Violences en marge d’une manifestation contre le projet du gouvernement de réforme du corps électoral spécifique au pays, vote du texte hier à l’Assemblée nationale

Kanaky Nouvelle-Calédonie : les indépendantistes appellent au calme, Paris continue le passage en force

15 mai, par Manuel Marchal

Réagissant aux violences en marge d’une marche organisée par des indépendantistes à Nouméa la capitale, des responsables de partis revendiquant le retour de la Kanaky Nouvelle-Calédonie à l’indépendance ont donné leur position dans plusieurs médias. Ils déplorent le passage en force du gouvernement pour changer le corps électoral calédonien qui aura pour effet d’être au détriment de la représentativité du peuple autochtone kanak, ainsi que les violences.
Rappelons que ce 13 mai, le Congrès de Kanaky Nouvelle-Calédonie a voté une résolution demandant le retrait du projet de loi constitutionnelle. Mais Paris a maintenu le calendrier, avec le vote hier de ce projet par l’Assemblée nationale dans un hémicycle clairsemé.

Ce 13 mai, un collectif organisait une marche à Nouméa, capitale de la Kanaly Nouvelle-Calédonie pour protester contre le projet du gouvernement refusé par les institutions du pays. Ce 13 mai, le Congrès de Kanaky Nouvelle-Calédonie a voté une résolution demandant le retrait du projet de loi constitutionnelle.
En Kanaky Nouvelle-Calédonie, un corps électoral spécifique existe pour voter aux scrutins qui concernent directement l’avenir du pays : élections provinciales et référendum sur le retour à l’indépendance du pays. Ce corps électoral spécifique vise à contrebalancer la politique lancée précédemment par Paris pour rendre les Kanaks minoritaires dans leur pays, alors qu’ils sont le peuple autochtone. Le résultat a été atteint.
Les Kanaks ont fait une immense concession. Ils ont accepté que ce corps électoral soit élargi aux descendants des immigrés venus contre leur gré comme condamnés aux travaux forcés, ainsi qu’à ceux présents de longue date (au moins depuis 10 ans en 1998) et leurs enfants avec le pays. Une citoyenneté calédonienne a donc été créée.
Acté dans la Constitution, ce corps électoral spécifique à la Kanaky Nouvelle-Calédonie a contribué à ramener la paix dans le pays après les drames survenus entre 1984 et 1988.
Mais cette paix est menacée par la volonté de Paris d’assouplir les conditions pour figurer dans ce corps électoral. Une simple durée de résidence de 10 ans est demandée pour les non-natifs. Cela aura pour conséquence de minorer la part des Kanaks.
Le gouvernement ne tient pas compte des protestations, et maintient le calendrier, avec le vote ce 14 mai du projet de loi constitutionnelle à l’Assemblée nationale.

« Quand un peuple est adossé à un mur… »

En réponse à ce passage en force, les indépendantistes se mobilisent. Une manifestation organisée ce 13 mai dans la capitale par la Cellule de coordination des actions sur le terrain (CCAT). En marge, des violences eurent lieu. Ce fut une première depuis le retour de la paix en 1988.
Christian Tein, un responsable de la CCAT, regrette les violences et appelle au calme, il demande « à l’ensemble des jeunes de lever le pied », a-t-il déclaré hier sur les ondes de Radio Djiido. Il apporta des explications : « tu ne peux pas empêcher à un moment donné ces déferlements, parce que les gens ont suivi depuis six mois les rapports de force et les discours haineux », faisant référence aux propos de chefs de la mouvance anti-indépendantiste, et déplorant l’attitude du gouvernement. Il mit aussi l’accent sur la situation sociale :
« Les difficultés à ce que le pain puisse arriver sur la table… Tous les jours, se pose cette question. Il y en a d’autres qui ne se la posent jamais. Quand un peuple est adossé à un mur comme ça, il ne peut que réagir et malheureusement, au prix des difficultés que les uns et les autres vont traverser, des familles, parce qu’elles ont investi dans un certain nombre de moyens. On est désolés pour ce qui arrive. Mais il faut bien dire que la situation, aujourd’hui, beaucoup de gens l’ont contrainte, à amener le peuple kanak contre le mur. » Ceci justifie le maintien de la mobilisation.

« Lever le pied »

Interrogé hier par « la 1ère », Pierre-Chanel Tutugoro, le président du groupe UC-FLNKS au Congrès, a déclaré : « On vit une situation que notre génération a déjà vécue. (…) Tout ce qui n’est pas encadré par une organisation, que ce soit la CCAT ou autre, il faut forcément les condamner. On demande à tout le monde de lever le pied. À ceux qui seraient tentés de mener des actions individuelles, qui risquent de perturber l’économie, qui est déjà en souffrance, je leur dis de rentrer tranquillement à la maison. On a passé une étape, d’autres sont à venir à Paris et les discussions au niveau institutionnel sont en cours. ».

