Quand la loi du marché prime sur les droits sociaux...

26.000 bouchers allemands remplacés par des bouchers polonais

26 avril 2005

La plupart des abattoirs allemands recrutent des bouchers polonais, un pays voisin, pour un salaire dérisoire. Cela entraîne des milliers de suppressions d’emplois et une vive polémique en Allemagne. Le quotidien parisien “Libération” du samedi 16 avril dernier a consacré un long article à cette affaire sous la signature d’Odile Benyahia-Kouider.

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En Allemagne, le débat sur le travail non déclaré des femmes de ménage polonaises avait déjà eu du mal à passer. Et puis récemment, les producteurs allemands d’asperges se sont soulevés à l’idée qu’on remplace leurs très solides saisonniers polonais par des chômeurs allemands peu motivés.
Cette semaine, une autre terrible nouvelle a ébranlé le marché du travail allemand. Alors que les partis politiques et les syndicats n’arrivent pas à se mettre d’accord sur l’introduction d’un SMIC en Allemagne, ils ont appris que la plupart des abattoirs allemands ont recours à de la main-d’œuvre polonaise. Et pour cause : ils sont payés aux alentours de 3 euros de l’heure.
Si encore il ne s’agissait que d’une dizaine d’employés. Mais le mardi 12 avril au matin, le député chrétien-démocrate Gerald Weiss a affirmé sur Deutschlandradio que "26.000 bouchers allemands ont perdu leur travail parce que des salariés polonais ont accepté ces conditions de misère".

Picaillons

Du coup, le Chancelier Gerhard Schröder, qui a bataillé contre l’introduction de la “directive Bolkenstein” prévoyant une libéralisation des services dans l’Union européenne, a piqué une colère. "Nous ne pouvons pas admettre qu’il y ait des gens qui embauchent des travailleurs d’autres pays européens, les fassent travailler pour quelques picaillons et fassent ainsi couler des entreprises allemandes en bonne santé", s’est-il insurgé.
Avec 5,2 millions de chômeurs, Schröder n’avait pas vraiment besoin d’un tel débat. Limitrophe de la Pologne et de la République tchèque, l’Allemagne avait réussi à imposer un délai maximal de sept ans avant de légaliser l’embauche des salariés des nouveaux entrants. Les équarrisseurs allemands ont contourné la réglementation en inscrivant leur main-d’œuvre sous la rubrique "travailleurs indépendants".

Sortir des conventions collectives

Pour tuer dans l’œuf cette concurrence déloyale, le gouvernement Schröder a décidé d’étendre à tous les secteurs d’activité une loi particulière qui ne régissait jusqu’alors que le travail dans le bâtiment et la marine marchande. Cette loi, qui s’applique aux entreprises étrangères travaillant sur le sol allemand, fixe un salaire minimum. 650.000 emplois ont ainsi été sauvés dans le BTP depuis 1995.
Contrairement à la France, l’Allemagne ne dispose pas d’un salaire garanti minimum et uniforme. Chaque branche d’activité négocie directement les salaires entre employés et salariés.
Cette "autonomie salariale", pilier de l’économie sociale de marché à l’allemande, ne posait pas de problème tant que la situation économique était florissante. Cependant, depuis la réunification et la pression sur le marché de l’emploi, de nombreuses entreprises, notamment les PME-PMI, n’hésitent pas à sortir des conventions collectives.

Mauvaises habitudes

C’est pourquoi, en août, Franz Müntefering, le président du SPD, et les Verts avaient proposé d’introduire un SMIC. A l’époque, ce fut un flop total. Depuis, les positions ont évolué.
Pas convaincu à l’idée d’abandonner une partie de ses prérogatives, le grand syndicat de la métallurgie IG-Metall a, cette fois, exhorté le gouvernement à agir vite. "Hélas, commente un expert économique, les mauvaises habitudes sont déjà prises. Si les abattoirs allemands ne peuvent plus utiliser les Polonais, ils feront couper la viande en Pologne, et la ramèneront ensuite en Allemagne."


