Aide alimentaire... éclipsée par la crise financière

11 octobre 2008

1.200 milliards pour sauver les banques de la crise financière, c’est 360 fois plus que le coût estimé pour éradiquer la faim dans le monde. Le raccourci peut sembler osé pour certains, pas pour les associations humanitaires.

« Je suis surpris de la rapidité et de la facilité avec laquelle on arrive à lever 700 milliards de dollars aux Etats-Unis, et 300 milliards d’euros en Europe pour sauver de grandes banques », soulignait mercredi François Danel, directeur général d’Action Contre la Faim (ACF). « Quand il s’agit du drame de la faim, de la malnutrition, on a beaucoup de mal à mobiliser les énergies et les fonds », fait-il remarquer.

Une goutte d’eau

En attendant, un enfant de moins de 10 ans meurt de faim ou de ses conséquences toutes les cinq minutes dans le monde. Pourtant, « il ne faut que 60 dollars par an pour traiter un enfant malnutri », observe Valérie Bemo, de la Fondation Gates. Si l’on multiplie ce montant par les 55 millions d’enfants atteints de malnutrition dans le monde, on aboutit à 3,3 milliards de dollars. Une goutte d’eau par rapport aux 1.200 milliards de dollars injectés ces dernières semaines dans les économies américaine et européenne.
Or, « avec l’enveloppe budgétaire mondiale actuelle, on ne peut traiter que 5% de la malnutrition sévère », souligne de son côté le Dr Paluku Bahwere, expert de Valid International, pionnier du traitement de la malnutrition infantile à domicile.

Cruel paradoxe

Pourquoi un tel paradoxe ? Parce que « les centaines de millions de personnes qui souffrent de la faim le font en silence », répond, amer, Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). Pour lui, « cette question n’est pas considérée comme stratégique par les gouvernants ». Propos confirmé par Dominic Schofield, de Global Alliance for Improved Nutrition, qui souligne que la lutte contre la faim souffre d’un « manque de volonté politique » .

Augmenter les cotisations

Un constat qui permet à Jean Ziegler, ex-rapporteur de l’ONU pour l’Alimentation, de rappeler la nécessité pour les Etats d’augmenter massivement leurs cotisations en faveur du Programme Alimentaire Mondial (PAM). En moins d’un an, le PAM a en effet perdu 40% de son pouvoir d’achat en raison la flambée des prix des denrées de base.

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Messages

  • Et si la crise était salutaire ?
    Ce krach boursier sera t-il le point de bascule dans l’histoire du système capitaliste mondial ?
    Espérons en tout cas qu’il marque la fin d’une époque : celle de l’arrogance des gendarmes du monde, de Wall Street de ces ultra riches.
    Aujourd’hui, le système capitaliste perd la tête. L’Etat injecte de manière massive des dollars, des euros pour éviter le krach.Voici la nouvelle philosophie économique actuelle : « on privatise les profits et on nationalise les dettes ».
    Pendant des années, on nous a fait croire que le marché était la solution à tous les problèmes et les défis de la société et du monde.
    Nous voyons aujourd’hui vers quel cauchemar cela a mené le monde. Cette crise sera salutaire à condition d’en tirer des leçons humaines.
    Ecoutons ceux qui prônent que notre système économique doit reposer sur la création des richesses et des emplois à travers un modèle d’entreprises reposant sur un équilibre qui veille étroitement aux intérêts de cette trilogie : clients, actionnaires, salariés.
    Vivement une société où l’Etat assumerait pleinement son rôle pour promouvoir les intérêts communs et œuvrer pour plus d’égalité et de justice sociale.


Témoignages - 80e année


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