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Mayotte : où est donc la République ? - 3 -
27 février 2008
Histoires vécues
Voilà quelques illustrations de la situation faite aux élèves en situation irrégulière (notre édition d’hier - ndlr). Ce ne sont que des exemples pris parmi beaucoup d’autres et qui concernent un même établissement. Cela a ainsi l’avantage de la fiabilité du témoignage direct. Le nom des élèves a, bien entendu, été modifié.
Il faut noter que, dans ce lycée, on est particulièrement “réactif” et que cette réputation sert plutôt l’intérêt des élèves qui, de leur côté, n’hésitent pas à alerter les responsables. Ainsi, le pire à Mayotte n’est sans doute pas connu.
Anfane, élève de Terminale BEP Electrotechnique, avait 18 ans il y a 2 ans. Un matin, à 4 heures, des policiers municipaux forcent la porte de son “banga” (cabane), déchirent ses papiers scolaires, l’attachent et le conduisent à la mairie en attendant l’ouverture de la gendarmerie. Il parvient à se libérer et à s’échapper.
Quelques jours plus tard, la même scène se reproduit. Cette fois-ci, il est menotté et remis à la gendarmerie, puis à la Police aux frontières (P.A.F.)
Après de multiples interventions de la Direction du lycée, d’enseignants, de proches (c’est un garçon bien connu qui écrit “ses mémoires” !), il est libéré.
On apprend alors que les policiers municipaux tentaient régulièrement d’abuser de l’amie d’Anfane... Cette amie deviendra d’ailleurs sa compagne et ils auront par la suite un enfant.
Une poignée d’enseignants du lycée dénoncent publiquement ce type d’arrestations illégales (policiers municipaux) et créent, dans la foulée, le Réseau d’Education Sans frontières de l’île de Mayotte (RESFIM).
La veille de la rentrée suivante, le voici de nouveau arrêté par la gendarmerie... Il proteste et reçoit « un coup de boule ». On répond alors qu’il sera expulsé pour rébellion et que, dans la mesure où ce sont encore les vacances, il n’est pas considéré comme élève... On parviendra encore à le faire libérer.
Mais, gardons-nous de tout manichéisme. Quelques mois plus tard, il se rend à l’hôpital pour de problèmes graves aux yeux. Il est encore arrêté. Un responsable de la P.A.F. est joint ; l’élève a en effet prévenu très vite le lycée et est encore dans le camion grillagé. Le responsable donne des ordres et Anfane est libéré devant l’hôpital comme par un taxi. Il sera évacué dès le lendemain vers La Réunion pour un décollement de rétine.
Anfane est toujours là et passe cette année son Bac. Technologique après une première d’adaptation ; il rêve d’hypothétiques études supérieures...
Zainaba a 18 ans et prépare un B.E.P. carrières sanitaires et sociales. Elle est mère célibataire d’un enfant d’un an. Elle est arrêtée et clame sa volonté de retrouver son bébé resté chez la voisine. On passe outre et elle est expulsée comme tous les reconduits à la frontière vers Anjouan (île la plus proche). Elle revient quelques jours plus tard dans un kwasa-kwasa chargé de 30 personnes et de 7 cabris. Elle aura versé 100 euros pour cela à des passeurs sans scrupules. Elle ne dira jamais comment elle a trouvé cette somme, mais elle racontera les larmes de terreur et les prières collectives dans cette fragile embarcation sans cesse au bord du naufrage...
Saïd est arrivé de “Grande Comore” à l’âge de 2 ans, des documents l’attestent. Il a 18 ans et prépare un BEP mécanique. Il est arrêté et expulsé vers Anjouan, pays qui lui est inconnu et où il n’a pas la moindre famille. Il dort dans une mosquée où, comme toujours en pays musulman, il trouvera un adulte pour lui porter secours.
Il revient clandestinement 2 mois plus tard.
Cette expérience, des relations difficiles avec sa mère le perturbent beaucoup. Il tente alors de se suicider en avalant une dose de raticide. Il effectuera alors un long séjour à l’hôpital et gardera des séquelles physiques et psychologiques de ce drame.
Quelques mois plus tard, en octobre dernier, il est à nouveau arrêté en se rendant à l’hôpital pour les soins réguliers qu’il suit en ORL. On n’en tient aucun compte et il est à nouveau expulsé.
En décembre, il revient à nouveau dans un kwasa-kwasa qui est intercepté. Il parvient à prévenir le lycée dont les responsables interviennent pour faire valoir sa situation. On s’empresse de le reconduire à la case départ avant que l’intervention ne se fasse plus pressante.
