Afghanistan

Accord pour une constitution

Réunion de la Loya Jirga

6 janvier 2004

Après trois semaines de débats, les délégués de la grande assemblée traditionnelle afghane ont trouvé un accord sur le texte de la future constitution. Elle institue un régime présidentiel fort, conformément aux souhaits d’Hamid Karzaï.

« C’est pour moi une grande fierté et une grande joie de voir que les membres de la Loya Jirga sont parvenus à un accord total sur la constitution ». C’est par ces mots que le président de l’assemblée constituante afghane, Sebghatullah Mujadedi, a salué dimanche l’aboutissement de trois semaines de travaux et de difficiles débats. Un vote à main levée des 502 délégués réunis à Kaboul devait avoir lieu dans la soirée pour l’adoption définitive du texte fondateur de la nouvelle "République islamique d’Afghanistan".
Cette constitution conserve le régime présidentiel fort désiré par le président Karzaï, mais prévoit la présence de deux vice-présidents aux côtés du chef de l’État, au lieu d’un seul. Le pachtou et le dari sont les langues officielles de l’Afghanistan, mais les langues des minorités, notamment l’ouzbek, seront également considérées comme langue officielle dans les zones d’habitat de ces minorités.
Les discussions de la Loya Jirga, ouverte le 14 décembre, achoppaient depuis plusieurs jours sur ce point. Les délégués des minorités ouzbèke et turkmène réclamaient que leurs langues soient mentionnées comme la troisième langue nationale d’Afghanistan, après le dari et pachtou. De nombreux délégués pachtounes se sont déclarés mécontents de ces modifications de dernière minute, et certains ont menacé de ne pas prendre part au vote final.
« Il s’agit d’un très bon document. Le défi maintenant est de le mettre en application. Mais le cadre constitutionnel est bon », s’est félicité devant les journalistes l’ambassadeur des États-Unis en Afghanistan, Zalmay Khalilzad. Le représentant spécial de l’ONU en Afghanistan, l’Algérien Lakhdar Brahimi, s’est également réjoui de cet accord.
Les fractures au sein de l’assemblée constituante étaient apparues au grand jour cette semaine avec l’échec d’un vote partiel en session plénière. Les délégués des minorités tadjike, ouzbèke, hazara ou turkmène avaient alors menacé de boycotter l’assemblée, s’inquiétant en particulier de leur représentation face aux Pachtounes, principal groupe ethnique en Afghanistan dont ils constituent 40% de la population. D’autres délégués, en particulier parmi les anciens moudjahidine, réclamaient des contre-pouvoirs face au régime présidentiel prévu par le projet de texte fondamental, ainsi qu’une plus grande autonomie des conseils de provinces.
Le texte autorise également la nomination de ministres jouissant d’une double nationalité, à condition que le parlement approuve leur nomination. Une interdiction de la double nationalité, réclamée par certains délégués, aurait empêché la participation au pouvoir de nombreux Afghans rentrés d’exil après la chute du régime des Talibans fin 2001.

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