Comores

Arrestations de responsables politiques à Anjouan

Des atteintes aux droits humains

5 mars 2003

Sous le titre, ’la dictature à nouveau revenue aux Comores’, la Fondation comorienne des droits de l’Homme basée à Mutsamudu a diffusé lundi un communiqué que nous reproduisons ci-après. Il fait état de plusieurs violations des droits humains dans l’île d’Anjouan.

« La Fondation Comorienne des Droits de l’Homme (FCDH) depuis qu’elle a vu le jour, s’est déjà confrontée à des violations des droits de l’Homme préoccupantes visant à l’instauration pure et simple de la dictature dans l’ensemble de l’Archipel des Comores. Laquelle pourrait mettre en cause le processus de démocratisation en cours risquant ainsi d’hypothéquer l’avenir du pays tant sur le plan économique, politique que social. En effet, vers la fin du mois de février 2003, l’on a enregistré de nombreuses arrestations à Moroni à l’encontre de certains ministres du gouvernement de l’Île autonome de la Grande Comore ainsi que des gendarmes, même si certains d’entre eux sont actuellement libérés. Au niveau d’Anjouan où siège la FCDH, l’on constate la situation suivante :

  1. Après la grève déclenchée par les magistrats le lundi 17 février 2003, le gouvernement de l’Île autonome d’Anjouan s’est permis de dissoudre arbitrairement l’institution judiciaire en mettant tous les magistrats en chômage technique sans solde, acte antidémocratique et anticonstitutionnel bafouant ainsi les principes de l’État de droit et des libertés démocratiques. Face à cette situation inédite, la FCDH a initié une médiation en cours entre les magistrats et le gouvernement de l’Île autonome d’Anjouan. Ce lundi 3 mars grâce à cette médiation les magistrats sont reçus par le président de l’Île autonome d’Anjouan. Mais rien n’est pour l’instant concret.
  2. Pendant que la machine de la médiation est en cours une vague d’arrestations est opérée depuis vendredi vers 2 heures du matin, heure à laquelle le nommé Soidri Houmadi, agent de douane est arrêté manu militari à son domicile à Ouani et détenu dans une prison non officielle. Le samedi 1er mars à 10 heures, Chocola Allaoui Salim nouvellement nommé secrétaire général à la Défense auprès du gouvernement de l’Union des Comores est arrêté à son tour avec son compagnon, Mouayad Salim Cheikh, et détenus dans les mêmes conditions que le précédent. À 11 heures, Camar Abdallah, ancien député, a été également arrêté mais libéré en fin d’après midi. À 19 heures 30, pendant qu’il se préparait à dormir, Antoy Abdou, président du parti RDD, un des candidats rivaux du président de l’Île autonome d’Anjouan, a été enlevé par la Force de l’Île à Bimbini, son village natal. Il est détenu dans un camp militaire appelé communément "Pentagone", un camp ayant une image horrible pour tout détenu d’opinion.

Ce que l’on peut constater pour l’instant, ces arrestations n’obéissent à aucune procédure légale en matière de d’arrestation et détention. Les concernés seraient accusés d’acte de subversion. Face à cette situation répressive, la FCDH a entamé des démarches pour visiter les détenus et rencontrer les Autorités mais en vain. Partant de ce constat d’une dictature naissante aux Comores, nous demandons à la communauté internationale de faire pression aux autorités comoriennes d’une manière générale à respecter les principes fondamentaux des droits de l’Homme et de l’État de droit d’une part, et à faire preuve de civisme pour la mise en place effective des institutions prévues dans les constitutions de l’Union des Comores et des Iles autonomes, condition sine qua non pour un développement socio-économique et une stabilité politique durables.


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