Il est encore à ce jour aux Comores où les contacts (dans une cabine téléphonique sur place) s’espacent progressivement. Sa voix est devenue un filet et il dit saigner de la gorge. Il vit là-bas sans ressources.
Mouhamadi a 17 ans. Il est arrêté, en compagnie d’une jeune fille, au volant de la voiture de son frère mécanicien (sans permis bien sûr, mais aussi sans assurance). Le père de ce garçon est Français et sa mère possède une carte de séjour. Le policier qui traite son affaire décide qu’il a 18 ans et le vieillit d’un an sur les documents officiels. Il aggrave ainsi son cas avec une accusation de détournement de mineure et le rend de cette manière “expulsable”. Il est donc renvoyé à Anjouan.
La protestation publique du lycée, la mobilisation des enseignants de l’établissement et du RESFIM font que l’affaire se termine dans le bureau du Secrétaire général de la Préfecture qui, finalement, autorise son retour dans l’attente d’une décision de justice sur son état civil et sur les faits reprochés.
Deux mois plus tard, la Justice classe élégamment l’affaire en se fondant sur les conditions concrètes de l’arrestation.
Mouhamadi est aujourd’hui en Bac Pro.
Souffou vient d’avoir 18 ans, il est en Seconde et est admis à entrer en Première. En juillet dernier, il est arrêté et expulsé. En août, juste avant la reprise des cours, il revient en kwasa-kwasa. C’est alors le drame ; la barque fait naufrage au large de Mayotte. Souffou a péri en compagnie d’enfants, de femmes enceintes... Un responsable de la PAF, nouvellement arrivé, confiera, bouleversé, que cette vision insoutenable change son appréhension de l’immigration clandestine...
Nassurdine a 17 ans, il a été arrêté il y a une semaine. Au responsable du lycée qui rappelle que son âge n’autorise pas à l’expulser, 2 personnes de la PAF soulignent successivement que ce n’est pas une difficulté : « on le rattache à n’importe quel majeur qu’on reconduit à la frontière et basta !... ». On en est donc au point où on ne cache même plus ces viols de la loi !
Au rappel du cas de Mouhamadi, Nassurdine est libéré.
Mais quelle solution ?
Chacun s’accorde à dire que la solution à l’immigration clandestine est dans l’amélioration des conditions de vie dans le pays d’origine, afin, bien entendu, que les gens ne soient pas contraints à fuir la misère et à chercher à Mayotte un sort meilleur. Le consensus se fait alors sur la nécessité de développer la « coopération régionale ».
Les actions dans ce domaine sont encore modestes et se heurtent de plus à quelques obstacles. On peut citer évidemment « le mode de gestion » de certains responsables sur place, mais - pour ce qui concerne la formation - quelle efficacité peut-on attendre, par exemple, d’une action de formation pédagogique menée par nos professeurs français en direction d’enseignants anjouanais alors que ces derniers n’ont pas touché leur traitement depuis plusieurs mois ?
En tout cas, les élèves en situation irrégulière accèdent, à Mayotte, à des formations de qualité et à de vrais diplômes. Tout ceci n’a rien à voir avec le délabrement du système éducatif des Comores.
Au-delà de la mission incontournable de l’Ecole qui se doit d’accueillir tous les élèves sans distinction et d’offrir ainsi à tous l’opportunité d’un destin individuel réussi, la formation des élèves « en situation irrégulière » est la meilleure forme de coopération régionale.
Si l’on se place en effet dans l’optique d’un retour ultérieur dans le pays d’origine, on donne ainsi à ce pays la chance de bénéficier de personnes qualifiées, ce qui est l’un des incontournables du développement économique.
On fournit également des citoyens qui ont pratiqué, à travers l’Ecole de la République, des valeurs de tolérance et de démocratie.
Tout ceci ne peut être que porteur de progrès.
Mais, aujourd’hui, on ne peut tolérer la situation faite, à Mayotte, en France, à des élèves de l’Ecole de la République.
Ce texte est fait pour circuler le plus largement possible et contribuer ainsi à faire cesser ces pratiques indignes de notre pays.
En France métropolitaine, on doit être informé de ces drames humains, de ces atteintes au droit et à la dignité humaine.
Les élèves, ici, doivent pouvoir compter sur les démocrates, les responsables politiques attachés aux valeurs de la République et de l’Ecole, aux leaders syndicaux, aux journalistes dont le métier est au cœur de l’exercice des libertés.
Fin
Jean-Philippe Decroux
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