Miguel Diaz-Canel réélu à la présidence de Cuba
Le successeur des Castro élu avec 97% des voix pour un mandat de 5 ans
samedi 22 avril 2023
Le président cubain a remporté le 19 avril un second mandat présidentiel de 5 ans, suite à la ratification par le Parlement de son maintien à la présidence de Cuba.
« Compte tenu des résultats annoncés, je déclare Miguel Mario Diaz-Canel Bermudez président de la République », a déclaré Esteban Lazo, le président de l’Assemblée nationale en présence de Raul Castro, 92 ans.
Miguel Diaz-Canel était le seul candidat à la présidence, et a obtenu le soutien de 97,66% des voix des 470 membres de l’Assemblée nationale, dominée par le parti communiste au pouvoir.
Il est le premier civil à prendre la tête du pays en 2018 après les présidences des frères Fidel (1926-2016) et Raul Castro, 92 ans, au pouvoir depuis le triomphe de la révolution cubaine en 1959.
Miguel Diaz-Canel a été invité à accélérer la lente réforme économique initiée par son prédécesseur et mentor politique Raul Castro (2008-2018). Mais il n’a pas pu enrayer la crise que traverse Cuba depuis 2018.
Il s’agit de la pire crise depuis trois décennies, avec des pénuries de nourriture, de médicaments et de carburant, dues au renforcement de l’embargo américain en place depuis 1962, et aux conséquences de la pandémie de Covid-19.
Début 2021, Miguel Diaz-Canel a mis en œuvre une vaste réforme monétaire qui a engendré d’importantes distorsions dans l’économie nationale. Il a également encouragé le travail indépendant et autorisé la création de PME. Ces mesures nécessaires selon certains économistes, se sont révélées insuffisantes pour améliorer la situation économique.
« Il n’a pas fait une transition complète et globale vers une économie mixte », a expliqué à l’Agence France Presse, e l’expert cubain en relations internationales Arturo Lopez-Levy, basé aux États-Unis. « Certains changements économiques (prévus) n’ont pas eu lieu, et d’autres ont laissé beaucoup de scepticisme quant à leur mise en œuvre ».
La réforme monétaire a provoqué une spirale inflationniste et une forte dévaluation du peso, soulevant un fort mécontentement dans la population. La monnaie cubaine est passée en deux ans de 24 à 120 pesos pour un dollar au taux officiel.
Miguel Diaz-Canel s’est dit « mécontent » de ne pas avoir pu « promouvoir un ensemble d’actions plus efficaces pour résoudre ces problèmes » économiques, lors d’une récente interview à La Havane avec la chaîne de télévision libanaise al-Mayadeen.
Pour son opposant Manuel Cuesta, l’« évidence » de sa « réélection » intervient « au milieu d’une double crise économique : celle du modèle et celle des pouvoirs politiques étatiques chargés de trouver des solutions appropriées ».
Parmi les réussites de Miguel Diaz-Canel, il y a « la transition vers un régime dirigé par une nouvelle génération née après 1959, qui ne porte pas le nom de Castro », a estimé Jorge Duany, de l’Université internationale de Floride.
Ce dernier a indiqué que son « plus grand échec a été la mauvaise gestion des manifestations » de juillet 2021, les plus importantes sur l’île depuis 1959. Elles ont fait un mort et des dizaines de blessés, plus de 1300 personnes ont été arrêtées et près de 500 condamnées à des peines allant jusqu’à 25 ans de prison, selon l’organisation de défense des droits de l’Homme Cubalex, basée à Miami.