Opération Wuambushu contre les comoriens à Mayotte

Les Comores « n’entendent pas accueillir des expulsés »

22 avril 2023

Le porte-parole du gouvernement des Comores a déclaré qu’il ne comptait pas participer à l’opération d’expulsion annoncée par Paris, et qui vise à expulser et détruire les habitats des migrants, en grande majorité comoriens, à Mayotte.

« Les Comores n’entendent pas accueillir des expulsés issus de l’opération projetée par le gouvernement français à Mayotte », a déclaré le porte-parole du gouvernement comorien, Houmed Msaidie à l’Agence France Presse.

Le gouvernement français prévoit au cours d’une opération d’envergure, appelé "Wuambushu", de déloger les migrants illégaux des bidonvilles de Mayotte dont la majorité sont des Comoriens.

Près de 1800 policiers et gendarmes sont déjà présents à Mayotte en vue de l’opération. Plus de 2.500 personnels (forces de l’ordre, agence régionale de santé, justice, réserve sanitaire) sont mobilisés.

Ces dernières semaines, les Comores ont appelé à plusieurs reprises le gouvernement français à renoncer à l’opération, disant ne pas avoir les moyens d’accueillir un afflux de migrants et accusant Paris de semer « la violence ».

Cet archipel pauvre, de près de 900.000 habitants, n’a pas de centre de rétention administrative, et manque d’infrastructure et de moyens pour pouvoir faire face à sa situation et à celle des comoriens qui seront expulsés de Mayotte.

Lorsque des Comoriens sont renvoyés notamment de Mayotte, « nous vérifions l’identité des refoulés (...) et nous les laissons partir puisqu’ils sont chez eux », a expliqué une source sécuritaire à l’AFP.

Cependant, « nous n’avons pas les moyens d’absorber cette violence fabriquée de Mayotte par l’État français », a déclaré le gouverneur d’Anjouan, Anissi Chamsidine. De son côté, le président comorien Azali Assoumani, qui assure depuis février la présidence de l’Union africaine, a dit espérer « que l’opération sera annulée », en reconnaissant « n’avoir pas les moyens de (la) stopper par la force ».

La société civile comorienne a également fait part de ses ses inquiétudes. Un appel à une marche le 21 avril a été contrecarré par une interdit préfectoral, et à la Grande-Comore comme à Anjouan, les manifestations sur la voie publique ne sont pas autorisées.

D’intenses échanges ont eu lieu ces dernières semaines entre Moroni et Paris, laissant planer la possibilité d’un accord de dernière minute, qui pour l’heure ne vient pas alors le ramadan prend fin le 21 avril.


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