Notre région

o Le Premier ministre mauricien fait le bilan de son gouvernement

Le Premier ministre mauricien sortant, Paul Bérenger, a dressé samedi soir le bilan du gouvernement de l’Alliance MSM/MMM, au pouvoir depuis septembre 2000, évoquant une nouvelle feuille de route qui devrait permettre à Maurice de figurer parmi les pays à hauts revenus. La dissolution du Parlement, annoncée par son président, Dev Ramnah, a pris effet à partir de dimanche matin.
Donnant lecture des réalisations du gouvernement durant son mandat, Paul Bérenger a déclaré avoir pris l’engagement de promouvoir l’unité nationale et la solidarité, de renforcer la démocratie, d’assurer la bonne gouvernance et la transparence dans la gestion des affaires du pays. Il s’était également engagé, a-t-il rappelé, à améliorer la situation de la l’ordre et de la loi, à restaurer la confiance du public et à assurer la protection nécessaire aux groupes les plus vulnérables de la société mauricienne.
"Nous nous sommes attelés à cette tâche avec brio", a-t-il déclaré, soulignant avoir suscité plus d’espoir parmi la population, montré la voie de la cohésion sociale, établi la discipline fiscale et engagé des réformes et des investissements massifs dans les principaux secteurs de l’économie.
"Nous sommes fiers d’avoir répondu à l’appel du pays et d’avoir assumé nos responsabilités", a-t-il encore dit avant de rappeler les différents secteurs qui ont progressé sous son mandat comme l’éducation, les Technologies de l’information et de la communication (TIC), les ressources humaines, l’industrie sucrière, le secteur manufacturier, le tourisme, les services financiers, entre autres.
Le Parlement ayant été dissous, seuls le Premier ministre, les 24 autres ministres et les Secrétaires parlementaires privés restent en poste jusqu’aux prochaines élections législatives. Selon les dispositions de la loi, le pays doit se rendre aux urnes dans un délai de 90 jours.
De son côté, Le Premier ministre Bérenger a indiqué qu’il annoncera la date des prochaines élections législatives le 1er mai, lors du meeting public que tiendra à cette date l’Alliance MSM/MMM, au pouvoir depuis septembre 2000. L’annonce de la dissolution du Parlement lance la campagne électorale pour les prochaines législatives.

o L’Afrique et l’Asie s’engagent à être plus solidaires

Après un sommet de deux jours à Djakarta, en Indonésie, des dirigeants asiatiques et africains ont convenu d’adopter une nouvelle stratégie pour leurs relations avec l’objectif de lutter contre la pauvreté et le sous- développement. La décision a été officiellement prise dimanche à Bandung au cours d’une cérémonie présidée par les chefs d’Etat sud-africain, Thabo Mbeki, et indonésien, Susilo Bambang Yudhoyono.
Cette nouvelle stratégie de coopération met l’accent sur la solidarité politique et économique et les relations socioculturelles entre les pays d’Afrique et d’Asie. Les pays participants au sommet ont réaffirmé leur désir de voir l’application de réformes au sein de l’ONU afin de garantir le multilatéralisme et d’assurer une participation accrue des pays asiatiques et africains à la prise de décisions par l’organisation mondiale.
Pour maintenir la solidarité qui unit leurs pays, les dirigeants des deux continents ont convenu de tenir des sommets similaires tous les quatre ans dont le prochain aura lieu en Afrique du Sud en 2009.
Les dirigeants ont adopté une déclaration sur les catastrophes naturelles, reflétant la détermination des deux continents à mettre en place un système d’alerte précoce contre ces phénomènes. Ils ont aussi évoqué la nécessité de mettre sur pied un organisme destiné à faire face aux situations d’urgence, à établir des centres de recherche et à identifier les stratégies nécessaires pour réduire les risques et l’impact des catastrophes naturelles.

o Découverte d’un champ pétrolier dans la région du Darfour

Un champ de pétrole, qui devrait produire 500.000 barils de brut par jour d’ici août 2005, vient d’être découvert dans la région du Darfour, a révélé samedi au cours d’une conférence de presse à Khartoum, le ministre soudanais de l’Energie et des Mines, Awad Ahmed Al-Jazz.
Cette annonce n’a pas surpris de nombreux experts pétroliers de la place car de précédentes informations faisaient état de l’existence dans cette région de gisements de gaz naturel, de pétrole, de fer, d’or et d’argent non-exploités. A l’heure actuelle, l’essentiel de la production de pétrole du Soudan provient des champs pétroliers du Sud-Soudan où un traité de paix a été signé le 9 janvier dernier entre le gouvernement et les rebelles.


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