A Mayotte, l’impasse est totale.

4 septembre 2019, par Julie Pontalba

Une rentrée des classes endeuillée ; des normes sociales inappliquées ; un syndicaliste qui réclame une sur-rémunération de 1,60% ; l’appel à de moyens policiers supplémentaires ; les ingrédients d’une situation explosive est en place.

En effet, nous apprenons avec tristesse qu’un jeune homme de 19 ans est mort par lapidation devant le lycée Sarda de Mayotte, le 31 août. Il était venu s’inscrire dans cet établissement qui est situé à une vingtaine de Km de Mamoudzou, sa commune d’origine. Quels sont les motifs du drame ?

L’article paru dans La Croix, auquel nous faisons référence, n’en dira pas plus sur les faits : “On n’en sait pas grand-chose”. Par contre, le malaise, le sentiment d’insécurité, le manque de moyens humains et financiers sont parfaitement décrits. Des classes en réseau prioritaire qui comptent plus de 35 élèves alors que le quota maximum accepté sur le territoire français (DOM y compris) est de 24 élèves par classe. Il est noté un manque de personnel compétent qu’on semble attribué à un salaire insuffisamment attractif. L’article note qu’à La Réunion, celui-ci est indexé à hauteur de 53% tandis qu’à Mayotte il l’est de 40%.

Pour répondre à l’état d’urgence sociale et sécuritaire, les revendications sont toujours du même ordre : plus de moyens répressifs, plus de gendarmes pour protéger la population, plus de moyens financiers pour faire venir un personnel compétent. En clair, les réponses sont extérieures et les Mahorais sont en dehors des solutions.

Présente dans l’île quelques jours avant le drame, la ministre de l’Outre-Mer avait déjà annoncé le déblocage de moyens exceptionnels pour lutter contre la délinquance et les violences aux abords des établissements scolaires.

Mais à aucun moment on entend parler de plus de dialogue avec la population, pour comprendre d’où viennent ces violences explosives. Pourquoi en arrive t-on à ce genre d’attaque répétée devant les établissements scolaires, symbole du savoir, certes, mais aussi lieu de concentration des contradictions de la société Mahoraise, en voie d’assimilation française forcée ? Cela occasionne une impasse totale et cela n’est sans nous rappeler la situation dans notre propre île où malgré les moyens plus importants la crise est toujours là, en filigrane. Un projet, écrit par les habitants devient de plus en plus urgent.

Julie Pontalba.

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