Clandestins d’Anjouan à Mayotte

La galère d’une femme enceinte

6 juillet 2007

Elles s’appellent Zaha, ou encore Soundoussia. Ce sont des femmes comoriennes qui viennent donner naissance à leur enfant à Mayotte. L’extrait de naissance de leur enfant sur le territoire français représente l’espoir de pouvoir rester à Mayotte, et d’offrir à leur enfant un avenir meilleur. Avec 8000 naissances par an, une large proportion de mères clandestines, la maternité de Mamoudzou est la première d’Europe.

Photo d’archives

À la maternité de Mamoudzou, les accouchements se succèdent. On en compte une dizaine par garde, soit une dizaine la journée et une dizaine la nuit. Avec 8.000 accouchements par an, la maternité de Mamoudzou est la première d’Europe. Enceintes, elles tentent le traverser en kwassa-kwassa depuis les Comores, dans l’espoir d’obtenir la nationalité française pour leur enfant.
Même si la naissance à Mayotte n’est pas une garantie pour devenir Français, ces mères savent qu’elles auront le droit de rester sur l’île quelques années. Grâce à l’extrait de naissance qui certifie que l’enfant est né sur le territoire français, l’enfant pourra suivre une scolarité et prétendre à la nationalité à l’âge de 13 ans, à condition de justifier de 5 ans de présence sur le territoire. La mère, elle, ne peut plus être expulsée même si sa situation n’est pas régularisée. Pour obtenir, dès la naissance, la nationalité française pour le bébé, les femmes qui en ont les moyens (4.000 euros) peuvent cependant acheter une reconnaissance en paternité fictive.

Douze heures sur le kwassa-kwassa

Un reportage réalisé par Pascale Poirier et diffusée sur TV5 Monde Afrique a suivi à visage découvert une clandestine, de l’île d’Anjouan à son arrivée à Mayotte. Zaha a 19 ans. Elle a un premier enfant, un petit garçon à peine âgé de deux ans. A Anjouan, les femmes ont en moyenne une dizaine d’enfants. Enceinte de 8 mois, elle décide de se rendre à Mayotte, plus précisément à M’Tamboro où son mari lui aussi clandestin travaille en tant que maçon. La mère de Zaha tente de la dissuader : Zaha a déjà été expulsée de Mayotte une premère fois. Mais la jeune femme a déjà pris sa décision. À Anjouan, c’est la misère. La moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, le pays a connu 15 coups d’État en 30 ans.
Zaha n’a pas eu de mal à trouver un passeur. Elle rasure le passeur : quoi qu’il arrive en mer, elle saura se débrouiller. La traversée se fait en kwassa-kwassa avec son fils, 6 autres femmes enceintes et des enfants, ainsi que 9 hommes. On estime qu’une centaine de clandestins suivent le même chemin que Zaha chaque mois. Ce soir-là, Zaha a de la chance. La mer est calme. Mais partie à 18 heures d’Anjouan, elle n’atteindra Mayotte qu’à 6 heures le lendemain. Le kwassa-kwassa a repéré une patrouille de la brigade nautique près des côtes. Sans problème, la traversée dure 3 heures.
Zaha arrive à Mamoudzou. Vers midi, elle tente de prendre le taxi pour se rendre à M’Tamboro. Les clandestins ne sont pas appréciés, mais elle finit par obtenir une place dans un taxi. Arrivée à destination, Zaha découvre que son mari a été expulsé. Un cas de délation. Enceinte, avec un enfant, Zaha se retrouve sans mari, sans argent, sans maison. Quoi qu’il en soit, elle ne renonce pas à sa visite du 8ème mois de grossesse au dispensaire. Là-bas, la visite est gratuite.

Zaha, sans mari, sans argent, sans maison

Il ne reste à Zaha que 4 euros en poche. Seule solution qu’il lui reste, prendre un taxi pour trouver refuge chez son frère et sa belle-soeur, eux aussi clandestins depuis cinq ans. « A Mayotte on nous pourchasse mais on arrive à vivre malgré tout. On joue à cache-cache avec la police, on s’enfuit tout le temps. Tout ça, même si moi je reste clandestine, je le fais pour mon enfant. Il suivra une scolarité et deviendra français », explique Zaha devant la caméra. Entre eux, les Anjouanais se reconnaissent et savent faire preuve de solidarité. En attendant le taxi à Mamoudzou, un homme lui offre discrètement à manger. Elle accepte, son enfant n’a rien mangé depuis leur arrivée.
Son frère et sa belle-soeur l’accueillent à bras ouvert. Même si pour eux la vie est difficile à Mayotte. Le frère de Zaha est ouvrier agricole, payé à 200 euros par mois. « Les Mahorais sont payés le Smic, soit 600 euros par mois », explique-t-il. Les Clandestins ne gagnent même parfois que 100 euros, et parfois rien. « C’est pas normal qu’on nous traite comme ça, comme des esclaves. Si on n’est pas payé, on ne peut que supporter et se taire », poursuit le jeune homme.
Deux mois plus tard, Zaha est toujours à Mayotte. Elle a accouché d’une petite fille. Mais son mari n’est toujours pas revenu. Son frère ne peut pas subvenir aux besoins de toute la famille. Sa femme aussi attend un enfant. L’histoire de Zaha est devenue banale à Mayotte. Elle peut désormais rester à Mayotte. Mais à la fin du reportage, on apprend qu’au premier semestre 2006, 16.000 clandestins ont été reconduits à la frontière. Soit deux fois plus que pour l’année 2005.

