Le président de l’Assemblée de l’Union des Comores écrit au Parlement européen

Mayotte : l’Union européenne veut-elle devenir partie prenante du différend franco-comorien ?

23 février 2009

La ’Lettre de Malango’ fait état d’un courrier du président de l’Assemblée de l’Union des Comores à son homologue du Parlement européen. Notre confrère publie de larges extraits de ce document :

Faisant une nouvelle fois un rappel au droit international, « la décolonisation des Comores est inachevée du fait du maintien de l’île comorienne de Mayotte sous administration française », Saïd Dhoifir Bounou affirme que le référendum organisé le 29 mars à Mayotte en vue de sa départementalisation « va aggraver sensiblement les tensions ».
Pour le président de l’Assemblée comorienne, la France « se livre à des déplacements massifs de population, (16.000 l’année dernière suivant ses propres chiffres) les Comoriens étant considérés par elle comme des clandestins dans leur propre pay  » tout en attirant l’attention du Parlement européen sur les dangers que ce référendum fait peser sur les relations entre les deux pays alors que « les Comoriens perdront tout espoir d’une solution négociée ».

L’Union européenne « va-t-elle suivre la France ? »

Il interroge également sur les intentions de l’Union Européenne à ce sujet, « va-t-elle suivre la France, appuyer sa politique du plus fort, valider le fait accompli et conforter la thèse de ceux qui considèrent que les relations internationales sont toujours gouvernées par les lois de la jungle ? »
Faisant référence au statut de RUP (Région Ultra Périphérique), Saïd Dhoifir Bounou demande si « l’Union Européenne est[] prête ! à intégrer l’île comorienne de Mayotte en son sein », ce qui impliquerait alors l’Union Européenne dans ce contentieux territorial qui oppose la France et les Comores depuis 35 ans.
Il demande donc au président du parlement européen « de saisir le Parlement Européen sur la politique de la France aux Comores pour que la solidarité nécessaire des peuples européens envers le peuple comorien puisse s’exprimer ».

Enfin, il joint à ce courrier une copie du mémorendum du 12 novembre 2008, « document synthétique cristallisant les positions du peuple comorien », qui avait été remis officiellement par une délégation comorienne composée de Ministres, de Parlementaires et de représentants de la société civile, à l’Ambassadeur de France aux Comores pour transmission au Gouvernement français.
Le contentieux qui oppose la France et les Comores est né au moment de la décolonisation de l’archipel en 1974. La législation internationale imposait que les frontières des pays décolonisés soient identiques au découpage induit par la colonisation. La France en avait alors décidé autrement en faisant un décompte des voix île par île lors du référendum de 1974 qui devait mener les Comores à l’indépendance. Mayotte avait voté majoritairement contre l’indépendance, contrairement aux trois autres îles.
Depuis l’annonce du référendum du 29 mars prochain, les initiatives comoriennes se sont multipliées pour tenter de l’empêcher et l’Union Africaine (UA), a condamné l’organisation de cette consultation lors ! de son XIIème sommet.
Depuis, la question de Mayotte est remise régulièrement à l’ordre du jour des débats de l’ONU, comme dernièrement en septembre dernier. Elle est également régulièrement retirée au dernier moment par les gouvernements comoriens successifs.

Ile de Mayotte

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Messages

  • L’UE a-t-elle repondu a la lettre des Comores ? Je note la condamnation de l’UE concernant le coup a Anjouan...dans ce cas l’avis de ONU compte mais pas concernant Mayotte.
    Les Etats de l’UE se sont abstenus je crois lors des Resolutions de l’ONU. La Rupeisation de Mayotte ne peut pas etre bloquee par les Etats de l’UE pour autant, car Paris n’a pas besoin de les consulter. L’aval du Conseil europeen suffira ? Je vous prie de me detromper si necessaire.
    Merci Karis Muller.
    [email protected]


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