Immigration à Mayotte

Mission parlementaire à Moroni

17 décembre 2005

Une mission parlementaire française est arrivée ce 15 décembre à Moroni pour un échange de points de vue sur la question de l’immigration à Mayotte. Ces parlementaires ont rencontré les autorités comoriennes, notamment le chef de l’État, le ministre des Relations extérieures et le président de l’Assemblée de l’Union des Comores.

Arrivée tôt jeudi matin en provenance de Mayotte, cette mission parlementaire conduite par M. René Dosière, comprenait 4 autres élus, dont M. Jean-Christophe Lagarde, député de Seine-Saint-Denis. Le programme a commencé par une entrevue avec l’Ambassadeur de France, pour se terminer après le déjeuner de travail à l’Ambassade de France.
Au Palais du peuple, siège de l’Assemblée de l’Union, la délégation s’est entretenue avec M. Dhoifir Bounou, le président, et des membres de la commission des Affaires étrangères. À l’issue de cet entretien, le président de l’Assemblée a déclaré que les parlementaires français ne sont pas venus avec des propositions : "Ils sont venus échanger avec nous sur les voies et moyens de freiner le flux massif et incontrôlé vers Mayotte et faciliter la circulation légale des biens et des personnes entre les différentes îles". Pour M. Ndjizi, député comorien, il sera difficile d’empêcher une personne malade de ne pas franchir la barrière de corail, même à la nage, pour trouver les soins qu’il ne peut obtenir dans son île natale. Le côté médical de cette migration a été souligné dans une anecdote du vice-président Kaabi El Yachroutu dans un colloque sur la prise en charge des malades du SIDA. Des Comoriens soignés au CHD de Belle-Pierre ont reconnu que, faute de soins appropriés, ils ont gagné Mayotte en Kwassa kwassa... De là, ils ont été évacués sur La Réunion où ils ont reçu un traitement non encore disponible aux Comores.

Pragmatisme et humanité

Au cours des discussions avec le ministre Abodo Souefo des Relations extérieures et avec le chef de l’État Azali Assoumani, les propos n’ont pas beaucoup varié. Ces derniers, intransigeants sur le vocabulaire (l’utilisation de termes comme clandestin, par exemple) restent pragmatiques sur le fond.
Le président Azali reconnaît l’existence "d’un flux de population dans des conditions indécentes et qui risque de nuire à l’équilibre de toutes les îles". Pour lui, c’est un déplacement de population qui s’apparente à un exode rural, Mayotte étant mieux pourvue que les autres îles. Dès lors, la solution n’est pas d’ériger un mur mais réside plutôt dans un développement des infrastructures éducatives et sanitaires dans le reste de l’archipel. Le président de l’Union des Comores soutient que le contentieux sur Mayotte ne doit pas empêcher les 2 pays d’engager des discutions pour trouver des solutions à des problèmes humains. Il réclame en effet des conditions de vie descente à Mayotte pour les Comoriens originaires des autres îles.
À la fin des entretiens, M. René Dosière s’est félicité de la qualité des échanges que sa délégation a eus avec ses hôtes. Pour lui, les plus hautes autorités apprécient la question de l’immigration vers Mayotte avec pragmatisme. Il a fait sienne la volonté du président comorien de ne pas se tourner vers le passé mais de regarder ensemble l’avenir, en intensifiant la coopération bilatérale comme vient de le faire la France à la conférence des Amis des Comores qui vient de se tenir à Maurice. Il reconnaît en outre, qu’il faudra prendre en compte les liens de parenté et les nombreuses affinités qui existent entre Mayotte et les îles de l’Union des Comores.

M. Alioifa

Ile de Mayotte

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