Emmanuel Macron veut « lancer un travail plus vigoureux » avec les Comores concernant Mayotte

24 novembre 2022

Le président Emmanuel Macron veut « lancer un travail plus vigoureux » avec les Comores et mettre plus de « moyens militaires (...) pour "stopper les départs" de migrants vers Mayotte, où se produisent des affrontements violents entre bandes rivales depuis plusieurs jours.

En effet, depuis une dizaine de jours, Mamoudzou, la plus grande ville de Mayotte, est secouée par des conflits entre jeunes de quartiers rivaux, qui ont fait le 12 novembre plusieurs blessés et un mort : un jeune de 20 ans tué à la machette.

Le quartier de Kawéni, d’où était originaire la victime, s’est enflammé après l’attaque d’un autobus scolaire. Samedi 19 novembre, 200 à 250 jeunes issus de ce quartier se sont réunis pour en découdre avec ceux du quartier de Doujani, plus au sud, selon la police.

Le lendemain, un automobiliste a été poignardé à Mtsapéré Bonovo, un autre quartier de Mamoudzou, selon une source policière. Plusieurs enfants ont été blessés dont un mineur de 12 ans, qui a reçu un coup de machette à la tête le 16 novembre lors de l’attaque de son car scolaire.

Face à une telle montée de la violence, le président, interpellé par des élus de Mayotte lors de sa visite du Salon des maires au Parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris, a déclaré "nous allons maintenant lancer un travail beaucoup plus vigoureux avec les Comores pour stopper les départs".

"On va mettre plus de moyens militaires aussi en mer pour pouvoir éviter les arrivées", a-t-il ajouté, précisant avoir "parlé ces derniers jours" avec le président des Comores, Azali Assoumani. Le président français a également rappelé la décision du gouvernement de déployer à Mayotte le Raid, l’unité d’intervention d’élite de la police, après des affrontements violents.

"Face à ce phénomène, on va avoir d’abord une réponse sécuritaire au plus vite, ensuite de coopération mais avec beaucoup de force (avec les Comores), et troisièmement on doit poursuivre le travail en profondeur de réformes sur Mayotte, parce qu’on voit bien qu’aujourd’hui notre situation, nos règles, doivent être adaptées face à la réalité du terrain", a-t-il assuré.

Mayotte fait face depuis plusieurs années à des montées de violences entre jeunes de quartiers rivaux. Des mouvements de contestation ont alors éclaté, signe de la frustration et de l’insécurité grandissante dans le département. Paris avait alors annoncé l’envoie de renforts policiers pour tenter d’endiguer le phénomène.

Cependant, dans une interview de Franceinfo le 23 novembre, le maire du chef-lieu de Mayotte, Ambdilwahédou Soumaïla, a dénoncé l’idée que les violences qui secouent l’île se résumeraient à des règlements de comptes entre bandes rivales.

"Je pense qu’on fait une grosse erreur. On l’a toujours faite depuis quinze ans. On est en train de réduire ça à des violences urbaines, à des attaques entre bandes. Ce sont des terroristes, c’est du terrorisme. Ils sont organisés et ils ne se déplacent pas par hasard. Quand vous êtes 30, voire 50 personnes, vous planifiez vos attaques" insiste-t-il. 

De son côté, la députée Estelle Youssouffa estimait sur les ondes de franceinfo que Mayotte était "au bord de la guerre civile". D’après les chiffres présentés par le maire de Mamoudzou : 346 faits de violence ont été recensés au cours du seul mois d’octobre, pour un bilan de six morts et huit tentatives de meurtre.

"En réalité, le vrai bilan, qui n’est pas du tout mesurable, c’est la terreur psychologique, le dégât psychologique que fait cette violence du quotidien, ce terrorisme du quotidien", a assuré Ambdilwahédou Soumaïla. L’ensemble de la classe politique mahoraise a salué la démarche du gouvernement, mais les élus attendent désormais plus de moyens humains et des actions concrètes des autorités et force de l’ordre pour endiguer les violences.


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