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50% du RSA à Mayotte tout de suite
Pour rétablir la confiance, le gouvernement doit agir
lundi 24 octobre 2011, par
Depuis le mois d’avril, les citoyens mahorais vivent dans un département. Six mois après ce changement, l’île connaît une grave crise sociale dont l’élément déclencheur est le pouvoir d’achat. Lors d’une conférence de presse tenue jeudi aux côtés d’Élie Hoarau, Jean-Hugues Ratenon et Gilles Leperlier de retour de Mayotte, Paul Vergès a proposé l’application immédiate du RSA à 50%, et non pas 25% comme le veut le gouvernement au 1er janvier. Cette mesure doit s’accompagner d’un engagement de l’État à fournir un calendrier précis de la mise en œuvre de l’égalité, et de l’application elle aussi immédiate du RSTA et du bonus COSPAR.
Depuis bientôt un mois, Mayotte est concernée par un mouvement social d’une très grande ampleur. Toute la société est concernée. Des débordements très inquiétants ont eu lieu. Une personne est décédée suite à l’intervention des gendarmes, et un jeune de 9 ans a perdu un œil après avoir été la cible d’un tir d’un autre gendarme.
L’élément déclencheur n’est pas nouveau, c’est le problème de la vie chère. Prévenu en janvier dernier par un sénateur pourtant de sa majorité, le gouvernement n’a pas agi pour lutter contre l’élément déstabilisateur qu’est la vie chère.
Depuis le mois d’avril, Mayotte est un département. Les lois sociales doivent s’y appliquer. Mais force est de constater que la faiblesse du pouvoir d’achat a amené la population à la révolte. Les prix sont plus élevés qu’à La Réunion, et la population n’a pas droit aux mesures de l’Égalité.
Arrêter d’humilier
Lors de sa venue à Mayotte le 14 octobre dernier, la ministre de l’Outre-mer n’a annoncé aucune mesure visant à accélérer l’égalité. La seule proposition, c’est un bon d’achat de 5 euros par produit et par mois pour 14.000 familles inscrites à la CAF.
Comme à La Réunion, le chômage touche durement la population. Mais à la différence de notre pays, il n’existe pas de revenu minimum pour permettre aux personnes exclues du droit au travail de survivre.
Ce que compte faire le gouvernement, c’est appliquer le RSA à partir du 1er janvier prochain. Mais ce ne sera que 25% du RSA qui sera versé, et pas avant le 1er mars. Autrement dit, à un mois de la Présidentielle, les allocataires du RSA recevront le bénéfice de janvier, février et mars, comme l’a rappelé en substance la ministre dans le discours qu’elle a prononcé depuis le rocher de Dzaoudzi, loin de la Grande Terre où vivent l’essentiel des Mahorais.
C’est ce genre de déclaration qui a accentué la colère de la population. La traduction du discours de la ministre en shimaoré a été coupée par les manifestants, et l’écran géant qui reproduisait l’image à Mamoudzou a été déchiré. Le message est clair : il faut arrêter d’humilier les Mahorais.
Eviter les soupçons d’achat de voix
Lors de la conférence de presse tenue jeudi dernier aux côtés d’Élie Hoarau, Jean-Hugues Ratenon et Gilles Leperlier de retour de Mayotte, Paul Vergès a proposé l’application immédiate du RSA à 50%. À cela s’ajoute aussi l’extension immédiate du RSTA et de la prime COSPAR pour tous les salariés gagnant moins d’1,4 SMIC à Mayotte.
En plus de ces mesures, le gouvernement doit proposer un calendrier précis de mise en œuvre de l’Égalité.
L’application de ces mesures maintenant, c’est-à-dire à un délai assez éloigné de la Présidentielle, permettra également d’échapper à toute suspicion d’achat de voix en échange de versement de prestations sociales. C’est un moyen rapide et efficace de sortir de la crise par le haut.
M.M.
RSA : pourquoi attendre la veille des élections ?
Prop. PCR | Gouvernement | Prop. PCR | Gouvernement | Prop. PCR | Gouvernement | |
---|---|---|---|---|---|---|
Octobre | 233 | 0 | 420 | 0 | 677 | 0 |
Novembre | 233 | 0 | 420 | 0 | 677 | 0 |
Décembre | 233 | 0 | 420 | 0 | 677 | 0 |
Janvier | 233 | 0 | 420 | 0 | 677 | 0 |
Février | 233 | 0 | 420 | 0 | 677 | 0 |
Mars | 233 | 350 | 420 | 630 | 677 | 1016 |
Avril | 233 | 117 | 420 | 210 | 677 | 339 |
Somme perçue | 1631 | 466 | 2940 | 840 | 4739 | 1354 |
Différence au profit des Mahorais | 1282 euros | 250% | 2310 euros | 250% | 3724 euros | 250% |
RSA de base | RSA monoparental avec 2 enfants |
RSA 4 enfants |
Ce tableau compare les sommes que pourraient percevoir les allocataires du RSA à Mayotte si cette allocation était versée maintenant (proposition du PCR), ou si cette allocation était versée un mois avant la Présidentielle (proposition du gouvernement). La différence est considérable : 250%.
Il est également important de noter qu’avec la proposition du gouvernement, les Mahorais n’auront rien avant le mois de mars. Jusqu’au premier versement, comment vont-ils faire pour survivre ?
L’urgence, c’est donc l’application immédiate et à 50% du RSA. Pour les Mahorais, c’est un gain minimal de plus de 1.000 euros.
Guerre en Libye : au moins 300 millions d’euros partis en fumée
Interrogé par le Grand Rendez-Vous Europe 1/i-Télé/Le Parisien-Aujourd’hui en France, Gérard Longuet est revenu sur l’intervention de la France en Libye ces derniers mois. « L’opération en Libye a coûté 300 millions d’euros à la France », a déclaré le ministre de la Défense. Cela correspond au tiers des sommes dépensées pour les expéditions militaires hors de France en 2011.
Venant du gouvernement, cette estimation est forcément minimale. Si le gouvernement est capable de dépenser des centaines de millions d’euros pour larguer des bombes sur les Libyens, qu’attend-il pour régler le problème du pouvoir d’achat à Mayotte ?