La crise n’épargne aucun secteur en France

140.000 associations en réel danger

26 janvier 2013

“Recherches et Solidarité” vient de publier les résultats de la dixième vague d’enquêtes auprès de 1.709 responsables d’association en France, interrogés en ligne entre le 4 et le 18 décembre 2012. Echantillon constitué selon la méthode des quotas, appliquée aux critères de secteurs d’activité et de taille d’associations. Face aux incertitudes, plus de la moitié des associations interrogées préfèrent s’abstenir de répondre sur la question de savoir si elles comptent embaucher un jeune en emploi d’avenir, seulement 3% ont d’ores et déjà un projet.

Près d’un Français sur deux adhère à l’une ou à plusieurs des 1 million 300.000 associations, en augmentation de plus de 20% depuis dix ans, et plus de 80% leur font confiance. On ne trouve pour autant que 22% de Français, soit environ 11 millions de personnes, engagés bénévolement au sein du secteur associatif. Celui-ci comporte un peu plus de 15% d’associations employeurs, représentant 1 million 800.000 salariés (1 salarié privé sur 10), et une masse salariale de 35,5 milliards d’euros, soit à peu près l’équivalent du secteur français de la construction. C’est dire le poids que représente le secteur associatif et la place qu’il occupe dans le quotidien des Français.

11.000 emplois supprimés en 2011

Cette nouvelle enquête de conjoncture menée par R&S en décembre 2012 confirme les fortes tensions en matière de bénévolat. C’est la préoccupation qui vient en tête pour ce qui concerne les mois à venir, tout particulièrement dans le secteur du sport, avec 57% de responsables en difficulté. Cela s’explique par une augmentation significative du nombre d’associations, quand la ressource humaine bénévole n’évolue presque pas et que les besoins ne cessent de croître. De plus, les tensions financières sont telles que les associations en équilibre diminuent au rythme de ce baromètre semestriel. Aujourd’hui, 11% des associations sont en grande difficulté, soit 140.000 associations en réel danger.

Parmi les associations qui emploient des salariés, la situation est plus délicate encore que dans les autres : 57% des dirigeants de structures de plus de 10 salariés, tout particulièrement dans le secteur sanitaire et social, signalent des difficultés réelles. Cela s’est traduit par une baisse générale du nombre de salariés associatifs de 0,6% en 2011 (11.000 salariés de moins), et récemment par une nouvelle érosion de 0,1% au 3ème trimestre 2012.

Les associations hésitent à embaucher un jeune

Pour autant, les dirigeants bénévoles des associations estiment encore manquer d’informations essentielles sur ce qui va se passer après le recrutement d’un jeune, et en premier lieu sur sa formation et sur l’accompagnement de l’association. De ce fait, les responsables manifestent légitimement quelques hésitations, aux premiers rangs desquelles figure la crainte de ne pas pouvoir pérenniser l’emploi (71%), mais aussi l’obligation de recruter un jeune peu ou pas qualifié (60%).

Certes, un jeune sans qualification n’est pas forcément un jeune sans compétences. Mais l’ambition tracée par la circulaire du 2 novembre 2012 à l’intention des services de l’État ne doit pas faire oublier les contraintes des associations et les missions permanentes qui sont les leurs. Dans chaque région, un équilibre doit pouvoir être trouvé pour ne pas mettre la barre trop haute en termes d’exigences. Une attention toute particulière doit être portée aux associations qui ne disposent pas aujourd’hui de salariés (plus de 85% des associations). Elles sont à la fois les plus hésitantes et les moins armées dans cette démarche.

Les relations qui vont s’instaurer entre les pouvoirs publics, les collectivités territoriales, les prescripteurs que sont notamment les missions locales, et les associations ainsi que leurs réseaux vont être déterminantes. A la fois pour rechercher les jeunes les plus en phase avec les capacités et les attentes des associations, et pour construire le meilleur parcours qualifiant possible.

Pour la réussite d’un projet, le rôle de tuteur sera central. Dans des associations employeurs en difficulté, un salarié pourra-t-il assumer cette fonction ? Dans les autres associations, de nombreux bénévoles dont les compétences sont avérées pourront l’assumer, sous réserve d’être accompagnés dans cette fonction nouvelle pour eux. Les fédérations associatives et les dispositifs locaux d’accompagnement (DLA) auront pour cela un rôle essentiel à jouer.
Emplois d’avenir : 3% des associations ont un projet déjà acté

L’enquête révèle un premier groupe de responsables qui ont d’ores et déjà un projet (3%) ou pourraient le présenter dans les prochains mois (11%) ; un groupe de responsables qui souhaiteraient partager un emploi d’avenir avec une autre association (4%) ou dans le cadre d’un groupement d’employeurs (3%) ; un groupe de responsables qui n’ont pas encore évoqué le sujet au sein de leur association (23%) ; et le groupe des responsables qui ne se sentent pas intéressés ou pas concernés, ou encore qui préfèrent s’abstenir (56% du panel).

Aujourd’hui, à partir des bonnes intentions des responsables associatifs, le curseur peut beaucoup varier quant aux résultats qui pourront être enregistrés fin 2013. Dans une approche prudente, mais très détaillée, ces bonnes intentions permettent un pronostic situé entre 25.000 et 30.000 d’emplois d’avenir signés en fin d’année au sein du secteur associatif. Une nouvelle enquête similaire, au mois de mai 2013, permettra de voir si cet objectif pourra être tenu, voire dépassé.

A partir des avertissements que nous livre cette enquête, parions déjà sur le succès des premiers emplois d’avenir pour permettre à des jeunes d’entrer dans la vie active et de découvrir le monde associatif, lieu de solidarité exceptionnel.
Publication en ligne sur www.recherches-solidarites.org
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