Un projet de Paris de changer le corps électoral de Kanaky Nouvelle-Calédonie ne passe pas

FLNKS : Appel a la mobilisation « contre la stratégie de recolonisation de l’État français »

2 avril, par Manuel Marchal

Paris veut changer le corps électoral autorisé à voter pour les élections concernant directement la Kanaky Nouvelle-Calédonie : provinciales et consultations pour le retour à l’indépendance. Ce projet suscite des inquiétudes, car la présence d’immigrés dans ce corps électoral fut un geste de paix du peuple premier pour mettre fin au risque de guerre civile. Le projet de Paris a ranimé la tension en Kanaky Nouvelle-Calédonie, car le risque est de voir la proportion d’immigrés opposés à l’indépendance augmenter dans ce corps électoral. Le FLNKS appelle à l’action aujourd’hui.

Pour Paris, la Kanaky Nouvelle Calédonie fait partie de l’Axe indo-pacifique destiné à retarder le retour de la Chine au rang de première puissance mondiale. Les Kanaks, le peuple premier, ont survécu à la colonisation et sont majoritairement pour le retour à l’indépendance. Cela contrarie l’ambition de Paris.

A la suite des maladies importées par les Européens, et à cause d’une immigration favorisée par Paris, les Kanaks sont devenus minoritaires dans leur pays. Pour Paris, c’était la garantie de maintenir son administration dans ce pays. Paris a dû reculer. Un accord fut trouvé sur le droit de vote aux élections décisives pour le pays. Dans un esprit de paix, le peuple premier a accepté que des immigrés puissent voter à des scrutins concernant directement le pays : élections provinciales et consultations sur l’évolution statutaire de la Kanaky Nouvelle-Calédonie. La règle actuelle impose des conditions drastiques en termes de durée de résidence pour les immigrés souhaitant voter aux provinciales et aux consultations sur le retour à l’indépendance.

Paris veut changer les règles définissant ce corps électoral calédonien qui préfigure la future nationalité de ce pays quand il recouvrira l’indépendance.
Paris veut changer la Constitution pour diminuer à 10 ans la durée minimale de résidence permettant de participer à ces scrutins. En conséquence, la part du peuple premier dans ce corps électoral diminuera.
Cette question fait la « une » de l’actualité politique en Kanaky Nouvelle-Calédonie depuis plus d’une semaine. Dans un communiqué publié hier, le FLNKS appelle à une grande mobilisation ce 2 avril de la population pour le respect de l’Accord de Nouméa.

« Face à la tentative du gouvernement français de sortir unilatéralement de l’Accord de Nouméa par le dépôt et l’examen du projet de loi constitutionnel sur le dégel du corps électoral. Et afin de défendre les acquis de l’Accord de Nouméa, la poursuite du processus de décolonisation et d’émancipation du pays nous menant à la pleine souveraineté et à l’indépendance.
Le Bureau Politique du FLNKS appelle l’ensemble des citoyens de ce pays à se mobiliser activement et dans tous les espaces pour protester contre la stratégie de recolonisation de l’État français.
Le FLNKS rappelle que c’est l’impartialité de l’État et le consensus qui avaient permis de ramener la paix dans ce pays en 1988 avec la signature des Accords de Matignon-Oudinot et lors des discussions de l’Accord de Nouméa. Par son comportement, le gouvernement français joue avec le feu et menace une paix si durement acquise.
A ce titre, le Bureau politique du FLNKS appelle l’ensemble des citoyens du pays à se joindre à la mobilisation qui est prévue le mardi 2 Avril 2024 à partir de 07h00 à Montravel ou une marche pacifique est organisée jusqu’au Mwaka. »

M.M.

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