Comprendre la situation politique internationale
II) Les peuples unis ne seront jamais vaincus
19 septembre, par
La conférence de Salim Lamrani, spécialiste de Cuba-Etats-Unis, a eu lieu dimanche 15 septembre. Trois jours avant, jeudi 12 septembre, Cuba a déposé une nouvelle demande auprès de l’ONU pour la levée du blocus économique, commercial et financier imposé par les Etats-Unis à son peuple. Ce sera la 32e fois.
Que feront, cette fois-ci, les dirigeants américains au pouvoir (ce sont des démocrates, paraît-il) ?
187 pour. 2 contre.
L’an dernier, sur 193 pays membres de l’ONU, 187 ont voté pour la levée du blocus. Dans sa couverture de l’Assemblée Générale, "press.un.org" du 2 novembre 2023 écrit :
« Comme à son habitude, l’Assemblée générale exprime dans ce texte ses préoccupations par le fait que des États Membres continuent d’adopter et d’appliquer des lois et règlements, tels que la loi américaine « Helms-Burton » de 1996, dont les effets extraterritoriaux portent atteinte à la souveraineté d’autres États et aux intérêts légitimes d’entités ou de personnes relevant de leur juridiction ainsi qu’à la liberté du commerce et de la navigation ».
Dit autrement, les Etats-Unis sont hors la loi et la communauté internationale lui intime l’ordre d’y mettre fin. Pour sa défense, le représentant des Etats-Unis déclare que : « Nous sommes résolument du côté du peuple cubain. Les sanctions sont des instruments mis en place afin d’amener Cuba sur la voie de la démocratie et des libertés fondamentales. » Ils manipulent les mots et récusent le choix des peuples souverains.
Dans cette vision d’un monde uniforme, ils ont le soutien d’un seul pays, Israël. Un tel niveau d’isolement déconstruit le mythe du « monde libre » que ses dirigeants veulent incarner. Il est symptomatique de constater que le 11 août 2021, soit 4 jours avant les événements de Kaboul, Biden lance un « sommet pour la démocratie » qui a fini en eau de boudin. Le fossé entre la parole (démocratie) et les actes (réactionnaires) s’est accentué avec le soutien inconditionnel de l’armée américaine à Israël dans la destruction du peuple Palestinien à Gaza. Gageons que ces 2 spécimens du « monde libre et de la démocratie » ne puissent pas entraîner d’autres pays dans la tyrannie et l’horreur !
De nouvelles formes de gouvernance.
Heureusement de nouvelles formes de gouvernance sont en expérimentation. Elles sont respectueuses du choix fait par chaque peuple souverain. Malgré les difficultés du moment, elles proposent la coopération et non la confrontation, la concurrence et non la compétition, le gagnant-gagnant pour tous.
Citons 3 exemples.
1-Le RCEP (Regional Coopération Economique Partnership) est entré en vigueur le 1er janvier 2022. Il compte 15 pays. Les 10 de l’ASEAN : l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la Thaïlande, le Brunei, le Viêt Nam, le Laos, le Cambodge et le Myanmar/la Birmanie, ainsi que les 5 suivants : la Chine, l’Australie, la Corée du Sud, le Japon et la Nouvelle Zélande. Le RCEP est la plus importante zone de libre échange au monde (30% du PIB mondial et 30% de la population globale). De ce fait, c’est elle qui fixe désormais les nouveaux standards et les nouvelles normes. Exit les Etats-Unis. Ce résultat est un succès des pays de l’ASEAN qui ont convenu d’utiliser leur monnaie nationale pour des transactions entre eux. Exit le dollar américain. Pour faire face à la situation politique intérieure américaine, la Fed a augmenté le taux directeur du dollar de 0,25% à 5,25%, de 2022 à 2024 ! Plus de 2000 % d’augmentation, en 36 mois ! Les pays asiatiques qui ont une politique saine n’acceptent plus de subir la dictature du champion du « monde libre et démocrate ». C’est du simple bon sens.
2- L’OCS (Organisation de Coopération de Shanghai) composée de la Chine, la Russie, l’Inde, Kazakhstan, le Kirghizstan, l’Ouzbékistan, le Pakistan, le Tadjikistan, l’Iran et le Bellarus. Cette organisation repose sur « l’esprit de shanghai » qui vise à assurer la sécurité collective des pays membres, face aux menaces du terrorisme, de l’extrémisme et du séparatisme. Au dernier sommet, ils ont décidé de discuter avec l’Afghanistan qui est frontalier avec tous ces pays, sauf le Bellarus. Quant aux Etats-Unis, ils ont préféré geler les avoirs de la Banque afghane qui se montent à 10 milliards. C’est ainsi que fonctionne le champion autoproclamé du « monde libre et de la démocratie ».
3- Les BRICS. Cette institution comprend les pays suivants : Brésil, Russie, Inde, Chine et Sud-Afrique, Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, Ethiopie, Egypte. Au sommet de Kazan, en Russie, du 20 au 24 octobre prochain, près d’une trentaine de pays veulent y adhérer. Pas de doute, l’initiative fédère naturellement. La vieille peau de l’Occident collectif agit comme un repoussoir. Le PIB des BRICS a déjà dépassé celui du G7.
Conclusions :
Bien sûr, les Etats-Unis et ses alliés disposent encore de positions dominantes pour longtemps mais la tendance est au changement sous la pression des réalités. De 2014 à 2024, le PIB de la Chine est passé de 17 632 à 35 291 tandis que le PIB des Etats-Unis est passé de 17 416 à 28 781. Si, comme dit Bruno Guigue, en 2014, le PIB chinois leur donnait de la grattelle, imaginez en ce moment les insomnies du « monde libre et démocrate » quand la Chine double son PIB sur 10 ans ! Dans l’échange avec Salim Lamrani, j’ai apprécié la remarque : à Cuba, le grand voisin vit mal d’avoir été défait par un peuple de coupeurs de cannes.
(Je vous donne rendez-vous, le 15 octobre, pour la 3e édition de « Comprendre la situation politique internationale ». D’ici-là, portez-vous bien.)
Ary YEE-CHONG-TCHI-KAN