« Aujourd’hui, il n’y a pas eu mort d’homme. La situation n’est pas perdue »

Pour sa part dans le même média, Jean-Pierre Djaïwé, dirigeant du groupe UNI a fait part de son point de vue : « On n’est pas satisfaits de ce qui s’est passé. À partir du moment où le débat n’est plus autour des institutions et des élus, mais arrive dans la rue, ça devient compliqué. Il faut des mots d’ordre clairs pour que les actions sur le terrain, parfois nécessaires, soient suffisamment contrôlées et ne deviennent pas n’importe quoi. (…) La Nouvelle-Calédonie a connu par le passé des moments sombres. Il y a quarante ans, des hommes ont été tués dans la vallée de Tiendanite et Jean-Marie Tjibaou, alors président du FLNKS, n’a pas dit “vengeance”, il a dit « il faut lever le pied pour qu’on discute » et le résultat de ces discussions, c’est la paix que nous avons connue durant ces trente dernières années. Aujourd’hui, il n’y a pas eu mort d’homme. La situation n’est pas perdue. »

Passage en force de Paris

Mais Paris poursuit le passage en force. Le gouvernement a maintenu le vote ce 14 mai par les députés du projet de loi constitutionnelle minorant la part des Kanaks dans le corps électoral votant aux élections provinciales et au référendum pour le retour à l’indépendance. Le débat parlementaire eut lieu dans la soirée devant un hémicycle clairsemé.
Une manifestation des indépendantistes était prévue hier pendant ce débat devant le siège de l’Assemblée nationale.

M.M.

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  • A moins que ce soit volontaire, je remarque que personne sait que parmi la population, environ 10% ; soit 25 000 calédoniens, sont d’origine réunionnaise. Ce sont eux, en arrivant qui ont introduit là bas, sur ce TOM, qui est à la même latitude que la Réunion, les letchis, le flamboyant, le café, et le sucre entres autres variétés de mangues inconnues jusqu’alors. Cette histoire de referendums, trois en tout, on a posé à chaque fois la même question pour l’avenir du "caillou" calédonien, m’interpelle, comme le faible tau de participation pour le dernier, le 3° donc. Les mélanésiens, jadis on disait indigènes, du temps des colonies, qui sont des kanaks ont le droit à la parole, là bas, on emploie souvent les expressions "destin commun" ou "vivre ensemble", "accord de Nouméa" (de 1998). Les différentes communautés sont obligées de se supporter, de partager, de construire l’avenir, même si le passé n’a pas été simple, depuis le débarquement de 1853, la confiscation des (bonnes) terre au profit des colons, puis le débarquement forcé de prisonniers, la construction de bagnes dont certains ont laissé des traces de leur passage, comme Louise Michel, institutrice anarchiste suite au massacre durant la Commune, prisonniers appelés caldoches à qui des terres furent offertes pour rester là bas, devenus propriétaires terriens. Apparemment, l’exploitation du nickel (sans oublier aussi d’autres métaux tels que le cobalt, bien plus cher) ne semble pas entraîner la richesse du territoire, malgré les fortes demandes actuelles, que ce soit pour les batteries, l’électronique pour nos futurs véhicules électriques, les serveurs informatiques, en association avec les fameuses "terres rares" qui elles proviennent en majorité de Chine. Bref, vive le retour au dialogue, à la sérénité, car cela rappelle de mauvais souvenirs, l’époque trouble des "évènements" comme on dit là bas ; Là bas où o, nomme les réunionnais d’origine les "Bourbonnais", comme par hasard. Pour la petite histoire, même si cela n’a rien à voir, sachez aussi que l’équivalent du CFR a existé en Nouvelle-Calédonie-Kanaky, de nouveau, comme souvent à l’époque, il s’agissait d’un petit réseau de chemin de fer à voie métrique encore une fois.
    NB ; pour les retardataires, intéressés, ne pas oublier d’aller visiter la belle exposition (gratuite, elle ferme à 16H) consacrée au CFR, aux archives Sudel Fuma de Champ Fleuri, tout prêt du Théâtre du même nom. Bonne visite, avec les gramounes s’ils peuvent, cela leur fera plaisir de revoir le "tan lontan" sous leurs yeux, instructif surtout pour l’avenir, le retour du train réunionnais, un TER cette fois-ci, croisons les doigts, osons le remettre sur les rails. Arthur. Nous sommes en train de vivre l’Histoire locale et calédonienne. Arthur.
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