Après la mort de plus de 1000 personnes

Arrêt des raids au Yemen

23 avril 2015

L’Arabie saoudite a annoncé, le 21 avril, la fin de la première phase, appelée « Tempête décisive » et le début d’une nouvelle, nommée « Restaurer l’espoir ». Cette nouvelle opération se base sur une démarche plus diplomatique que militaire, car centrée « sur la sécurité, le contre-terrorisme et la recherche d’une solution politique ».

Le porte-parole de la coalition, initiée par l’Arabie saoudite, le général Ahmed Asseri, a prévenu que celle-ci « continuera à empêcher les miliciens de se déplacer ou d’entreprendre des opérations à l’intérieur du Yémen », laissant entendre que des raids aériens pourraient continuer à être menées. En effet, des raids de la coalition ont eu lieu contre les miliciens chiites houthistes au Yémen, quelques heures après l’annonce du général saoudien.

Changement de tactique

« Après la phase purement militaire, on entre dans une phase politico-militaire », a expliqué diplomate occidental en poste à Riyad, au quotidien « Le Monde ». Pour le ministère saoudien de la défense, les frappes de la coalition sont parvenues « à éliminer les menaces pesant sur la sécurité de l’Arabie saoudite et des pays voisins ».

Le président yéménite Abd Rabo Mansour Hadi, exilé à Riyad, a promis « la victoire (…) Nous allons bientôt retourner dans notre patrie, à Aden [sud] et à Sanaa [la capitale] ». Considéré comme une victoire pour les anti-houthis, le quotidien « Al-Sharq Al-Awsat », propriété de la famille du roi saoudien Salman, a mit en avant la destruction des rampes de lancement de missiles balistiques et des armes lourdes saisies dans les dépôts de l’armée.

Autre symbole de leur victoire, le ralliement du général Abderrahman Al-Halili, chef de la région orientale commandant 25 000 hommes, au président Abd Rabo Mansour Hadi. Autre signe pour l’Arabie saoudite d’une avancée majeure contre les Houthis, le soutien que le Congrès Populaire général, parti de l’ex-président Ali Abdallah Saleh, a accordé à la résolution 2216, adoptée le 14 avril par le Conseil de sécurité de l’ONU, sommant les houthistes de se retirer des territoires conquis ces derniers mois.

Le revers de la coalition s’explique pour certains observateurs par la crise humanitaire. En effet, depuis le début du conflit armé, le 19 mars, près de 1.000 personnes ont perdu la vie et 3.487 autres ont été blessées, selon un bilan publié mardi par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Les victimes sont principalement des civils, et le bilan réel devrait être plus élevé, car de nombreux corps ne sont pas transférés dans les centres médicaux, a indiqué l’OMS. Les populations manquent d’eau, de nourriture, de médicaments et d’électricité. Raison pour laquelle, l’Arabie saoudite va modérer son intervention terrestre, qui pourrait aggraver la situation.

Des raids continuent dans le Sud

Du côté iranien, Marzieh Afkham, la porte-parole de la diplomatie, a estimé que « la mise en place d’un cessez-le-feu et l’arrêt des tueries contre une population innocente et sans défense est un pas en avant », d’après l’agence officielle IRNA. A Téhéran, le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, a évoqué la nécessité d’envoyer rapidement une aide humanitaire au yéménites.

Malgré l’annonce de la fin des raids par la coalition, les milices du Sud du Yémen continuent la lutte anti-Houthis. Dans un communiqué de presse, les combattants du Sud ont assuré que « les combats ne cesseront pas sur ce front tant que l’ensemble du Sud n’aura pas été libéré des Houthis et des partisans de (l’ancien président Ali Abdallah) Saleh ».

Le mouvement de résistance du Sud-Yémen regroupe des civils, d’anciens officiers de l’armée et des membres du mouvement séparatiste du Sud (Herak), tous opposés aux miliciens houthis qui combattent aux côtés de soldats fidèles à l’ancien président Ali Abdallah Saleh.

De leur côté, les miliciens houthis ont pris le contrôle de la base d’une brigade militaire à Taëz, dans le centre du pays, après de violents combats, ont rapporté des habitants et un responsable yéménite à l’agence de presse, Reuters.

En dépit de ces raids, l’Iran a affirmé mercredi 22 avril avoir entamé des consultations régionales « dès les premières heures » des frappes au Yémen pour tenter de négocier la fin « inévitable » de ces opérations aériennes annoncées par la coalition arabe. La porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Marzieh Afkham, a ajouté que son pays « a commencé ses propres mouvements politiques, ses consultations bilatérales et multilatérales avec des pays de la région au niveau diplomatique ».

SaiLin

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