Edith Poulbassia

RéfugiésIle de Mayotte

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Messages

  • bravo pour votre reportage et surtout d’avoir été voir anjouan et la misère qui y régne il vous reste aussi d’aller voir dans les autres iles mohéli,gd comore et c’est dommage que vous eyez pas vu mayotte 30 ans en arrière pour que vous puissiez faire le constat d’une colonisation de 150 ans par la france qui aujourd’hui ose appeler nos fréres de clandestin sur leurs territoire
    a ce que je sache mayotte fait partie d’une archipel qui s’appele ARCHIPEL DES COMORES non ? alors messieurs les répresentants du pays des droits de l’homme ne baffouer pas les droits de l’homme dans l’archipel des Comores.

  • bonjour,
    en fait ça fait trés longtemps que je voulais réagir au sujet de vous reportage.
    je viens de lire ce reportage et je trouve que parfois vous les journalistes vous prenez part de quelque choses que vous ignorer completement. les comores c’est un archipel de 4 iles donc mayotte y compri il y’a moins de 27ans ça je supose que vous le savez mais oui vous pouvez plus le mentioner. . aujourd’hui quand je vous entends parler j’ai l’impression que mayotte est loin des comores .Si il y’ a autant des morts à anjouan c’est le fruit de la politique française à mayotte envers les anjouanais.
    on hause meme dire que mayotte c’est ile europpenne, à qui vous le dite. moi je vis en france je sais exactement comment on scandalise deja les enfants de la VI republique ceux qui sont nés dans leur propre territoire et c’est meme pas la première generation ni la deuxième c’est la troisième alors n’en parlons pas les autres et plus precisement les mahorais qui ont une culture typique comorienne.
    aujourd’hui il y’a autant des morts à anjouan que à darfour ou ailleur mais ça c’est le fruit d’une politique que je sais meme pas comment la qualifier. c’est dommage que vous avez pas connu les comores 30ans en arriere , tous les cadres , les jeunes diplomés ou ceux qui ont un minimun de qualification viennent tous d’anjouan ou ils sont tous d’origine anjouannnaise
    je vous suggere de faire un reportage au sujet de ceux qui viennent en france aprés le bac , et me dire il y’a combien qui reussisent
    moi je vous le dit il y’a que les enfant d’origine anjouannaise qui arrive à reussir à peu prés les statistiques sont là .
    alors s’ils font ça c’est pas pour rester RMiste toute leur vie ils esperent une vie meilleur.
    alors ou est le mal à ça , tout le monde espère une vie meilleur n’est ce pas c’est la devise même du 21 siècle.
    j’attends avec impatience ce reportage que je viens de vous suggerer car pour moi il repond à beaucoup des questions
    Je profite pour annoncer aussi que meme ceux qui sont nés ici et qui rentrent à mayotte pour un travaille ça se passe trés mal alors que c’est des diplomés et de français avant tous . donc avant de se declarer français europen il faut voir la constitution française et la connaitre avant tout .
    c’est un conseil que je donne au mahorais gratuitement.

  • Je vis depuis toujours à Mayotte mais je suis d’origine anjouanaise, je l’avoue haut et fort car pour moi c’est une fierté et quand, dans les taxis j’entends des gens dire : " Ces Africains, ces Comoriens ..." j’ai envie de leur dire : mais d’où vous venez, vous Mahorais ?? Vous avez peut-être la nationalité française et le drapeau : qbleu, blanc, rouge mais vos origines ne sont pas là-bas ! Il est vrai que je vis à Mayotte mais je n’ai jamais compris coment ces gens là fonctionnent. Je ne vois aucune pitié dans leur yeux quand ils voient des personnes se faire prendre par la police, je précise des PERSONNES, car ces gens là semble l’oublié, ils les traitent comme des animaux, les mettent en cage, exposés aux yeux de tous, et parmis ces gens je vois des femmes avec des ventre rond, des femmes avec des bébés dans les bras. Et puis je pense : Ces personnes n’auraient pas sacrifiés leur vie à bord d’une minuscule barque avec 20 autre personnes si ce n’était pas pour venir cherché un peu de vie, des soins pour leurs enfants, une éducation... Ces femmes, ces mères viennent cherché un avenir ici ! La chose à faire n’est pas de les expulsés mais d’essayer de trouver un moyens pour les aiders ! Vous Mahorais réagissez car Mayotte est comorienne avant d’àpartenir aux français, pour eux mayotte n’est qu’une colonie, Pour "Les Comores" Mayotte c’est La famille car j’affirme qu’aujourd’hui il n’y a aucun mahorais pure ! Les Comoriens ce n’est pas eux , non, c’est Nous !! Mais peu de personnes le comprennent...

