, cette manifestation a aussi été l’occasion pour le TCO d’aller à la rencontre des professionnels des courses hippiques et de leur présenter le projet d’aménagement d’un hippodrome à La Réunion. Un équipement qui pourrait être mis en service en 2009.
L’idée est venue d’un groupe de passionnés des courses. En 1999, ils créent la société des courses de La Réunion. Persuadés que la filière équestre est porteuse d’un fort potentiel de développement, ils sollicitent le TCO pour l’implantation d’un hippodrome dans l’île. La communauté d’agglomération est très intéressée. Le projet est officiellement lancé en 2003. Si tout va bien, les premières courses auront lieu en 2009.

Création de 300 emplois

En attendant, un comité de pilotage du projet a été mis en place. Christian Papoussamy, directeur général des services du TCO, et Marie-Laure Bouthillon, directrice des services Économie et Tourisme, en font partie. Une étude de faisabilité a été réalisée. Elle a été approuvée par les élus du TCO. "D’une ampleur économique réelle, la mise en service d’un hippodrome entre parfaitement dans le cadre du "projet d’agglomération" d’intérêt communautaire et régional du TCO. Par là même, cet équipement se positionne au centre de l’étude urbaine du "cœur d’agglomération" de la Plaine de Cambaie", note en effet le TCO.
Le terrain de 70 hectares prévu pour la réalisation du projet se situe sur les terres exondées de la Rivière des Galets, classées zone à risque et donc uniquement exploitables dans le cadre d’un parc de loisirs. La valorisation de ce terrain constitue ainsi une passerelle entre le parc urbain de la commune du Port et celui de Saint-Paul.
En ce sens, Marie-Laure Bouthillon estime que le projet "parc urbain et hippodrome" va au delà de la seule connotation hippique. "Il est à lui seul un vrai projet d’aménagement du territoire et il représente une réelle opportunité pour La Réunion notamment en termes de création d’emplois", précise-t-elle. "150 emplois directs et 150 autres emplois indirects ou vacataires seront créés. De nouveaux métiers, jockey, entraîneur, étalonnier, éleveur etc... verront le jour", énumère-t-elle. "L’Ouest est la vitrine du tourisme de notre île. L’implantation d’un hippodrome donnerait un cachet supplémentaire à la région", assure pour sa part Christian Papoussamy.
La concrétisation du projet coûtera environ 20 millions d’euros. Les communes du Port et de Saint-Paul apporteront 40% du financement et le Conseil régional 30%. Le TCO espère que le Conseil général apportera les 30% manquants (voir encadré).
L’investissement est certes considérable, mais il devrait structurer une filière économique et agricole très importante. Les promoteurs du projet estiment en effet, qu’une dynamique économique découlera de la mise en place d’une filière d’élevage de chevaux avec la création d’un label "né et élevé à La Réunion". Une opportunité pour Maurice, notamment, qui achète 90% de ses chevaux en Afrique du Sud. De même, l’espace rural mis en valeur permettra aux agriculteurs de créer de nouvelles activités complémentaires autour de l’hippisme.

Traditions des courses

Les promoteurs du projet sont bien-sûr conscients qu’il faudra du temps pour arriver à rentabiliser l’équipement et l’ensemble de la filière qui en découlera. Cela d’autant qu’après un demi siècle d’absence, la tradition des courses s’est estompée de la mémoire collective réunionnaise. "À Maurice, les courses sont ancrées profondément dans la culture et les traditions de la population. J’ai peur que cette ferveur ne soit pas ressentie à La Réunion", note à ce propos Raymond Lauret, conseiller régional qui faisait partie de la délégation réunionnaise. Il pense qu’une étude sociologique sur la question ne serait pas inutile. Rappelons toutefois que La Réunion fait partie des régions de France enregistrant le plus grand nombre de paris au PMU.
C’est aussi ce qui fait dire à Paul France Tennant, président du Mauritius Turf Club, "qu’il est nécessaire pour La Réunion d’avoir un hippodrome". Il croit fermement au projet et se dit prêt à aider le TCO en lui apportant des idées et son expérience des courses. Avec ces 193 années d’existence, le MTC est considéré comme l’un des plus vieux clubs de courses hippiques du monde. Quant à Louis Romanet, président de la Fédération internationale des autorités des courses au galop (FIAGG), il note que l’implantation d’un hippodrome à La Réunion "est une merveilleuse idée. Cela favorisera les échanges entre Maurice et La Réunion et créera une synergie positive entre les dirigeants, les propriétaires, les professionnels des courses". Il souligne que La Réunion est le seul DOM (excepté la Guyane où le climat n’est pas favorable) n’ayant pas encore son hippodrome. Il reconnaît cependant que la notoriété d’un hippodrome est assez longue à acquérir - 5 ans en moyenne -, le temps que la compétitivité, la maturité, la qualité et l’expérience soient atteintes. Il se dit, lui aussi, prêt à aider les promoteurs du projet réunionnais pour que leur réussite soit totale.
La Réunion est donc en phase d’attente de la concrétisation du projet. Quant à l’Île Maurice, elle compte sereinement les 60 millions de roupies que les 60.000 amateurs de courses hippiques sont venus parier sur leurs jockeys stars dans la seule journée de dimanche 4 décembre.

