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96,6% des Criméens pour un rattachement à la Russie

18 mars 2014, par Céline Tabou

Au lendemain du vote du référendum en Crimée, les autorités locales ont proclamé l’indépendance et demandé officiellement son rattachement à la Russie, au moment où le Parlement ukrainien a voté une mobilisation partielle de ses forces armées.

L’ensemble des députés de l’assemblée de Crimée ont annoncé la nationalisation de tous les biens de l’Etat ukrainien qui se trouvent en Crimée. De plus, le rouble est devenue la monnaie officielle avec la hryvnia.

Une scission actée

Dans un document officiel les députés ont demandé à ce que « La République de Crimée » soit intégrée « en qualité de nouveau sujet de la Fédération de Russie avec statut de république », et que les Nations unies et tous les pays du monde la reconnaissent « comme un Etat indépendant ».

Le document précise, selon l’Agence France Presse, que « les lois ukrainiennes ne s’appliquent plus en Crimée et que les autorités de Kiev n’y exercent plus aucune autorité ». Les députés ont prononcé le démantèlement des unités militaires ukrainiennes. Un aspect mit en avant par le président du parlement sécessionniste Volodymyr Konstantinov, qui a précisé que les soldats ukrainiens devaient se « rallier ou partir ».

Autre changement notable, la Crimée passera le 30 mars au fuseau horaire de Moscou, a indiqué le Premier ministre pro-russe Serguiï Axionov. En parallèle, le Parlement ukrainien a approuvé la mobilisation partielle de ses forces armées pour faire face à « l’ingérence de la Russie dans les affaires intérieures de l’Ukraine ».
Du côté russe, le parlement va adopter dans un « très proche avenir » une loi autorisant la Crimée à rejoindre la Russie, a annoncé lundi 17 mars le vice-président Sergueï Neverov, cité par l’agence Interfax.

Des sanctions à venir

Les ministres européens des Affaires étrangères devraient adopter des sanctions ciblées contre des responsables russes et ukrainiens pro-russes qui auraient été impliqué dans l’intervention de la Russie en Crimée. Le ministre lituanien des Affaires étrangères, Linas Linkevicius, a précisé sur les réseaux sociaux que des restrictions de visas et gels d’avoirs ont été décidé contre 21 responsables ukrainiens et russes.
Pour Bruxelles, le référendum « illégal et illégitime ». Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne a annoncé son refus de reconnaître le résultat. Cependant, tous les pays européens ne sont pas convaincus par l’intérêt de sanctionner. La Bulgarie a exprimé ses réticences, relayées par Le Monde. « Avec quelques autres pays de l’Union européenne, nous sommes parmi les moins intéressés par des sanctions », a déclaré le chef du gouvernement bulgare.

Pour la Roumanie, « si nous acceptions un tel précédent, basé sur une intervention armée, les frontières en Europe et dans cette région voleraient en éclat », a déclaré le chef de la diplomatie roumaine, Titus Corlatean, dont le pays est voisin de l’Ukraine.
Dans la suite des sanctions européennes annoncées, le président américain Barack Obama a également évoqué d’éventuelles sanctions supplémentaires contre Moscou, avertissant le président russe Vladimir Poutine que les Etats-Unis et leurs alliés ne reconnaîtraient « jamais » le référendum sur la Crimée de dimanche, a annoncé l’AFP.

 Céline Tabou 

Que feront les Tatars et Ukrainiens ?


Du côté des Tatars, l’inquiétude persiste. Plus de 260.000 Tatars, 12% de la population de Crimée, craignent pour leur avenir sous l’autorité de Moscou. Sergueï Aksionov a tenté de les rassurer, en adoptant une résolution sur la protection des droits des Tatars, leur garantissant une représentation dans les futures autorités et un statut de langue officielle. Mais le doute plane, car certains ont vu leur maison taguée d’une croix et craignent pour leur sécurité, a expliqué le journaliste sur place du quotidien Le Monde.

Pour les 25% d’Ukrainiens de Crimée, un passeport russe leur sera proposé. N’étant pas contraint au départ, si ils refusent la nationalité russe, ils deviendront étrangers et ne pourront plus voter lors des élections.

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