Selon Paris, créer une catégorie de sous-citoyens à Mayotte réglera les problèmes
Fin du droit du sol à Mayotte : très dangereuse diversion parisienne
13 février, par
Personne ne peut croire sérieusement que la suppression du droit du sol à Mayotte y diminuera les arrivées de personnes considérées par Paris comme des clandestins.
C’est une diversion afin que Paris puisse se maintenir dans ce territoire sans avoir à assumer le coût de l’intégration de Mayotte à la République française.
Ajouté aux îles malgaches toujours occupées par l’ex-puissance coloniale, Mayotte département low-cost permet à Paris de maintenir son contrôle sur le Canal du Mozambique, lieu de passage stratégique du commerce maritime mondial et source potentielle d’importantes richesses.
Les causes de la crise à Mayotte sont connues. Elles découlent uniquement de décisions depuis 1975 prises par Paris et ses alliés à Mayotte. Ceci a constamment aggravé la situation. Aujourd’hui, la population a peur de se déplacer à cause de barrages tenus par des bandits, elle souffre du manque d’investissements de Paris et de la classe dominante à Mayotte en matière d’accès à l’eau potable, à l’école, à un travail digne et suffisamment payé, à un logement. A cela s’ajoute les conséquences des différents coups d’État qui se sont succédé aux Comores, perpétrés par d’anciens militaires français.
Paris a donc créé les conditions d’une immigration importante à Mayotte en provenance des îles voisines. Pour lutter contre ce phénomène, Paris a dressé des barrières. Depuis 1995, un visa est obligatoire pour poser le pied à Mayotte en provenance d’une des autres îles de l’archipel des Comores. Manifestement, cette mesure n’a pas freiné les arrivées à Mayotte. C’est à se demander si l’augmentation de personnes considérées comme « sans papier » ne profite pas à une classe d’exploiteurs qui peut trouver des travailleurs taillables et corvéables à merci.
Causes profondes de la crise ignorées
Paris décide de persister sur la voie de la diversion. C’est l’annonce par un ministre en visite que la Constitution sera changée pour interdire l’accès à la citoyenneté à ceux dont les parents n’ont pas la nationalité française, et cela uniquement à Mayotte. Pour le représentant de Paris, cela réduira considérablement le flux des arrivées clandestines à Mayotte.
Or, les causes profondes de la crise sont ignorées alors qu’elles sont connues. Paris n’a donc manifestement par la volonté de les combattre efficacement.
En effet, alors que Paris a fait de Mayotte un département français en 2011, une législation sociale d’exception continue d’y être appliquée. Elle interdit aux résidents de nationalité française à Mayotte d’avoir droit au même SMIC et aux mêmes prestations sociales qu’en France.
La Cour des comptes avait rappelé l’inefficacité de l’administration française à Mayotte, source de gaspillage d’argent public à cause d’un manque de suivi des dossiers notamment. Les carences en matière d’accès à l’eau potable font tourner les regards vers les collectivités, responsables de cette compétence.
Autrement dit, l’argent arrive en abondance à Mayotte. Mais selon le discours officiel c’est la faute des « étrangers » si la crise a atteint ce point, pas aux gestionnaires de l’argent public à Paris et à Mayotte.
Mayotte département low-cost
Personne ne peut croire sérieusement que la suppression du droit du sol à Mayotte y diminuera les arrivées de personnes considérées par Paris comme des clandestins.
C’est une diversion afin que Paris puisse se maintenir dans ce territoire sans avoir à assumer le coût de l’intégration de Mayotte à la République française. Ajouté aux îles malgaches toujours occupées par l’ex-puissance coloniale, Mayotte département low-cost permet à Paris de maintenir son contrôle sur le Canal du Mozambique, lieu de passage stratégique du commerce maritime mondial et source potentielle d’importantes richesses.
Malheureusement, Paris peut compter sur une classe dominante qui fait de la surenchère dans ce domaine. Le refus de Paris de reconnaître l’indépendance des Comores en totalité avait débuté à Mayotte par la répression de militants anti-colonialistes supposés ou avérer. Porter une inscription favorable aux Comores sur un t-shirt valait une expulsion immédiate. Près de 10 % de la population fut ainsi interdite de séjour dans son île. Légion étrangère, parachutistes et autres militaires français affichaient une mansuétude face à l’incendie des maisons d’opposants au maintien de l’administration française.
Cette classe dominante utilise de telles méthodes depuis plusieurs années contre les nouveaux arrivants non-européens, ce sont les opérations de « décasage » de triste mémoire. L’élément nouveau est l’appui officiel de Paris à ces exactions : ce fut l’opération Wuambushu dirigée par le gouvernement l’an dernier.
Mais ce discours raciste a de moins en moins de possibilité de séduire une nouvelle génération de Mahorais ouverte sur le monde. C’est dans cette jeunesse que réside l’espoir d’un changement positif pour Mayotte, pas dans cette nouvelle très dangereuse diversion parisienne.
M.M.
Messages
13 février, 21:51, par Arthur
Pour info, je conseille de revoir sur France 5, l’émission "C dans l’air" d’hier lundi 12.2. Le sujet était " L’Enfer de Mayotte, l’extrême droite en embuscade", pour ceux qui s’intéresse à ce sujet oh combien brulant, dans les deux sens du terme soit à la fois urgent et grave pour l’avenir de ce dernier département français, le plus pauvre de France. Bonne semaine soyons vigilant, Arthur qui attend le TER péi Ste Rose St Joseph enfin.