Texte et photos Imaz Press Réunion


Un Réunionnais récompensé
Le TCO a profité de la présence de sa délégation à Port-Louis pour remettre en main propre un trophée à Johan Victoire, jeune jockey réunionnais de 18 ans. Le jeune homme a remporté sa 70ème victoire lors de cette 12ème édition de la Journée internationale des jockeys. Il espère que le projet d’implantation de l’hippodrome va aboutir et ne doute pas que l’ambiance sera au rendez-vous dans les tribunes réunionnaises. Johan Victoire inscrit d’ores et déjà son nom sur la liste des participants aux courses hippiques de 2009 à La Réunion.

Formation et rentabilisation
À La Réunion, des programmes de formation de jockeys pourrait être lancés à la rentrée 2006. Par ailleurs, si les premières courses ont lieu en 2009, il faut dès à présent former 24 personnes aux métiers spécifiques de la filiale hippique. Marie-Laure Bouthillon précise que "20 jours de courses par an ne suffiront pas à rentabiliser la structure économiquement". Le TCO va donc prochainement lancer un appel d’offres à l’échelle européenne pour la création d’un pôle d’animation locale et sociale. La polyvalence du site serait ainsi complète et l’image touristique de la côte Ouest en serait renforcée.

À propos de financement
Malgré la volonté et la ténacité des promoteurs du projet, ce dernier n’est pas totalement assuré de voir le jour. "Le financement était bien ficelé en 2003. La Région, par le biais du FRDE (Fond régional de développement économique - NDLR), devait participer à hauteur de 80%. Le TCO finançait les 20% restant sous forme d’un contrat d’agglomération signé entre la Région, le Conseil général et l’État", explique Christian Papoussamy, directeur général des services du TCO. Mais une loi votée courant 2004 a remis en cause ce contrat d’agglomération. "Cette loi a "confisqué" le FRDE. Elle reprend l’enveloppe gérée par la Région et la répartit sur l’ensemble des communes sur 3 ans", note Christian Papoussamy. Par conséquent, la Région ne peut plus honorer le contrat initial.
La répartition du financement a donc été revue et se présente ainsi aujourd’hui comme suit : les 2 communes du Port et de Saint-Paul apportent 40% du financement, la Région 30%. Le Conseil général devrait verser les 30% manquants. En attente de confirmation à ce jour.


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Messages

  • Bonjour,

    Je pense que c’est une trés bonne idée. Les courses hippiques sont un enchantement aussi bien pour l’aval que l’amont de la filiére.
    Que doit on faire pour participer a ce projet ?????

  • Je pense que c’est une excellente idée d’ailleurs c’est l’idée que j’ai eu également et c’est elle qui m a fait venir ici !!!!
    Tout comme la question précédente que puis je faire pour participer et faire mûrir ce projet ?

  • Bonjour, Etant un des co-fondateur en 1999 de la nouvelle Société des Courses de la Réunion , j’ai fait le déplacement à mes frais depuis la métropole pour répondre à la demande de plusieurs personnalités de l’ile ( MrsGilbert Canabady ,Lilian Reilhac , Donche etc... nous avons été reçu par le maire de St Pierre Mr Elie Houarau et ensuite par une délégation départementale de Mr Verges pour une étude de faisabilité sur un site de St Pierre .
    J’étais entraineur de chevaux en métropole et j’ai apporté ma contribution au projet en faisant comprendre toute la différence entre un hippodrome avec ses terrains d’entrainement et un club hippique ; l’intérêt d’une piste en sable fibrée par rapport à celle en gazon à l’entretien plus difficile et onéreux ; depuis , je suis reparti en métropole et je n’ai plus eu de nouvelles de ce projet , si ce n’est que la société a obtenu l’agrément des Haras Nationaux, des Finances, de l’Agriculture ; c’est pour moi une satisfaction mais aussi une
    frustration car je n’ai pas été tenu au courant des comptes rendus sur les assemblées ordinaires et extraordinaires obligatoires de la Société ; pouvez vous me dire qui est Président actuellement
    Par avance Merci
    [email protected]


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