  • Ecoutez bien les grands comoriens , vous passez votre temps à vous blâmer à dire que les mahorais vous traitent comme des animaux il faut arrêter de dire des anneries. Vous imaginez que beaucoup des gens qui viennent des îles de comores et vivent à Mayotte depuis 30 ans et ils ont même la nationalité française. Alors comment pouvez vous parler ainsi. Vous vous acharnez aux mahorais depuis des années, j’ai un ami comorien qui est devenu un oncle pour moi et ma famille aussi et lui il a raconté que les comoriens ont et ils auront toujours la haine envers les mahorais car ils sont jaloux des mahorais. Les comoriens envient aux mahorais et ils auraient préférer que les mahorais vivent comme eux labàs dans des situations de précarité de pauvrété de misère comme les gens qui vivent dans les îles comores. Si les mahorais ont choisi de rester français alors laissez nous tranquille le regret ne vienne qu’après. (Majitso moujouhou). Il faut oublier le passé et vivent l’instant présent. Arrêtez de ressasser le passé car si vous continuezcomme ça jamais vous irez de l’avant. Il n’y a pas longtemps a peu près 6 ans de ça les anjounais demandaient à ne plus être dans les comores car ils en ont marre de vivre dans la misère et ils voulaient devenir français alors pourquoi.

    • La supposée meilleure situation de Mayotte n’est qu’illusoire. Le jour où Paris fermera le robinet, je ne voudrais pas être à la place des Mahorais. Dire que Mayotte sera considérée comme un département français, c’est se bercer d’illusion, deux raisons à cela :

      1/ Nicolas Sarkozy dit qu’un cycle historique est fini, et organise des Etats généraux dans l’Outre-mer. Pour la France, les DOM vont évoluer, rien ne sera plus comme avant.

      2/ le droit international, qui ne reconnaît aucune légitimité au référendum qui vient d’avoir lieu à Mayotte, car tous les pays sauf la France estiment que Mayotte fait partie des Comores indépendantes depuis 1975.

      Dire cela n’est pas avoir la haine contre les Mahorais, c’est être réaliste.

    • Dire que la France va "fermer le robinet" est méprisant. Comme tous les citoyens de la République, les Mahorais s’inscrivent dans la solidarité nationale. Le produit des taxes perçues à Mayotte va abonder le budget national de la France, et donc il est logique que les Mahorais aient droit à l’égalité. Les Mahorais savent qu’ils ont des richesses à valoriser, et il faut arrêter de faire croire que l’intégration à la France se résume aux allocations familiales. Le dernier référendum apporte une clarification juridique, sur la base de laquelle des investissements peuvent être engagés pour développer le pays.

  • Car ils ont vu que la décision que leurs grand parents avaient pris il y a 35 ans de cela a été mauvaise. Ceux qui vivent en métropole vous êtes mal barré pour comprendre les autres qui meurent de faim en anjouan ou au comore et mohéli. Alors si vraiment vous êtes intelligent alors rentrer chez vous au comore afin de faire avancer votre pays. Car sans ceux qui ont fait des études continuent à rester en métropole et voir que la vie est belle alors que vos cousins et frères vivent de la misère quotidiennement alors je dis que vous aussi vous êtes méchants et vous n’avez pas coeur.

    • Si on enlève tout l’argent déversé depuis 30 ans par la France à Mayotte, quelle a été la richesse créée par Mayotte ? Pendant que Paris versait tout cet argent à Mayotte, d’ancien militaires de l’armée française comme Bob Denard faisaient des coups d’Etat dans le jeune Etat comorien. Qui est gagnant dans cette histoire, les Mahorais ? pas du tout.

      Pourquoi continuer à se diviser entre Comoriens car cela ne sert que les intérêts de la Métropole. N’oublions pas la vieille technique des colonisateurs, n’importe où dans le monde : diviser pour mieux régner. Ne tombons plus dans le panneau, unissons nous ensemble pour le développement des quatre îles.

  • Certes je suis d’accord que les 4 îles doivent se réunir mais seulement pour le développement économique et sociale. Ainsi que le développement des îles mais ne vous entêtez pas à vouloir que Mayotte reviennent dans les comores c’est à dire qu’elle prenne leur indépendance comme les Comores l’ont fait, car jamais nous ne retourneront en arrière. Vous savez quand vous marchez vous allez de l’avant mais vous ne reculez pas en arrière. Il faut aller de l’avant et c’est ce que les Comores doivent faire au lieu de vouloir que Mayotte aille dans le même sens qu’eux. Ils le regrettent mais ne savent plus quoi faire maintenant. Exactement réunissons nous, mais seulement pour le développement des îles c’est tout. Et puis les histoires de BOB DENARD ne concerne que les Comores mais Mayotte n’a rien avoir avec les coups d’état de BOB. Et ce n’est pas Mayotte qui a envoyé Bob Denard aux Comores. Ce n’est pas les problèmes des mahorais.


Témoignages - 80e année


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