L’Azerbaïdjan demande à Paris de s’excuser des propos tenus par Gérald Darmanin

Crise diplomatique à 3 mois des Jeux olympiques de Paris ?

18 mai 2024, par Manuel Marchal

Sur France 2 jeudi, le ministre de l’Intérieur a évoqué des ingérences étrangères en Kanaky Nouvelle-Calédonie citant l’Azerbaïdjan. L’Azerbaïdjan a demandé hier des excuses à Paris. Par ses propos, Gérald Darmanin a encore accentué le caractère international de la crise en Kanaky Nouvelle-Calédonie. Paris prendra-t-il le risque d’une crise diplomatique à quelques semaines des JO Paris 2024 ou va-t-il s’excuser ?

Le 16 mai, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur a déclaré sur France 2 ceci : « Sur l’Azerbaïdjan, ce n’est pas un fantasme, c’est une réalité » disant regretter qu’« une partie des indépendantistes calédoniens aient fait un deal avec l’Azerbaïdjan ».
La réponse du ministère des Affaires étrangères ne s’est pas fait attendre, le jour même : « Nous rejetons totalement les accusations infondées du ministre français Nous démentons tout lien entre les leaders de la lutte pour la liberté calédonienne et l’Azerbaïdjan »
Le lendemain 17 mai, le ministère des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan a indiqué que « La France devrait s’excuser » : « Les opinions exprimées par la France contre l’Azerbaïdjan sont totalement inacceptables et nous les rejetons fermement. Contrairement à la France, où les droits de l’homme sont gravement violés, des manifestants sont tués lors d’émeutes, les cas d’islamophobie et d’attaques contre les musulmans, ainsi que l’antisémitisme sont répandus, les droits et libertés fondamentaux sont pleinement garantis en Azerbaïdjan ».

Le Groupe d’initiative de Bakou

Pourquoi un ministre français a-t-il décidé de prendre le risque d’une crise diplomatique avec l’Azerbaïdjan ?
Ce qui déplaît à Paris, c’est la tenue à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan, en juillet 2023 d’une rencontre de partis indépendantistes de Kanaky Nouvelle-Calédonie, de Polynésie, de Guyane, de Guadeloupe, de Martinique et de Corse. Ils ont fondé le Groupe d’initiative de Bakou. Ces partis sont :
- Kanaky Nouvelle-Calédonie : FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste) ; MJKF : (Mouvement des Jeunes Kanak en France)
- Polynésie : Tavini Huiraatira
- Guyane : MDLS (Mouvement pour la Décolonisation et la Libération Sociale)
- Martinique : PALIMA (Parti pour la Libération de la Martinique)
- Guadeloupe : ANG (Alyans Nasyonal Gwadloup) ; CIPPA (Comité d’Initiative de Projets Alternatifs) ; FKNG (Fòs pou konstwi nasyon Gwadloup) ; KSG (Kolèktif pou sove Gwadloup) ; MIR (Mouvement international pour les réparations) ; UPLG (Union Populaire pour la Libération de la Guadeloupe) ; CIPN (Comité International des Peuples Noirs)
- Corse : Nazione
Et ce qui déplaît sans doute encore plus à Paris, c’est que le Groupe d’initiative de Bakou veut que les États membres de l’ONU saisissent le Conseil de sécurité de l’ONU afin que cette instance condamne la politique de Paris en Kanaky Nouvelle-Calédonie, jugée comme un obstacle à la décolonisation du pays. C’est ce qu’indique un communiqué publié le 16 mai par l’Agence nationale de presse d’Azerbaïdjan.
L’Accord de Nouméa était un cadre accepté par tous. Mais avec son projet de loi qui risque de rendre les Kanaks minoritaires dans le corps électoral désignant le gouvernement de leur pays et votant aux consultations sur l’évolution statutaire, Paris a trahi l’Accord de Nouméa. Ailleurs dans le monde, des voix s’élèvent de plus en plus pour déplorer l’attitude de Paris et appeler au respect du droit à l’autodétermination en Kanaky Nouvelle-Calédonie.
A moins de 3 mois des JO Paris 2024, le gouvernement est-il prêt à risquer une crise diplomatique ? Paris excusera-t-il les propos d’un de ses ministres à l’égard d’un État souverain ?

M.M.

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