Article de Salim Lamrani publié dans l’Humanité du 5 novembre

50 vérités sur les sanctions économiques des Etats-Unis contre Cuba -2-

8 novembre 2018, par Salim Lamrani

Pour la vingtième-septième année consécutive, l’Assemblée générale des Nations unies a unanimement condamné l’état de siège imposé par Washington à la population cubaine.

16. La loi Helms-Burton a pour effet de dissuader de nombreux investisseurs de s’installer à Cuba par crainte d’être poursuivis par la justice étasunienne et elle se révèle très efficace.

17. En 2004, l’administration Bush Jr. a créé la Commission d’assistance à une Cuba libre, qui a imposé de nouvelles sanctions contre Cuba.

18. Cette Commission a notamment fortement limité les voyages. Tous les habitants des Etats-Unis peuvent se rendre dans leur pays d’origine autant de fois qu’ils le souhaitent, sauf les Cubains. En effet, entre 2004 et 2009, les Cubains des Etats-Unis n’ont pu se rendre dans l’île que 14 jours tous les trois ans, dans le meilleur des cas, à condition d’obtenir une autorisation du Département du Trésor.

19. Pour pouvoir voyager, il fallait démontrer qu’au moins un membre de la famille vivait toujours à Cuba. Néanmoins, l’administration Bush a redéfini le concept de la famille, qui s’est exclusivement appliqué aux Cubains. Ainsi, les cousins, neveux, oncles et autres parents proches ne faisaient plus partie de la famille. Seuls les grands-parents, parents, frères et sœurs, enfants et époux faisaient partie de l’entité familiale, selon la nouvelle définition. Par exemple, un Cubain résidant aux États-Unis ne pouvait pas rendre visite à sa tante à Cuba, ni envoyer une aide financière à son cousin.

20. Les Cubains ayant pu remplir toutes les conditions pour se rendre dans leur pays d’origine, en plus de devoir limiter leur séjour à deux semaines, ne devaient pas dépenser plus de 50 dollars par jour sur place.

21. Les citoyens ou résidants étasuniens peuvent envoyer une aide financière à leur famille restée au pays, sans limite de montant, sauf les Cubains qui ne pouvaient pas envoyer plus de 100 dollars par mois entre 2004 et 2009.

22. Néanmoins, si un Cubain de Floride souhaitait envoyer de l’argent à sa mère – membre direct de la famille selon la nouvelle définition – qui vivait à La Havane, cela devenait impossible si celle-ci militait au sein du Parti communiste.

23. En 2006, la Commission d’assistance à une Cuba libre a adopté un nouveau rapport accroissant les restrictions contre Cuba.

24. Dans le but de limiter la coopération médicale cubaine avec le reste du Monde, les Etats-Unis interdisent toute exportation d’appareils médicaux à des pays tiers « destinés à être utilisés dans des programmes à grande échelle [pour] des patients étrangers », alors que la majeure partie de la technologie médicale mondiale est d’origine étasunienne.

25. En raison de l’application extraterritoriale des sanctions économiques, un fabriquant d’automobiles japonais, allemand, coréen ou autre, qui souhaiterait commercialiser ses produits sur le marché étasunien, doit démontrer au Département du Trésor que ses voitures ne contiennent pas un gramme de nickel cubain.

26. De la même manière, un pâtissier français qui désirerait investir le premier marché économique mondial doit prouver à cette même entité que sa production ne contient pas un gramme de sucre cubain.

27. Ainsi, le caractère extraterritorial des sanctions limite fortement le commerce international de Cuba avec le reste du monde.

28. Parfois, l’application de ces sanctions prend une tournure moins rationnelle. Ainsi, tout touriste étasunien qui consommerait un cigare cubain ou un verre de rhum Havana Club lors d’un voyage à l’étranger, en France, au Brésil ou au Japon, risque une amende d’un million de dollars et dix années de prison.

29. Le Département du Trésor est clair à ce sujet : « On se demande souvent si les citoyens américains peuvent légalement acquérir des biens cubains, y compris du tabac ou des boissons alcoolisées, dans un pays tiers pour leur consommation personnelle en dehors des Etats-Unis. La réponse est non ».

30. De la même manière, un Cubain vivant en France ne peut théoriquement pas manger un hamburger à Mc Donald’s.

(à suivre)

Salim Lamrani

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