Aucune réponse à la crise sociale, des jeunes s’expriment violemment

Mayotte : la manifestation des syndicats dépassée par un mouvement de jeunes

13 novembre 2015

Au lendemain de la visite de la ministre des Outre-mer à Mayotte, les syndicats ont appelé à une nouvelle journée de grève et de manifestations hier jeudi. Des jeunes sont entrés dans le mouvement, débordant les organisations officielles et exprimant de manière très directe leur mécontentement. Les forces de police ont été appelées pour réprimer le mouvement, plusieurs blessés sont à déplorer dans les affrontements.

Des jeunes ont dressé des barrages à l’aide de carcasses de voiture. (Image Mayotte Première)

Au lendemain de la venue de la ministre des Outre-mer, les syndicats ont fait part de leur insatisfaction. Ils considèrent que le changement de statut en département français ne s’est pas accompagné des lois sociales qui vont avec, avec pour les fonctionnaires l’application de la sur-rémunération. Sur ce dernier point, la ministre a rappelé que la sur-rémunération sera celle qui existe aux Antilles, soit un salaire plus élevé de 40 % par rapport à la France, avec une application progressive.
Pour le privé, les syndicats revendiquent l’application immédiate du Code du travail.
De plus, les prestations sociales ne sont pas les mêmes qu’en France. Le RSA est plus faible, tandis que les allocations familiales sont loin de l’égalité.
Le 3 novembre, plusieurs milliers de personnes avait défilé pour ces mots d’ordre, ce qui donnait une idée des importantes attentes une semaine avant la visite de la ministre.
Arrivée le 9 novembre, George Pau-Langevin a reçu une délégation.

Syndicats débordés

Au terme de leur rencontre avec la ministre des Outre-mer, l’Intersyndicale CGT / CFDT / FAEN / FO / SOLIDAIRES /FSU a fait part de son insatisfaction dans un communiqué publié le 11 novembre : « Les réponses de gouvernement demeurent insatisfaisantes, malgré les successions de rencontre qui ont eu lieu le 10 novembre (le matin avec la Ministre et avec le Préfet et les Conseillers de la Ministre des Outre-mer l’après midi) », expliquait le communiqué qui concluait : « Par conséquent, la pression doit être maintenue, la grève continue et les actions seront amplifiées ».

Cocktail explosif à cause du chômage

Car en plus de ces problèmes qui touchent les travailleurs qui ont un emploi, la situation sociale de Mayotte est marquée par un fort taux de chômage. L’arrivée récente de Pôle emploi ne permet pas d’avoir des statistiques aussi précises qu’à La Réunion. L’estimation tourne autour d’un actif sur trois privé de travail durable. C’est une part considérable qui est abandonnée, et sur laquelle les organisations structurées type syndicat n’ont pas de prise. Cela a été démontré encore hier.

Barrage, répression, affrontement

Hier, conformément à leur déclaration du 11 novembre, les syndicats sont passés à l’action. Le trafic des barges entre la Grande et la Petite Terre a été suspendu. Un convoi a lancé une opération escargot. Mais à la différence des jours précédents, des exclus du système se sont exprimés : les jeunes.

Au cours de la matinée, ils ont dressé des barrages, notamment en brûlant des voitures. Leur action a même bloqué l’opération escargot des syndicats. Le pouvoir a décidé de réprimer le mouvement des jeunes. La situation a dégénéré en affrontement, ils ont fait plusieurs blessés. Des journalistes ont été pris à partie par des manifestants qui n’appréciaient pas d’être photographiés, un confrère a été blessé.

La Réunion concernée

Les manifestations d’hier rappellent ce qui arrive à La Réunion quand un mouvement social de grande ampleur se prolonge. Il amène les abandonnés à s’exprimer, et la violence des actes d’un soir renvoie à celle qu’ils vivent tous les jours à cause d’un système injuste qui refuse de les respecter.

C’est une nouvelle preuve de la crise du modèle en place dans les Outre-mer. D’où la nécessité d’une rupture pour préserver La Réunion d’affrontements aux conséquences redoutables.

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