La PRNGO condamne l’attitude de Paris dans le blocage du processus de décolonisation de la Kanaky Nouvelle-Calédonie

L’Alliance des Organisations Régionales Non-Gouvernementales du Pacifique solidaire du peuple kanak

15 mai

L’Alliance des Organisations Régionales Non-Gouvernementales du Pacifique a publié ce 30 avril un communiqué rappelant la justification du corps électoral actuel spécifique à la Kanaky Nouvelle-Calédonie pour voter aux élections. Ce communiqué dresse également la liste des causes qui replongent le pays dans une crise sans précédent depuis la période 1984-1988. Paris n’est pas épargné. Le titre du communiqué est sans équivoque : « La France sabote le processus de décolonisation de la Nouvelle-Calédonie de Kanaky sous la direction de Macron ».

« L’Alliance des Organisations Régionales Non-Gouvernementales du Pacifique (PRNGO) réaffirme sa solidarité avec le peuple autochtone de Kanaky Nouvelle-Calédonie pour dénoncer les efforts actuels du gouvernement français visant à nier leur droit à l’autodétermination et à faire dérailler un processus de décolonisation laborieusement poursuivi dans ce territoire insulaire du Pacifique au cours des 30 dernières années.
La France, en particulier sous le gouvernement Macron, en tant que puissance coloniale administrant ce processus de décolonisation sanctionné par l’Organisation des Nations Unies (ONU), a montré à plusieurs reprises qu’elle ne pouvait pas rester une partie neutre aux Accords de Nouméa (1998) conçus spécifiquement pour rendre la souveraineté au peuple de la Kanaky Nouvelle-Calédonie et mettre fin à la domination coloniale française. Ces derniers mois, le gouvernement Macron a fait passer en force des propositions d’amendements constitutionnels, visant à modifier les règles d’éligibilité pour les élections locales sur le territoire français. Ces dispositions relatives à l’éligibilité ont été préservées et protégées par les Accords en tant que garantie pour le peuple autochtone contre les changements démographiques qui pourraient faire d’eux une minorité sur leur propre terre et leur barrer la route vers la liberté.
Les amendements électoraux ont déjà été adoptés par le Sénat français au début du mois d’avril et seront votés au Parlement le 13 mai 2024 (14 mai — NDLR).
Le gouvernement Macron a, dans une démarche parallèle, également réussi à reporter les élections locales, initialement prévues pour la mi-mai, à la mi-décembre au plus tard, afin de permettre le vote selon de nouvelles dispositions qui favoriseraient les partis pro-français.

En 2021, le président Macron a unilatéralement demandé que le troisième référendum sur l’indépendance se tienne en décembre 2021, dans le tumulte d’une épidémie de COVID19 qui a fortement affecté la capacité des communautés indigènes à s’organiser et à participer. Seuls 43,87 % des 184 364 électeurs inscrits ont exercé leur droit de vote.
Les réserves expresses et les demandes de report à une date ultérieure formulées par les dirigeants et les représentants kanaks ont été ignorées, ce qui a jeté un doute sérieux sur la réalité de la représentation et de la participation.
En conséquence, une mission du Forum des îles du Pacifique envoyée pour observer les procédures a conclu dans son rapport que « le référendum d’autodétermination qui a eu lieu le 12 décembre 2021 s’est déroulé sans la participation de l’écrasante majorité du peuple autochtone de Nouvelle-Calédonie. Le résultat du référendum est une représentation inexacte de la volonté des électeurs inscrits. »

Dans toutes ces actions, le gouvernement français n’a absolument pas souhaité respecter les accords de Nouméa ni accorder au peuple de Kanaky ses droits les plus fondamentaux, notamment celui d’être libre.

Au contraire, les alliés de Macron et les voix pro-françaises affirment que ces initiatives du gouvernement français sont en fait plus conformes aux principes démocratiques et à l’État de droit. Ces dernières semaines, les aspirations du peuple kanak à l’autodétermination ont été qualifiées à tort d’ethno-nationalistes, proches de l’extrême droite, et de racistes.

Si le vote du 13 mai 2024 (14 mai — NDLR) en faveur de la suppression des restrictions aux listes électorales aboutit, il sera considéré comme un geste direct d’un colonisateur pour maintenir le statu quo du colonialisme et une attaque directe contre le principe du droit à l’autodétermination inscrit dans la Charte des Nations Unies et sa Déclaration sur les Droits des Peuples Autochtones. Le mal du colonialisme peut continuer sans contrôle de cette manière, et en ce 21e siècle, c’est non seulement une insulte à la région du Pacifique, mais aussi au système international. Le Pacifique ne se laisse pas distraire par les fausses narratives françaises. Les Kanak, en tant que peuple, sont les habitants légitimes de ce qui est aujourd’hui la Nouvelle-Calédonie, toujours sous la domination coloniale française.

Nous rappelons au président français, Emmanuel Macron, et au gouvernement français que la décolonisation de ses territoires est une obligation en vertu des normes juridiques internationales et qu’il s’agit de la responsabilité de la France envers la Nouvelle-Calédonie Kanaky en vertu des Accords de Nouméa.

Le destin du peuple kanak et de la Nouvelle-Calédonie ne doit pas être décidé en Europe, c’est un peuple du Pacifique qui réclame légitimement sa liberté. »

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