Après les élections en Allemagne —1­—

Angela Merkel mise en minorité sera-t-elle sauvée par les socialistes ?

25 septembre 2013, par Manuel Marchal

Dimanche, le résultat des législatives en Allemagne est loin d’être un triomphe pour Angela Merkel. Son partenaire de coalition est ressorti laminé de sa participation au gouvernement et n’a plus aucun député. Du coup, l’Union CDU-CSU de la chancelière sortante est mise en minorité. La majorité des députés se répartit en trois groupes : les socialistes, les communistes alliés à d’anciens socialistes, et les Verts. Les négociations ont déjà commencé entre CDU-CSU et les socialistes. Ces derniers refusent de gouverner avec les communistes, et préfèrent pactiser avec l’austérité.

Voici le résultat des élections, en noir, les soutiens d’Angela Merkel sont minoritaires. Socialistes, communistes et écologistes sont majoritaires à l’Assemblée. Ils peuvent donc former un gouvernement de coalition. Mais les socialistes ont commencé à discuter avec les conservateurs pour négocier leur soutien à un gouvernement dirigé par Angela Merkel.

630 sièges étaient à pouvoir lors des législatives de dimanche dernier en Allemagne. L’Union CDU-CSU a progressé de 7 points par rapport au dernier scrutin. La fraction de la chancelière sortante, Angela Merkel, a obtenu plus de 41% des voix, et 311 sièges. Il lui manque donc 5 députés pour la majorité absolue.

Sous la précédente législature, l’Union était alliée au parti FDP, qualifié de "libéral". Mais ce dernier s’est effondré. Il a réalisé son pire score depuis 1948, c’est-à-dire depuis la création de la RFA. Le FDP n’est plus représenté au Parlement.

43% pour la "gauche", 41% pour Merkel

Les 319 autres sièges du Bundestag, c’est-à-dire la majorité de l’Assemblée, se répartit entre les socialistes (SPD), les communistes et d’anciens socialistes (la Gauche), et les Verts. À eux trois, ils ont obtenu 43% des suffrages, et ils peuvent former une majorité. Seulement, aux yeux des socialistes il n’en a jamais été question. Quitte à choisir, ils préfèrent être la force d’appui des conservateurs conduits par Angela Merkel, plutôt que les fers de lance d’un gouvernement progressiste.

Ce n’est pas la première fois que les conservateurs et les socialistes s’entendent pour former un gouvernement de coalition. C’était le cas lors du premier mandat d’Angela Merkel entre 2005 et 2009. Et en 2008, les électeurs ont sévèrement sanctionné les socialistes qui étaient alors tombé à leur plus bas niveau depuis la guerre (23%), tout en confortant les conservateurs.

À en croire les observateurs, les socialistes tentent de négocier leur participation au gouvernement en échange de l’adoption de certaines parties de leur programme. Rappelons que dans les derniers mois de la campagne, la chancelière sortante avait coupé l’herbe sous le pied des socio-démocrates en récupérant une partie de leurs concepts, comme la création d’un salaire minimal.

Autant dire que la décision des socialistes d’accepter de négocier en vue de gouverner sous la direction d’Angela Merkel montre bien qu’idéologiquement, ils sont plus proches des conservateurs que des communistes.

Comme aux régionales de 2010

Force est de constater également l’absence d’un terme si souvent mis en évidence par des médias : l’union de la gauche. Or, en se référant à cette grille de lecture qui propose un clivage entre la "droite" et la "gauche", la nature voulait que les socialistes s’unissent avec les communistes et les verts pour former un gouvernement de coalition, fort de leur majorité à l’Assemblée. Mais cela ne se fera pas, et nous pouvons prendre les paris qu’aucun de ses médias si prompts à parler d’"union de la gauche" ne dénoncera la trahison des socialistes.

De l’Allemagne à La Réunion, ce comportement n’est pas sans rappeler celui des socialistes aux régionales de 2010, qui ont préféré faire gagner l’UMP plutôt que l’Alliance, alors que l’Alliance est la force de progrès.

Demain, nous verrons que plus de 20 ans après la chute du Mur de Berlin, il existe toujours deux Allemagnes.

M.M.


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