Nouvelle-Calédonie : les indépendantistes nomment leur leader
Détenu en France, Christian Tein est désigné président du FLNKS
2 septembre
Le porte-parole de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), soupçonné par Paris d’avoir orchestré les troubles en Nouvelle-Calédonie, est en prison à Mulhouse depuis le 23 juin.
Le leader kanak, Christian Tein, détenu en France après les violences déclenchées par la réforme du corps électoral en Nouvelle-Calédonie, a été désigné le 31 août président de l’alliance indépendantiste du FLNKS, a indiqué une responsable, après un congrès auquel deux composantes du Front ont refusé de participer.
Le porte-parole de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) est soupçonné par Paris d’avoir orchestré les troubles en Nouvelle-Calédonie, est à l’isolement à la prison de Mulhouse-Lutterbach (Haut-Rhin) depuis le 23 juin.
En nommant Christian Tein, le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) acte la reconnaissance de la CCAT en tant qu’outil de mobilisation du Front et plus seulement de l’Union calédonienne (principal parti indépendantiste, composante du FLNKS), a expliqué Laurie Humuni, secrétaire générale du Rassemblement démocratique océanien (RDO), également membre du FLNKS et actuellement à l’animation de son bureau politique.
La désignation du leader kanak s’est faite en l’absence des deux autres composantes du FLNKS : le Parti de libération kanak (Palika) et l’Union progressiste mélanésienne (UPM). Des divisions internes et des dissensions sur le rôle de la CCAT ont entravé la nomination d’un nouveau leader.
Le Palika et l’UPM avaient annoncé leur refus de participer au 43ème congrès du Front les 30 et 31 août à Koumac. Tous les deux avaient également prévenu qu’ils ne reconnaîtraient pas les motions politiques issues de la réunion.
La Nouvelle-Calédonie est plongée dans une profonde crise économique, politique et sociale depuis plusieurs années, ce qui s’est exacerbée lors de la réforme d’élargissement du corps électoral calédonien. Votée à Paris, cette réforme est accusée par les indépendantistes de réduire le poids politique des autochtones kanak. Les émeutes qui s’en sont suivies à partir du 13 mai ont fait 11 morts.
Christian Tein est aujourd’hui un « prisonnier politique » mis en examen notamment pour complicité de tentative de meurtre et association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime.
Pour les autorités, la CCAT a fomenté les troubles, ce dont le mouvement se défend. "La reconnaissance de la CCAT par le FLNKS doit permettre de mieux coordonner les actions de ses différents relais, alors qu’elle agissait jusqu’à présent de manière autonome", a précisé Laurie Humuni.
"Nous devons lever certains blocages pour permettre à la population d’avoir accès aux services essentiels, mais cela ne signifie pas que nous abandonnons notre lutte", a-t-elle cependant dit à l’AFP, car l’archipel est toujours partiellement paralysé par des barrages.
Le Front a fait part de sa volonté de renouer le dialogue, mais uniquement avec l’État, excluant le camp non indépendantiste.